Nabil EL BOUSAADI Ancienne gloire du Cricket et leader du parti « Pakistan Tehreek-e-Insaf » (PTI – Mouvement du Pakistan pour la Justice), Imran Khan, qui a été Premier ministre du 18 Août 2018 au 10 Avril 2022, date à laquelle il avait été écarté de la Primature à la suite d'une motion de censure, fait l'objet, depuis ce jour-là, de plus de 150 poursuites judiciaires qui seraient toutes motivées, selon lui, par des considérations purement politiques. Condamné à trois années d'emprisonnement dans une affaire de corruption, Imran Khan, qui a été arrêté ce samedi 5 Août alors qu'il était pratiquement « assigné à résidence », de manière officieuse, dans sa propriété de Zaman Park à Lahore et qu'il n'avait même pas assisté à l'audience, a été incarcéré à Attock, à près de 60 kilomètres d'Islamabad, selon la télévision d'Etat. Cette décision l'empêchant de participer aux élections prévues cette année, sa première réaction a été d'accuser le chef d'Etat major Asim Munir, d'avoir ordonné son arrestation et de « menacer la démocratie, la Constitution et les droits fondamentaux ». Ses avocats ont, immédiatement, annoncé leur intention d'interjeter appel. Ainsi, bien qu'en mai dernier, Imran Khan avait reproché à Asim Munir d'avoir « ruiné le futur du pays pour se protéger » et déclaré que Faisal Nasser, le numéro deux de ces puissants services de renseignements qui, à ses yeux, ne font « même plus l'effort de se cacher », avait tenté de l'assassiner, le juge qui a demandé son arrestation a motivé son verdict par le fait que la « malhonnêteté » de l'intéressé « a été établie sans aucun doute possible » et qu'«il a été reconnu coupable » d'avoir caché « les bénéfices qu'il a tirés du Trésor public de manière délibérée et intentionnelle ». Dans une vidéo enregistrée avant son arrestation et partagée, samedi matin, sur les réseaux sociaux, l'ancien Premier ministre pakistanais a exhorté les militants du PTI à « protester pacifiquement » jusqu'à l'obtention de leurs droits et, après leur avoir rappelé que « les chaînes ne tombent pas d'elles-mêmes » et qu'il va falloir « les briser », a appelé ses partisans à ne pas rester « silencieux » chez eux car « il s'agit d'une guerre pour la justice », pour leurs « droits » et pour leur « liberté ». Aussi, dès l'annonce de l'arrestation de leur leader, les partisans d'Imran Khan se sont soulevés dans plusieurs villes du pays pour marquer leur désapprobation. Disons pour terminer que si, au moment de son accession au pouvoir, en 2018, Imran Khan qui paraît très vindicatif aujourd'hui, avait été vu, par de nombreux observateurs, comme n'étant rien d'autre qu'une « marionnette » entre les mains de l'armée et de ses services de renseignement, il a été imprudent de croire qu'avec le temps, son « autonomie », sa « popularité » et sa « légitimité » allaient lui permettre « de verrouiller l'armée » en y plaçant des hommes qui lui soient favorables. Erreur funeste car, comme l'a rappelé, à « Libération », Laurent Gayer, directeur de recherche au Centre de Recherches Internationales (CERI), cela « ne fonctionne jamais » comme çà. De quoi donc demain sera-t-il fait au Pakistan ? Attendons pour voir...