Le Conseil d'administration de la Banque mondiale a approuvé le troisième Prêt de Politique de Développement (PPD) de 450 millions de dollars en faveur du Maroc, avec pour objectif de développer l'inclusion financière et numérique en complément des deux financements précédents. « Cette série de projets de financement appuie le gouvernement du Maroc dans la mise en œuvre des réformes visant à améliorer l'inclusion financière, l'entrepreneuriat numérique et l'accès des particuliers et des entreprises aux infrastructures et aux services numériques », indique lundi un communiqué de la Banque mondiale. Ces financements ont permis au Maroc de repousser considérablement les barrières de l'inclusion financière et numérique, ajoute l'institution basée à Washington. L'infrastructure des paiements numériques s'est également développée, souligne le communiqué, ajoutant qu'actuellement, 31% des zones rurales sont couvertes par des réseaux de paiement mobile et 19 prestataires proposent leurs services. La valeur des paiements numériques a considérablement augmenté, atteignant 2 milliards de dirhams (environ 195 millions de dollars) en 2021, posant ainsi les bases de la réforme des programmes de protection sociale grâce aux transferts monétaires numériques. La série de financements a permis le développement de la micro-assurance, du registre des nantissements et des garanties permettant de faciliter l'accès au crédit des MPME, indique l'institution de Bretton Woods. Différentes actions ont directement favorisé l'accès des femmes au financement et à l'autonomisation économique, ajoute la même source, qui indique que la participation des femmes aux conseils d'administration des entreprises cotées en Bourse a augmenté de 14,9% en 2019 à près de 20% à la fin 2022 et que 13,5% des start-ups technologiques dirigées par des femmes ont bénéficié pendant la pandémie du Covid-19 d'une allocation annuelle en devises étrangères, facilitant ainsi l'importation des biens et services nécessaires à leurs activités. « Ce troisième financement s'inscrit dans les recommandations du Nouveau Modèle de Développement (NMD) qui souligne la nécessité d'un changement de paradigme visant à promouvoir une croissance inclusive et tirée par le secteur privé afin d'améliorer les services publics et de réduire les disparités sociales et géographiques », explique le directeur pour le Maghreb et Malte à la Banque mondiale, Jesko Hentschel. « Le gouvernement du Maroc a commencé à mettre en œuvre ces recommandations en numérisant les programmes de protection sociale, en soutenant le financement participatif et les instruments non bancaires pour les entreprises innovantes, et en numérisant la passation des marchés publics pour améliorer l'accès des PME aux contrats publics », ajoute-t-il. Ce troisième financement consolide les réformes initiées par le Maroc en faveur de l'inclusion financière en améliorant l'accès des populations rurales, des femmes, des jeunes, et des entrepreneurs numériques à une gamme variée de services financiers, en diversifiant les instruments financiers mis à disposition des entreprises jeunes et innovantes afin d'encourager la création d'emplois. « Ces réformes incluent un nouveau régime juridique pour les institutions de microfinance qui leur permet de recevoir des dépôts et d'étendre leur portée, mais aussi des réglementations permettant de développer la micro-assurance, et une nouvelle loi sur les bureaux de crédit pour le traitement des données non financières afin que les personnes non bancarisées puissent bénéficier d'un historique pour accéder au crédit », souligne Caroline Cerruti, Spécialiste principale du secteur financier, et coresponsable du Programme à la Banque mondiale. « Les réformes impliquent également la mise en œuvre de la gestion et des paiements numériques pour le plus grand programme de transfert monétaire du Maroc, Tayssir », affirme Cerruti. Ce PPD soutient par ailleurs l'entrepreneuriat numérique et les MPME innovantes. « Le PPD propose de nouveaux instruments de financement qui profitent aux MPME – parfois considérées comme trop risquées pour les banques traditionnelles – y compris le financement participatif (ou crowdfunding) pour les nouvelles entreprises, le capital-investissement pour les entreprises innovantes et à fort potentiel et les fonds de dette qui mobilisent les investisseurs institutionnels pour financer les PME existantes », précise Cyril Desponts, économiste et coresponsable du Programme à la Banque mondiale. La révision de la loi sur le capital-investissement soutiendra les efforts du gouvernement pour moderniser et décarboner l'économie par le biais du Fonds Mohammed VI pour l'investissement, qui lèvera et investira des fonds de capital investissement, souligne la Banque mondiale, notant que cette réforme, tout comme l'introduction d'un cadre réglementaire pour les fonds de dette, est aussi soutenue par le Programme conjoint sur les marchés de capitaux.