Un budget qui n'est pas à la hauteur des défis, des enjeux et des attentes des citoyens M'Barek TAFSI Le groupe parlementaire du PPS à la Chambre des représentants a annoncé son rejet du projet de Loi de Finances 2024, tout en expliquant que ce projet n'est pas à la hauteur des défis, des enjeux et des attentes des citoyens, ne rime pas avec le concept de l'Etat social et le nouveau modèle de développement et n'apporte pas de réponses satisfaisantes aux problèmes qui se posent et à la détérioration incessante du pouvoir d'achat des citoyens. Au cours de la séance plénière consacrée, mardi 14 novembre 2023, à la discussion et au vote de ce projet, le groupe du progrès et du socialisme (GPS) a en effet voté contre ce projet et réitéré sa détermination à poursuivre le combat pour l'adoption de l'alternative démocratique et progressiste. Selon le GPS, ce projet ne répond même pas aux engagements du programme gouvernemental et aux recommandations du modèle de développement. Il n'apporte pas non plus aucune réponse satisfaisante à la situation sociale préoccupante et à l'escalade des difficultés économiques dans le pays. En plus de la faiblesse de communication et de sa présence politique, le gouvernement a élaboré en fin de compte une Loi de Finances, pour sa troisième année, qui ne rime ni avec le concept d'«Etat social » ni avec le document du modèle de développement, souligne le groupe parlementaire du PPS. Rien de positif dans projet En somme il n'y a rien dans ce projet : il n'y a pas de répartition équitable des richesses, pas de transformation économique qualitative, pas de nouveau en matière de réhabilitation de l'élément humain, pas de réforme fiscale juste et globale, pas de réforme du secteur des entreprises publiques, pas d'intégration du secteur informel, pas de sauvetage des régimes de retraite, pas d'emplois stables, pas de soutien aux entreprises, pas de lutte contre la prévarication, la corruption et les rentes, pas de délivrance des couches sociales de la pauvreté et de la précarité, pas de succès dans le soutien des petits agriculteurs, pas de création d'une classe moyenne agricole, pas d'amélioration réelle du pouvoir d'achat des Marocains, pas de dialogue social qui débouche sur des solutions, pas de mesures pour assurer la souveraineté alimentaire, pas de stocks stratégiques suffisants et pas de soutien réel au produit national. Mais le plus grand absent dans le travail du gouvernement, selon les parlementaires du PPS, reste la réforme démocratique, sachant que sans consolidation de la démocratie, tous les acquis du développement du pays risquent de disparaître. Pour ce qui est des taux de croissance, ils sont encore modestes et les hypothèses retenues ne tiennent pas compte du changement climatique et de la sécheresse structurelle. Quant au déficit budgétaire, il continue de peser sur les finances publiques du pays. A ce jour, l'endettement continue d'augmenter, menaçant d'hypothéquer l'avenir des générations futures. Après avoir souligné la portée de ce débat parlementaire, le GPS a indiqué que la démocratie est une culture, un comportement et une pratique, avant d'être une démonstration de force par une majorité numérique. La démocratie est une condition fondamentale au développement. Le PLF 2024 est fade et sans âme Intervenant au nom de son groupe, la parlementaire Nouha El Moussaoui, membre du GPS a fait savoir que l'on est face à un projet de Loi de Finances qui n'est pas à la hauteur des attentes et des enjeux, car il n'apporte pas de réponses satisfaisantes aux problèmes qui se posent. Le contexte international : la sale agression contre Gaza Oui, le projet de Loi de Finances intervient dans un contexte international turbulent et complexe, marqué à présent par la poursuite de l'agression barbare condamnable de l'entité sioniste contre le peuple palestinien sans défense, une sale guerre qui a fait jusqu'à présent des milliers de morts, de blessés, de sans-abris et de déplacés avec la complicité et le soutien de l'Occident. La conjoncture positive pour le tourisme et les transferts des MRE Le projet de Loi de Finances 2024 intervient également dans des sillages positifs, tels que l'augmentation des recettes du tourisme et des transferts des Marocains du monde, l'enregistrement de recettes fiscales exceptionnelles, et la prochaine organisation par le Maroc d'événements sportifs d'importance mondiale. Ces éléments positifs ont été confortés par les valeurs marocaines profondément authentiques que Sa Majesté le Roi a appelées à défendre. Les Marocains ont en effet exprimé leur grande solidarité et leur patriotisme inébranlable, contre vents et marées, pour faire face aux répercussions des catastrophes que le pays a connues en particulier le séisme d'Al Haouz. Capitaliser sur l'élan de solidarité et de patriotisme des Marocains Selon le GPS, a ajouté Nouha El Moussaoui, le gouvernement doit mettre en valeur ce capital pour donner une impulsion plus forte au développement et au processus démocratique. Les difficultés et les défis doivent être un catalyseur pour innover en matière de recherche des solutions, et non pas un facteur de justification du déficit. L'efficacité de la diplomatie marocaine La parlementaire a par ailleurs souligné que le Maroc s'est distingué aux niveaux mondial et continental par une diplomatie officielle efficace, menée sous la conduite de Sa Majesté le Roi, que Dieu le protège, et grâce à l'immense résilience du Maroc sous l'effet des acquis qu'il a accumulés au cours de décennies de réformes. C'est pourquoi le GPS demande au gouvernement d'éviter de se justifier en invoquant l'héritage du passé, qui est l'héritage de tous, avec ses aspects positifs et négatifs, a expliqué la parlementaire. Selon le GPS, le gouvernement doit utiliser cette confiance, cette position et ces acquis, ainsi que cette image rayonnante pour approfondir et accélérer les réformes et diversifier les partenariats. La question de l'intégrité nationale Au premier rang de ces intérêts supérieurs, a-t-elle dit, il y a bien sûr la cause de la marocanité du Sahara, à propos de laquelle le Maroc a réalisé des progrès importants qui consacrent un large soutien international à l'initiative marocaine d'autonomie. C'est pourquoi, les députés du PPS soulignent la nécessité de s'appuyer sur un front intérieur solide, démocratiquement, économiquement et socialement, afin de faire face à toutes les provocations et complots, dans la perspective de la clôture définitive de ce dossier artificiel, sur la base de la préservation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté nationale de notre pays. Sur un autre plan, le GPS tient à saluer, a ajouté la députée Loubna El Moussaoui, les efforts considérables déployés par toutes les composantes de l'Etat marocain, sous la conduite de Sa Majesté le Roi, que Dieu Le protège, pour faire face aux conséquences du tremblement de terre d'Al Haouz, ainsi que la solidarité populaire spontanée et massive. Appréciation des efforts de l'Etat face au séisme d'Al Haouz et du programme de réhabilitation du Haut-Atlas Le groupe parlementaire du PPS apprécie également le soutien accordé aux familles touchées et le programme de réhabilitation du Haut Atlas et appelle le gouvernement à assurer toutes les conditions de son succès et à l'étendre à toutes les zones rurales et montagneuses, avec la nécessité d'une réelle implication des institutions élus dans la mise en œuvre de ses axes. Elle a estimé aussi nécessaire de tirer les leçons nécessaires de ce tremblement de terre douloureux et dévastateur, notamment en termes d'injustice spatiale. Pas de mesures de lutte contre la flambée des prix Après avoir indiqué que le PLF 2024 ne comporte pas de mesures concrètes contre la flambée des prix, la députée a indiqué que l'on a eu la confirmation que le problème n'est pas dans les chiffres et les crédits alloués, mais plutôt dans leur impact sur la vie des citoyens, la gestion et la capacité à innover en matière de solutions en termes de financement et de dépenses. L'enveloppe de 335 mds allouée à l'investissement public est insuffisante Par exemple, il ne suffit pas de déclarer que 335 milliards de dirhams seront alloués à l'investissement public si cet investissement ne contribue pas à améliorer le niveau de vie des gens et à assurer leur dignité, et si cette enveloppe financière n'est pas pleinement mise en œuvre de manière juste au niveau social et spatial. Au groupe progrès et du socialisme, a-t-elle expliqué, lorsque l'on exige la protection réelle du pouvoir d'achat des Marocains, cela découle des convictions sociales des membres du groupe, et aussi du fait que cela contribuera à augmenter la demande intérieure, et donc à booster les entreprises nationales qui éprouvent toutes les peines en l'absence d'un soutien véritable du gouvernement. Dans l'attente de la Loi sur la liberté des prix et de la concurrence En outre, le GPS s'attend toujours à des mesures concrètes de la part du gouvernement en ce qui concerne l'utilisation de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, qui permet de plafonner progressivement les prix des produits qui connaissent une augmentation exorbitante et la mise en œuvre d'un contrôle réel de la spéculation et du monopole sur le marché national, la lutte contre la corruption, l'application de l'Etat de droit dans le domaine des affaires, l'utilisation optimale et transparente des recettes fiscales exceptionnelles et l'utilisation des mécanismes douaniers et fiscaux pour réduire les prix, et non l'inverse. Et la députée de révéler : En menaçant d'augmenter la TVA pour l'eau, l'électricité et les transports, le gouvernement a voulu en réalité faire tomber tout le monde dans le piège de se contenter de demander qu'il n'y ait pas d'augmentation des prix au lieu d'exiger une augmentation des revenus !!! Pour la remise en service de la Samir Dans le but de protéger le pouvoir d'achat des Marocains, les députés du PPS continueront donc à plaider pour la remise en service de La Samir, dans le cadre d'une politique énergétique diversifiée et efficace ainsi que pour donner la priorité à la souveraineté alimentaire nationale, avec la révision conséquente des politiques agricoles qui s'appuient malheureusement aujourd'hui sur la production qui entraine l'épuisement des ressources en eau et qui est orientée vers l'exportation. Le PPS a de tout temps appelé à la couverture sociale S'agissant du chantier de la couverture sociale, Loubna EL MOUSSAOUI a rappelé que le PPS appelle depuis sa création à l'instauration de la couverture sociale, tout en reconnaissant à cette occasion le progrès réalisé dans l'adoption des textes législatifs et règlementaires y afférents et en attirant l'attention sur les insuffisances qui entourent la mise en œuvre de ce chantier d'envergure et menacent sa réussite et sa pérennité. Un grand nombre de personnes nécessiteuses se sont en effet retrouvées dans l'obligation de s'acquitter de la cotisation d'adhésion malgré leur incapacité matérielle, ce qui les a privées des prestations médicales. Les cotisations des professions libérales se sont élevées à près de 5 milliards de dirhams, mais seulement 1,37 milliard de dirhams ont été collectés, ce qui pose problème en ce qui concerne la pérennité et l'attractivité du financement de l'AMO. Le groupe parlementaire du PPS réaffirme que le succès de la couverture médicale est tributaire de la garantie de sources stables de financement pérennes et d'une véritable réforme de l'hôpital public. Pour le soutien directs des démunis Le soutien social direct, accordé par le gouvernement sur hautes instructions royales, est la décision positive la plus importante que le groupe du PPS soutient. Il espère toutefois que le gouvernement veillera à ce que le calcul des critères du bénéfice soit équitable afin de ne pas exclure des personnes éligibles, a ajouté la députée. A ce propos, le GPS demande également de placer ce chantier dans une perspective visant à délivrer progressivement les citoyens concernés du cycle de la pauvreté et du besoin. Il appelle de même le gouvernement à trouver des moyens efficaces et durables de financer ce chantier. Loubna El Moussaoui a indiqué aussi que la réforme de la Caisse de compensation doit viser à bénéficier pleinement et exclusivement aux personnes véritablement éligibles. Le gouvernement doit également assumer sa responsabilité dans le soutien de la classe moyenne, qui dégringole chaque jour dans l'échelle sociale, en particulier les groupes inférieurs de cette classe. Par conséquent, une réforme fiscale juste et efficace est nécessaire, à la fois en tant qu'outil de financement de l'économie, mais aussi en tant qu'outil de redistribution des richesses, a-t-elle expliqué. Fondamentalement, l'impôt sur le revenu devrait être révisé afin d'alléger la charge pesant sur les salariés. Les avantages fiscaux doivent également être radicalement reconsidérés, a-t-elle encore proposé. Il importe aussi de lutter contre l'évasion fiscale, tout en taxant les grandes fortunes improductives et en taxant convenablement les bénéfices des marchés des hydrocarbures et des télécommunications. Le dialogue social piétine !!! En ce qui concerne le dialogue social, a noté la députée, il est clair que le gouvernement essaie de se soustraire de son engagement en faveur de l'augmentation générale des salaires, en n'allouant que 4,2 milliards de dirhams au dialogue social, une enveloppe qui n'est même pas comparable au soutien accordé aux professionnels de transport, qui n'a eu aucun impact tangible sur les prix. La menace d'une année blanche se profile Sur un autre plan, le groupe du progrès et du socialisme exprime son inquiétude face à l'escalade de la crise, qui constitue une menace réelle pour l'année scolaire. Il enregistre toutefois avec satisfaction l'intention du gouvernement de reprendre le dialogue et demande que des solutions appropriées soient apportées d'urgence aux revendications exprimées par les femmes et les hommes de l'enseignement. Il appelle à la reprise urgente des cours dans l'intérêt de millions d'écolières et d'écoliers parmi les enfants du peuple marocain dans l'école publique, et dans le respect de leur droit constitutionnel à la scolarisation dans la perspective de se pencher sur la réforme du contenu de l'enseignement en vue de concrétiser l'école publique de qualité, d'excellence et d'égalité des chances. L'économie nationale a perdu 297.000 emplois Evoquant les engagements du programme gouvernemental, y compris la création d'un million d'emplois en cinq ans, la députée du PPS a indiqué que la réalité est que l'économie nationale a perdu environ 297 000 emplois cette année. Le nombre de chômeurs a atteint 1.625.000 personnes, et le taux de chômage a atteint un record de 13,5% dans l'ensemble et de 38,2% chez les jeunes. La précarité des programmes Forsa et Awrach Loubna EL MOUSSAOUI a rappelé à cette occasion la précarité des programmes Awrach et Forsa. Aujourd'hui, des informations circulent sur les tragédies et les victimes de Forsa, ainsi que sur le népotisme généralisé du programme Awrach, selon la députée. Pour rester objectif, selon elle, il est nécessaire de mentionner les mesures de soutien au logement, avec la nécessité de surveiller et de sévir contre la spéculation. Il faut louer aussi la gestion de la sécheresse et la rapidité d'achèvement de la première tranche de transfert des eaux. Elle a salué également l'exonération de certains produits de base de la TVA (mais malheureusement en échange de son augmentation pour d'autres). Légende : La parlementaire Nouha El Moussaoui, membre du GPS Légende 2 : Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Economie et des Finances