Nabil El Bousaadi Après s'être emparés, en novembre dernier, du MV Galaxy Leader et de ses 25 membres d'équipage qui, à l'heure actuelle, se trouvent, toujours, au Yémen, les rebelles yéménites houthis ont attaqué, à plusieurs reprises, ces dernières semaines, les navires commerciaux passant par le détroit de Bab Al-Mandab, qui sépare la péninsule arabique de l'Afrique tout en reliant la Méditerranée à l'Océan Indien. Aussi, en jugeant que les «actions inconsidérées des Houthis» constituent «un défi international qui exige une action collective», dans une déclaration qu'il a faite, depuis Manama, la capitale du Bahrein, lors de la visite qu'il avait effectuée la semaine dernière au quartier général de la flotte américaine au Moyen-Orient, le secrétaire d'Etat américain à la Défense, Lloyd Austin, a annoncé, le lancement d'une initiative dite «Operation Prosperity Guardian» (Opération «Gardiens de la Prospérité») et appelé tous les Etats-amis à y participer afin d'augmenter le nombre de troupes maritimes présentes dans la zone. A cette occasion, l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield avait signalé, dans une lettre adressée au Conseil de Sécurité de l'ONU, que les rebelles yéménites Houthis menacent, sans arrêt, «les droits et libertés de navigation, la sécurité maritime internationale et le commerce international» en attaquant, sans relâche, des navires commerciaux transitant légalement par les voies navigables internationales. Mais, bien qu'à l'issue de la discussion qu'ils avaient eu, à huis-clos, lundi dernier, à propos de la menace que représentent les insurgés yéménites, les 15 membres du Conseil n'avaient pris aucune mesure immédiate, l'opération internationale initiée par les Etats-Unis pour sécuriser le trafic maritime en mer Rouge en faisant face aux attaques répétées des Houthis avait, néanmoins, commencé à prendre forme, dès le lendemain, avec la mobilisation de plusieurs navires appartenant à la dizaine de pays participant à l'initiative «Gardien de la prospérité». Ainsi, pour défendre le trafic maritime des attaques des Houthis après, qu'aux dires du porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, ces derniers aient lancé plus de 100 attaques ciblant 10 navires marchands liés à plus de 35 pays, ce sont plus de 20 pays qui, à ce jour, ont rejoint la coalition navale menée par les Etats-Unis afin de faire office de «gendarme routier, patrouillant en Mer Rouge et dans le golfe d'Aden pour répondre aux (appels des) bateaux commerciaux qui passent par cette voie internationale vitale et les aider en cas de besoin». En réponse à cela, Abdel Malek al-Houthi, le chef des insurgés yéménites, a menacé de riposter en cas de frappe américaine contre le Yémen et signalé que les attaques des combattants yéménites ne s'arrêteront que «si Israël cesse ses crimes et que la nourriture, les médicaments et le carburant parviennent à la population assiégée» de la bande de Gaza. Le dirigeant Houthi a, également, déclaré, dans un discours diffusé par la télévision Al-Massirah contrôlée par son mouvement, que «si l'Amérique veut l'escalade ou tente de commettre l'idiotie de prendre (le Yémen) pour cible» le groupe rebelle ne restera pas « les bras croisés » et fera « des unités navales américaines, des intérêts américains et de la marine marchande américaine, la cible de (ses) missiles et de (ses) drones ». Sachant que ce samedi, le Pentagone a annoncé que le Chem Pluto, un navire chimiquier appartenant à une entreprise japonaise mais arborant le pavillon du Libéria, a été touché au large de l'Inde, à près de 370 kilomètres du port indien de Veraval dans le Gujarat, par un «drone d'attaque tiré depuis l'Iran» qui a déclenché un incendie à bord du navire mais n'a pas fait de victimes, et que deux pétroliers et un destroyer américain auraient également été visés par des drones lancés par les rebelles Houthis au Yémen, il semblerait qu'en perturbant fortement le commerce maritime mondial, les insurgés yéménites, soutenus par l'Iran, soient en train de conférer une dimension internationale au conflit en cours entre l'Etat hébreu et le Hamas. Y parviendront-ils et à quelles fins ?