Karim Ben Amar Il faut bien se le dire, se nourrir au Maroc, et à ce rythme deviendra bientôt un luxe. Depuis l'avènement de ce gouvernement affairiste, les familles aux faibles revenus ne savent plus à quel Saint se vouer. Viandes, fruits, légumes, légumineuses et poissons, tout est désormais considéré comme un luxe. À Tanger, de nombreuses manifestations se sont tenues sur la place des Nations pour dénoncer non pas l'augmentation mais plutôt « l'explosion » des prix de produits alimentaires. Lors de notre tournée dans le marché de poissons de la perle du Détroit, l'équipe d'Al Bayane a été confrontée à la stupeur des consommateurs, sidérés par le prix non pas seulement du poisson blanc mais aussi du poisson bleu, prisé par la classe moyenne. Consommateurs et vendeurs crient au secours. Tour d'horizon peu reluisant. Ce mois de Ramadan restera certainement dans les mémoires comme celui de la cherté des denrées alimentaires. Dans tous les recoins du Royaume, les citoyens s'offusquent à juste titre. La tendance haussière généralisée persiste et signe malgré les promesses du gouvernement qui a déclaré que les prix allaient baisser vers mi-Ramadan. Que nenni. C'est plutôt l'effet contraire qui se produit. Lors de nos pérégrinations dans le marché central de poissons, le stresse est palpable dès la porte d'entrée. Les vendeurs de poissons bleus, qui se négocient en temps normal à des prix très abordables occupent les étals de l'entrée du marché. « Les anchois sont à 30 dhs, c'est tout simplement aberrant », tonne une dame avoisinant la soixantaine. Et d'ajouter, « jamais le Kg d'anchois n'a atteint des prix aussi élevés. Il oscille entre 30 et 40 le Kg, c'est juste choquant ». Les sardines quant à elles se négocient à 20 dhs le Kg. « Les prix sont élevés, mais ce n'est pas le vendeur qui fixe les prix. Ce dernier ne gagne pas plus de 5 dhs le Kg sur le poisson blanc. Quant au poisson bleu, nous ne gagnons pas plus que 2 dhs », détaille Mustapha, un vendeur de poissons du marché central. En faisant le tour du marché, les prix vont crescendo. « Le calamar coûte 150 dhs le Kg, quant aux crevettes, elles commencent à 60 dhs, pour atteindre la bagatelle de 180 dhs pour les grosses gambas », déclare Abdellah, un autre vendeur de poissons de la place. La même source ajoute que le Kg de soles s'élève à 170 dhs, de quoi faire fuir le client. « Le citoyen marocain traverse une période trouble. Son pouvoir d'achat se minimise jour après jour. Il faut bien se le dire, consommer du poisson blanc est devenu un luxe au Maroc alors que nous avons plus de 3000 km de côtes », a-t-il rappelé. « Le Merlan est à 65 dhs le Kg, le thon rouge à 60dhs, l'espadon à 120 dhs, le prix du pageot varie quant à lui entre 40 et 80 dhs. Cela dépend du calibre du poisson », soupire-t-il. Il rappelle néanmoins que les vendeurs de poissons ne sont en aucun cas responsables de cette flambée. « Le citoyen doit savoir que le poisson péché en mer se vend trois à 5 fois avant qu'il n'arrive sur nos étals. Les intermédiaires et spéculateurs sont les seuls responsables de cette explosion des prix. Résultat des courses, le Marocain n'a plus les moyens d'acheter du poisson pour sa famille. C'est inacceptable ». Et de conclure « ce chef du gouvernement nous a promis monts et merveilles. Depuis son avènement, nous n'avons connu que la flambée des prix et l'exclusion des familles à faibles revenus ». Nous ne cesserons donc de rappeler à cet exécutif la mission principale d'un gouvernement. Eh bien, pour la énième fois, c'est la régulation du marché. Un gouvernement soucieux du bien-être des citoyens doit barrer la route aux spéculateurs non seulement, mais aussi mettre en place les contrôles appropriés et le capital humain pour endiguer ces pratiques malsaines qui sapent le morale des consommateurs. Décidément, ce gouvernement brille d'un éclat trompeur, puisqu'il brille par son incompétence.