Samir : comment le Maroc en est arrivé là ? Dans cette série d'articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l'histoire d'un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l'occurrence la SAMIR. Il faut dire que notre véritable souci n'est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s'en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l'origine d'une déconfiture historique. Notre analyse s'étendra également à lever le voile sur la fermeture de l'entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres... Dans son article « Privatisation de la SAMIR et libéralisation du marché des hydrocarbures : entre cupidité et l'illégalité, l'immense gâchis », l'économiste marocain, Najeb Akesbi, considère que la cession de la SAMIR a été faite sur la base des considérations dictées uniquement par le profit, loin de toute vision stratégique du secteur de l'énergétique. L'auteur de l'article laisse entendre que la décision du gouvernement marocain s'est positionnée de l'autre côté des barricades. Il s'agit bel et bien d'une décision antilibérale. Najeb Akesbi résume parfaitement un tel constat en soulignant que l'Etat marocain a garanti « à l'heureux bénéficiaire une confortable rente, et ce, au moment même où l'idéologie néolibérale ambiante nous racontait que les privatisations avaient entre autres avantages de « casser les monopoles », ouvrir les marchés à la libre et salutaire concurrence, en finir avec les rentes... » Tout en estimant qu'une telle privatisation a été dictée par des considérations politiques, l'auteur en citant un média de la place a fait savoir qu'un groupe canadien aurait mis sur la table une enveloppe budgétaire s'élevant à 1 milliard de dollars et un plan d'investissement étalé sur 5 ans d'une valeur de 700 millions de dollars mais malheureusement il a été écarté de la course. Lors de la fusion de la SAMIR et la société chérifienne des pétroles (SCP) mettant fin à la participation de l'Etat, le groupe Corral s'est assigné à réalisé un plan d'investissement nécessitant un budget de 4.6 MMDH. Il s'agissait en fait des promesses en l'air pur jus. Mais les incendies déclarés dans l'entreprise ont révélé au grand jour les fausses promesses du nouveau preneur. En fait, la raffinerie a été frappée par deux incendies en moins d'une année. Le premier incendie s'est produit dans la nuit du 25 novembre 2022 a causé une grande frayeur parmi la population locale. Abderrahmane Saaïdi, directeur général de l'entreprise à l'époque a jugé que l'incendie s'est déclenché pour force de cause majeure, celle de l'intensité du débit de Oued El Maleh. Selon le top management de l'entreprise, cet incident a provoqué des dégâts matériaux s'élevant à 1,5MMDH. L'installation de la raffinerie pétrolière SAMIR a été le théâtre d'un deuxième incendie en 2023. Le feu s'est déclaré jeudi 18 septembre vers 20h00 dans le bac d'essence 625 d'une contenance de 2000 mètres cubes d'essence de qualité supérieure, ce qui rendait son inflammation encore plus rapide. Des rapports techniques ont été effectués auparavant ont fait état de la déficience du bac et sa non-conformité aux normes de sécurité. Une telle situation a poussé l'Etat à faire la pression sur les propriétaires de l'entreprise pour la mise à niveau de la centrale pétrolière. Ainsi une convention a été signée entre les deux parties en 2004 nécessitant la mobilisation d'une enveloppe budgétaire de 6MMDH. Cheikh Al Amoudi en voulant le beurre et l'argent du beurre va financer cet investissement sans avoir à casser sa tirelire, en ayant recours au crédit des banques locales.