Le verdict des urnes est « désastreux » pour la coalition, pouvait-on lire dans les colonnes du quotidien allemand « Der Spiegel » après les élections qui ont eu lieu dimanche dernier, dans ces anciens bastions conservateurs que sont la Bavière, au sud du pays, qui est le plus riche Etat allemand et Hesse, à l'ouest, qui abrite le siège de la Banque centrale européenne (BCE) car le SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, n'a même pas pu y recueillir 9% des suffrages. Les autres partenaires de la coalition gouvernementale n'ayant pas été logés à meilleure enseigne puisque les libéraux du FPD sont passés sous la barre des 5% en Hesse et que les Verts ont enregistré une baisse un peu plus modérée, il s'agit-là, pour le gouvernement d'Olaf, qui est arrivé à mi-mandat, d'un véritable rappel à l'ordre face à la crise industrielle et à la crise migratoire. En Hesse, Nancy Faeser, la ministre de l'Intérieur qui menait la liste sociale-démocrate, a essuyé un cuisant échec puisqu'avec ses 15% de voix, le SPD est arrivé derrière l'AfD (Alternative pour l'Allemagne), extrême-droite, et au coude-à-coude avec les Verts, pour la troisième place. Mais, si les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux du FPD ont régressé dans ces deux scrutins, ce n'est pas le cas de l'extrême-droite qui a réalisé une importante poussée constituant un coup très dur pour Olaf Scholz, désormais, plus affaibli que jamais ; ce qui a fait dire, au « Süddeutche Zeitung », qu'il n'est plus permis d'affirmer que l'AfD, « est un parti exclusivement fort dans l'est » du pays où se trouvent les régions de l'ancienne République Démocratique Allemande, souvent défavorisées économiquement. Aussi, la très nette progression de ce parti d'extrême droite, dans les deux Etats précités, qui avaient toujours incarné une Allemagne prospère et confiante, constitue-t-elle non seulement un véritable choc pour la coalition gouvernementale mais, de l'avis d'Alice Weidel, la dirigeante de l'AfD, une « punition » et un « vote pour le changement » et, pour Lars Kingbeil, le chef du parti Social-Démocrate SPD, « un signal (donné) aux trois partis » les mettant au-devant de la nécessité de revoir leur politique afin de « régler le plus rapidement » possible, les problèmes des allemands. L'AfD, ce parti éminemment anti-immigration, qui, en parvenant à recueillir, actuellement, entre 20 et 22% des intentions de vote, se place, désormais et à deux années des prochaines élections législatives régulières, juste derrière l'Union Chrétienne-Démocrate (CDU), semble donc avoir largement profité non seulement des querelles qui, depuis décembre 2021, minent la coalition au pouvoir mais aussi du fait que les craintes d'une nouvelle crise migratoire, semblable à celle de 2015, préoccupent largement les esprits des électeurs, compte-tenu de la progression constante du nombre des demandeurs d'asile. En considérant, enfin, que dans ces deux Länder que sont la Bavière et Hesse qui abritent près d'un quart de la population totale du pays, le parti de l'extrême-droite allemande, AfD, (Alternative pour l'Allemagne) s'est hissé à des niveaux sans précédents alors que les formations de la coalition du chancelier Olaf Scholz sont en très net recul, de quoi demain sera-t-il fait en Allemagne ? Attendons pour voir...