La rumeur gonfle de plus en plus sur la probabilité d'un remaniement gouvernemental proche. Entre celles et ceux qui devisent sur la tradition qui voudrait que le gouvernement se renouvelle à mi-mandat et certains qui suggèrent « du sang neuf » pour l'action gouvernementale, d'autress'interrogent sur son opportunité. Si les « donneurs de sang » sont encore dans le secret de qui de droit, les noms des partants éventuels sont déclarés en évoquant leur « invisibilité » ou leur « incompatibilité d'humeur » avec le Chef du gouvernement. La rumeur précise que cela se fera après l'adoption du projet de loi des finances pour 2024. Ce qui signifie dans les faits que le remaniement, s'il s'effectue, ne changera rien dans l'action gouvernementale et ses répercussions sur la vie quotidienne des marocains. Du pareil au même avec un changement de compétences technocratiques par d'autres sur l'échiquier gouvernemental. S'agit-il par cela de détourner l'attention de la population sur la crise provoquée par le gouvernement du fait de son incapacité à prendre les initiatives nécessaires pour la mise en œuvre des orientations stratégiques royales, voire à présenter un bilan positif sur la base de la déclaration gouvernementale lors de son investiture ? La pertinence de la question se justifie par « les réalisations à contrario » du gouvernement. La perte de postes d'emploi et un taux de chômage recordqui éloignent la réalisation de l'annonce de la création d'un million d'emplois à la fin de la législature ; un taux de croissance inférieur à celui projeté ; un taux d'activité des femmes qui baisse ; un pouvoir d'achat qui s'érode chaque jour ; une aide directe où l'éligibilité des ménagesest freinée par des détours administratifs, une AMO handicapée par la situation misérable des établissements de santé publique alors que fleurissent les cliniques privées ; une année scolaire menacée et une situation sociale où les inégalités se développent en fractures... La ritournelle des contraintes en relation avec la conjoncture internationale (...etc.) ne prend plus, ne serait-ce que pour la raison que ce gouvernement a été investi en connaissance de ces contraintes et que ces dernières ne sont pas le fait de ces derniers jours. Malgré la majorité dont il dispose, le gouvernement s'est libéré de la référence, qu'i a fait sienne, au « Nouveau Modèle de développement » pour assumer son néolibéralisme sauvage aggravé par une incapacité politique et une absence de communication relevant du mépris du débat démocratique de la transparence et de la reddition des comptes. Tout en usant des effets d'annonce, le gouvernement montre dans la réalité, et à travers les dispositions du PLF 2024, ses liens avec des intérêts particuliers dont la préoccupation majeure reste le profit maximal par la pratique anticoncurrentielle par des ententes illégales et une absence d'éthique dans l'acquisition des marchés soumis à appel d'offres. C'est cette orientation qu'il faudrait changer pour insuffler du sang nouveau dans l'action gouvernementale. Une orientation qui s'inscrit dans la réalisation de l'Etat social, non pas limité à « réduire les risques économiques et sociaux, en particulier au profit des catégories vulnérables » dans la perspective de la liquidation de la caisse de compensation, mais dans l'édification d'un Etat fort par sa démocratie, et qui, par son pouvoir régulateur, par son action et son investissement,arrive àsatisfaire la population lors de ses besoins aux prestations de services publics (éducation et formation, emploi, santé, logement, sécurité, transport, alimentation ...etc.). Un gouvernement qui n'abuse pas de l'endettement et qui affronte l'érosion du pouvoir d'achat par les moyens dont il dispose pour plafonner les prix à la consommation et en réformant les circuits de distribution au lieu de les laisser aux mains des intermédiaires et de l'informel. Le gouvernement actuel, a besoin d'un coup de fouet, au sens propre du terme, au lieu d'un remaniement qui ne changera en rien son orientation impopulaire qu'il n'arrive plus à masquer.