Nabil EL BOUSAADI La polarisation du système politique argentin, d'ordinaire pris en étau entre le « péronisme » et la droite traditionnelle, a volé en éclat, ce dimanche, car à l'issue des primaires qui font office de « répétition générale » avant l'élection présidentielle qui se tiendra en Octobre prochain, l'économiste ultra-libéral Javier Milei qui a promis, durant sa campagne électorale, qu'en cas de victoire, il va fermer la banque centrale argentine et dédollariser l'économie du pays, a occupé la première place en recueillant 30% des voix. Après cette victoire, le quotidien, « La Nacion », a écrit en Une qu'en remportant « les Paso (les primaires) Javier Milei a provoqué un tremblement de terre dans la politique argentine ». Voyant dans le résultat de cette élection où le taux de participation avoisinant 70%, a été le plus bas depuis une décennie, un signe de désaffection constituant un avertissement adressé aussi bien à la coalition de centre-gauche au pouvoir qu'à l'opposition conservatrice au moment où l'inflation a atteint 116% et où le coût de la vie a précipité quatre argentins sur dix dans la pauvreté, Javier Milei a déclaré, dans le discours qu'il a prononcé après la proclamation des premiers résultats, qu'il représente « la vraie opposition » car « une Argentine différente est impossible avec les mêmes vieilles recettes ». La victoire du candidat de l'extrême-droite qui, en profitant de la crise économique et du fait que les argentins ont perdu la confiance qu'ils accordaient aux partis traditionnels, est parvenu à s'engouffrer dans la brèche et à séduire une grande partie de la jeunesse, a pris tout le monde de court car même si les sondages l'avaient vu venir, ils ne lui accordaient, dans le meilleur des cas, que 20% des voix, soit la troisième place. Grave erreur d'appréciation car Javier Milei a, bel et bien, devancé le ministre de l'économie, Sergio Massa, qui a obtenu 27% des voix bien qu'il soit soutenu par l'actuel chef de l'Etat, le péroniste Alberto Fernandez, qui ne se représente pas, ainsi que Patricia Bullrich, la candidate du principal parti d'opposition de droite qui a recueilli 28% des suffrages exprimés. Mais, bien que, pour l'ancien président conservateur Mauricio Macri, « la progression de Milei est une surprise », elle traduit, néanmoins, la « colère du peuple » à l'égard des politiques». En bousculant, ainsi, le traditionnel clivage sur lequel reposait la vie politique argentine, entre d'un côté le Péronisme, ce courant politique hérité de l'ancien président Juan Domingo Peron (1946-1955) et, de l'autre, la droite traditionnelle, la victoire de Javier Milei a été assimilée, par la presse nationale argentine, à un « tsunami ». D'aucuns évoquent même un véritable « tremblement de terre » qui intervient au moment où l'Argentine est en négociation avec le Fonds Monétaire International (FMI) à propos du rééchelonnement de sa dette de 44 milliards de dollars (40,25 milliards d'euros). Avec un programme qui tout en prévoyant, dans ses grandes lignes, la suppression de la banque centrale, la dédollarisation de l'économie, une réduction drastique des dépenses publiques ainsi que la disparition du ministère de la Femme, du Genre et de la Diversité et la remise en cause de l'Interruption Volontaire de Grossesse, semble trouver un écho favorable auprès de la population, tout indique que l'extrême-droite est sur le point de reprendre les rênes du pays mais attendons pour voir...