La région, définie comme une étendue territoriale déterminée par une unité administrative, économique, et surtout culturelle, a le droit d'avoir accès au cinéma. Ce droit légitime s'inscrit dans le droit à la culture, qui ne se limite pas au seul patrimoine local et aux caractéristiques ethnologiques spécifiques, mais qui est un droit fondamental pour l'ensemble de l'humanité. Comme le dit un adage bien connu, l'homme ne vit pas seulement de pain, mais aussi de droits essentiels, de reconnaissance, de présence aux côtés d'autres régions, et de participation à la constitution de l'identité nationale et du récit national. Chacun sait que les régions contribuent à la construction de la nation. Par conséquent, chaque région doit être mise en valeur, en mettant en avant ses richesses culturelles, les attraits de sa géographie, ses potentialités économiques, et sa volonté de s'ouvrir à toutes les propositions capables de mettre en lumière tout cela, dans son propre intérêt et celui de ses habitants. Le cinéma ne se résume pas à un simple divertissement sans conséquence. Il revêt un double intérêt : il est à la fois un moyen de sensibilisation de la population aux enjeux majeurs de la nation et de sa propre région. Chaque Marocain, dans sa région, doit voir son image projetée sur grand écran en tant qu'individu ayant voix au chapitre. De plus, il doit être informé et participer à tout ce qui concerne le bien commun et les objectifs partagés. En conséquence, le cinéma doit être l'un des moteurs du développement et du progrès. Il s'agit d'une industrie où les films, en tant que produits culturels, sont conçus et réalisés par des professionnels formés à cet effet, en vue de leur commercialisation dans un marché, notamment les salles de cinéma, ou éventuellement dans un circuit culturel alternatif. De plus, le cinéma a le potentiel de faire rayonner les caractéristiques et les réalisations des régions au-delà de leurs frontières administratives. Tout cela ne peut qu'apporter des avantages à tous les niveaux et pour l'ensemble de la population. Le cinéma est le moyen le plus direct, le plus populaire et le plus marquant capable de concrétiser cette réalité. L'image en mouvement, qu'elle soit fictionnelle, documentaire ou animée, fait partie intégrante de nos vies. Grâce à elle, nous prenons connaissance du monde qui nous entoure, des sujets d'ordre général, et même de nous-mêmes lorsque les films évoquent nos émotions et nos sentiments. Dans ce contexte, et dans le cadre de sa politique culturelle globale, des initiatives peuvent être mises en place pour servir des intérêts mutuels. D'un côté, il y a les organismes cinématographiques, qu'ils soient publics ou privés, nationaux ou étrangers : le Centre Cinématographique Marocain, les producteurs, les réalisateurs, les intellectuels, ainsi que les entités étrangères intéressées. De l'autre côté, il y a les conseils régionaux et les municipalités, avec leurs services culturels, touristiques, économiques, et autres. L'objectif est de réaliser ce qui suit : – Encourager et faciliter les tournages de films dans la région en proposant des incitations appropriées pour garantir leur bon déroulement, quel que soit le genre du film (aventure, action, historique, intimiste, auteuriste). Il est essentiel de sélectionner des emplacements adaptés à chaque genre, ce qui peut nécessiter une expertise spécifique, disponible auprès de spécialistes consultables à cet égard. – En ce qui concerne la production cinématographique, il est envisageable que la région s'implique dans le secteur cinématographique et audiovisuel en créant un « Fonds régional d'aide à la création et à la production », en collaboration avec l'Etat. Cette démarche mérite une sollicitation immédiate. Si cela s'avère difficile, une alternative pourrait consister à créer des structures locales d'aide à la production, définissant clairement leurs objectifs. – Enfin, il est également envisageable de solliciter des investisseurs privés ayant des capitaux et un intérêt pour le cinéma et l'audiovisuel. Ces mesures visent à stimuler la création cinématographique dans la région, à encourager la diversité des projets cinématographiques, et à promouvoir le développement culturel et économique local. Contribuer à la diffusion des films dans toute la région, dans la mesure du possible, nécessite l'acquisition des moyens matériels appropriés, tels que des projecteurs, des salles de projection, et autres infrastructures. Il ne faut pas négliger l'élément humain, notamment les programmateurs et les animateurs, car comme tout art du spectacle, le cinéma repose sur leur expertise. Soutenir la création cinématographique dans la région implique d'accompagner les créateurs et créatrices, ainsi que de favoriser l'émergence de talents dans le domaine du cinéma, notamment les scénaristes, les réalisateurs, et les techniciens. Cela peut se concrétiser par la mise en place d'ateliers lors de festivals ou au sein des maisons de jeunes et des complexes culturels. Il est essentiel de souligner que cette dimension pratique de la relation entre le cinéma et la région est motivée par le fait que le cinéma est un art capable de sensibiliser un large public sur une multitude de sujets, qu'il s'agisse de l'homme, de l'existence ou du monde en général. En traitant la réalité par le biais du réel, il devient accessible et exerce une grande influence sur les émotions et les comportements. Lorsque le cinéma parvient à rassembler un grand nombre de personnes, il peut véritablement stimuler toute initiative. Une projection en plein air dans un village, par exemple, peut apporter connaissance et information directement aux spectateurs, valoriser le créateur (en permettant d'apprécier sa création) et susciter l'étonnement initial chez le public. De plus, une histoire bien racontée, quels que soient les enjeux, a le pouvoir de laisser une empreinte profonde dans les cœurs et même d'influencer les décisions, tout en offrant des opportunités insoupçonnées ou oubliées. En somme, le cinéma est un médium puissant capable d'avoir un impact significatif à la fois sur le plan culturel et social.