Nabil EL BOUSAADI En réponse à la demande du Premier ministre pakistanais Imran Khan, 69 ans et ancienne gloire nationale de cricket, qui venait d'échapper à une motion de censure, le Docteur Arif Alvi, qui préside aux destinées du pays depuis le 9 septembre 2018, a consenti, ce dimanche, à dissoudre l'Assemblée nationale mettant, ainsi, le Pakistan au-devant de la nécessité d'organiser des élections législatives anticipées dans un délai de 90 jours. Ses opposants lui reprochant sa « mauvaise gestion de l'économie » (inflation, dette écrasante, faiblesse de la roupie...) et ses « maladresses en politique étrangère », le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, est confronté à sa plus grave crise politique depuis son élection en 2018. Autant de raisons pour lesquelles il avait demandé la dissolution du Parlement quand bien même celui-ci venait à peine de refuser d'examiner une motion de censure déposée contre lui au motif qu'elle serait « contraire à la Constitution » car inspirée par des « puissances étrangères » et appelé ses partisans à manifester dans la rue pour protester pacifiquement contre ce qu'il a qualifié de « conspiration » organisée de l'étranger pour l'évincer du pouvoir. Accusant le gouvernement et le vice-président de l'Assemblée d'user d'actes anti-constitutionnels et reprochant au Premier ministre de « tout faire pour amener le désordre dans le pays », l'opposition a déposé un recours auprès de la Cour Suprême en arguant qu'en l'absence d'un « gouvernement fonctionnel » et d'un véritable « cabinet », le pays se trouve « dans une mauvaise posture ». Pour rappel, la semaine dernière, le « Pakistan Tehreek-e-Insaf » (PTI, Mouvement du Pakistan pour la Justice), le parti du Premier ministre, avait perdu sa majorité lorsque 7 députés d'un parti allié avaient voté avec l'opposition et qu'une douzaine de ses parlementaires avaient choisi de soutenir l'opposition malgré le fait que la direction de leur parti avait essayé, par des recours judiciaires, de leur interdire de prendre part au vote. Aussi, en traitant ses opposants de « voleurs », de « lâches » et de « manipulateurs », Imran Khan avait déclaré aux médias de l'Etat qu'il attend d'eux qu'ils « protestent tous pour un Pakistan indépendant et libre » avant de leur signaler qu'il avait encore une carte à jouer, qu'il a un plan qu'il montrera, le lendemain, à ses opposants qu'il compte « vaincre devant l'assemblée » ; un plan qui s'est révélé être la dissolution de l'Assemblée. Trois jours auparavant, Imran Khan avait, également, accusé les Etats-Unis d'ingérence dans les affaires pakistanaises car, à en croire certains médias locaux, il aurait reçu un rapport de l'ambassadeur du Pakistan à Washington ayant enregistré les propos par lesquels un haut fonctionnaire américain lui avait déclaré que les relations entre leurs deux pays seraient meilleures si le Premier ministre venait à quitter ses fonctions ; ce que Washington a formellement nié quand bien même Imran Khan continue de crier haut et fort que les Etats-Unis veulent le destituer car ils lui reprochent de ne point vouloir s'aligner sur les positions américaines à l'égard de la Russie et de la Chine. Mais, les déboires d'Imran Khan ne s'arrêtent pas là puisque son gouvernement doit, également, faire face à la menace accrue des talibans pakistanais regroupés au sein du « Tehreek-e-Taliban Pakistan » (TTP) qui ont fait part mercredi dernier de leur intention de lancer une « offensive » contre les forces de sécurité durant le mois sacré du Ramadan. De quoi donc demain sera-t-il fait au Pakistan ? Attendons pour voir...