La présentation du Manifeste de l'indépendance, dont le peuple marocain commémore ce jeudi le 80è anniversaire, constitue une étape déterminante dans l'histoire contemporaine du Royaume et l'une des multiples incarnations de la symbiose qui caractérise les liens entre le glorieux Trône alaouite et le mouvement national. Présenté le 11 janvier 1944, ce document a constitué un tournant décisif dans la lutte visant à affranchir le Royaume du joug du colonialisme, scellant ingénieusement un pacte entre le Roi libérateur, Feu Mohammed V, et les figures de proue du mouvement national. Cet accord, qui illustre la volonté commune du Trône et du peuple d'en finir avec le protectorat pour se lancer dans l'édification d'un Maroc libre et indépendant, a permis d'entamer la phase de revendication publique de l'indépendance et de la souveraineté nationale. En effet, après plusieurs années de résistance militaire et d'actions héroïques visant à préserver l'identité et l'unité de la Nation, le Maroc s'est retrouvé divisé en plusieurs zones, sous protectorat espagnol dans le nord et le sud, et sous protectorat français dans le centre, tandis que la ville de Tanger était considérée comme une zone internationale. Un ensemble d'éléments qui n'a pas manqué de rendre ardue la mission de libération du territoire national. Aux grands maux les grands remèdes. Le Comité d'action marocain, considéré comme l'embryon du Mouvement national, a vu le jour en 1934, annonçant par la même occasion la naissance de la résistance politique. C'est d'ailleurs ce comité qui allait présenter au gouvernement français un plan de réformes en 1934 et 1936. En 1943, Feu SM Mohammed V, Père de la nation et héros de la libération, allait profiter de la tenue de la Conférence d'Anfa, qui réunissait les leaders Alliés durant la deuxième guerre mondiale, pour inscrire la question de l'indépendance du Maroc à l'ordre du jour. Grâce à cette initiative, le défunt Sultan a obtenu l'assurance du président américain Franklin Roosevelt de son soutien au projet d'indépendance du Royaume dès la fin du second conflit mondial. Vint ensuite le 11 janvier 1944, date gravée en lettres d'or dans l'histoire du Maroc, puisqu'elle est synonyme de la signature du manifeste réclamant l'indépendance du Maroc, par 67 nationalistes, dont une femme, en concertation avec le Sultan feu Mohammed V. Ce manifeste, présenté aux autorités coloniales et aux représentations des trois puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne et Ex-Union soviétique), exprimait un message sans équivoque de l'ensemble des Marocains qui voulaient s'émanciper de la domination du protectorat. Les signataires avaient des revendications somme toute légitimes, avec à leur tête la fin du protectorat et l'accès du Royaume à l'indépendance dans son intégrité territoriale sous l'égide de feu SM Mohammed V. C'est donc avec fierté que les Marocains peuvent commémorer la présentation du manifeste de l'indépendance, une épopée glorieuse qui offre aux jeunes aux générations futures l'occasion de méditer à la fois sur les enseignements et sur les sacrifices consentis, tant par le Trône alaouite que par le peuple, pour le recouvrement de l'indépendance. Cette page lumineuse de l'histoire de la lutte nationale, qui contient une des nombreuses leçons de citoyenneté que recèle l'histoire du Maroc, est également l'occasion de rendre un hommage appuyé aux hommes et femmes du mouvement qui se sont investis corps et âme pour l'indépendance du pays et le parachèvement de l'intégrité territoriale nationale.