Par son action, le gouvernement est arrivé à placer l'école publique au cœur des préoccupations des marocains ; à contresens ! L'apprentissage n'est plus garanti dans les établissements scolaires et la motivation des enseignants tend beaucoup plus vers la grève et la revendication que vers le fonctionnement normal du système éducatif national. En plus des enseignants qui manifestent massivement dans la rue, les mères qui gèrent le temps familial expriment leurs désapprobations de voir leurs enfants abandonnés au risque d'une année blanche. Il semble que la créativité fasse défaut au sein de l'administration de l'éducation nationale. C'est ce qui apparait clairement à travers les relations entre le ministère et les enseignants. Ces derniers sont en grève pour contester les dispositions du statut spécial préconisé dans le cadre d'une réforme qui tarde à se réaliser. La nomination de M. Chakib Benmoussa au ministère, sis près de Bab Rouah, avait, en son temps, créée de l'espoir pour « une réforme globale de l'éducation ». La personnalité consensuelle duprésident de la Commission spéciale chargée du nouveau modèle de développement, le rapport de cette dernière cité comme référence dans la déclaration de politique générale à l'investiture du gouvernementet ses fonctions précédentes laissait croire que l'éducation nationale était considérée comme une priorité relevant des postes ministériels de souveraineté, malgré la « peinture » politique nouvellement acquise à l'occasion par M. Benmoussa. Se dotant « d'une feuille de route » pour mettre en œuvre des solutions et des mesures concrètes pour améliorer la qualité de l'école publique, et après deux années d'exercice pour ajuster l'organigramme du ministère, la concertation sur sa vision stratégique et autres objectifs, M. Benmoussa se trouve aujourd'hui dans l'impasse ; dans un bras de fer avec les enseignants et perdant la confiance des parents. Ni concertation ni participation à la prise de la décision pour trouver les solutions adéquates à une école publique moribonde malgré la vivacité de ses occupants. Une action gouvernementale non productive, qui handicape la volonté de la société et qui coûte en études et dépenses sans pour autant s'améliorer un tant soit peu. Pire, les déclarations de ses confrères du gouvernement ajoutent aux difficultés du ministre, comme s'ils voulaient son échec. L'échec est patent pour le ministre qui a surement négligé les prérequis nécessaires à la réussite de la réforme envisagée. La pertinence de sa « feuille de route » s'en trouve entachée. C'est l'école publique et, par conséquence, l'économie nationale et l'ensemble de la société qui en payent les frais. Le bras de fer engagé entre les enseignants, soutenus par les ménages, est dommageable à plus d'un titre. Il serait intelligent d'en trouver l'issue ; et le plus vite possible sera le mieux. Des observateurs avertis susurrent au ministre d'annoncer des amendements à certaines dispositions du statut spécial proscrit par le corps des enseignants pour rétablir la confiance et retrouver le chemin du dialogue et de la concertation. La sourde oreille et le pourrissement de la grève n'ont jamais abouti à quelque chose de bien ni pour les personnes, ni pour l'Etat, ni pour la société. Il faut dire que ni les déclarations d'un ancien ministre de l'éducation nationale, M Rachid Benmokhtar, (les ministres de l'Intérieur et des Finances sont les véritables responsables du secteur de l'enseignement au Maroc), ni celles que la rumeur attribue au ministre délégué au budget, M. Fouzi Lekjaa, (taxer les parents de 300 dirhams par mois et par enfant scolarisé pour assurer une éventuelle augmentation de salaire des enseignants.) ne semblent confirmer que l'action gouvernementale actuelle, et celle qui est envisagée pour le futur proche, va dans le sens de la renaissance de l'école publique. Approche où le sécuritaire prédomine, déni de justice sociale en considérant l'éducation nationale comme non productive, « marchandisation » du savoir, privatisation tous azimuts et fiscalité inégalitaire ne peuvent aboutir à une réforme globale de l'enseignement et de la formation pour permettre au royaume d'émerger et d'assurer la réussite à sa jeunesse. A contresens toute, elle est !