« Touche pas à mon vote ! » ont scandé, à l'unisson, les dizaines de milliers de mexicains – 90.000 selon les autorités de Mexico et 500.000 d'après Marko Cortes, le chef du Parti Action Nationale (PAN, Droite), opposition – qui, après avoir investi, ce dimanche, les rues de la capitale se sont rassemblés, sur la place centrale du Zolaco, vêtus de blanc et de rose, dans le cadre de ce que l'agence REUTERS a considéré comme étant la plus grande mobilisation organisée, à ce jour, contre l'administration du président Andres Manuel Lopez Obrador, pour dénoncer les mesures par lesquelles le gouvernement entend réduire les moyens alloués à l'Institut national électoral (INE) en charge de l'organisation de l'élection présidentielle prévue courant 2024 mais, également, limiter ses pouvoirs pour superviser la propagande électorale à la radio et à la télévision et éliminer, du même coup, 85% des professionnels de carrière. Mais si, de l'avis du président mexicain qui accuse ces manifestants d'être des opposants « corrompus » qui veulent revenir au pouvoir et cette institution de s'être transformée en une bureaucratie pléthorique dirigée par des fonctionnaires richement rémunérés, dont certains sont proches de l'opposition, cette réforme qui a été définitivement approuvée mercredi 22 Février dernier et qui entre dans le cadre d'une large campagne d'austérité gouvernementale, vise à réduire le budget alloué à l'INE qui, en couvrant des fraudes par le passé, avait coûté très cher aux finances publiques, et permettra au pays d'économiser 150 millions de dollars par an, l'INE craint, de son côté, que soient affectés ces « des éléments-clés du système électoral mexicain qui avaient permis la rénovation pacifique et périodique des pouvoirs à travers le vote libre et secret ». En dénonçant cette mesure qui constitue une « menace pour la démocratie » l'opposition et l'INE ont déposé un recours auprès de la Cour Suprême et en appuyant ce recours, José Ramon Cassio Diaz, ex-magistrat à la Cour Suprême, affirme faire « confiance » à l'INE et à l'opposition pour ce qui est de la préservation de « la vie démocratique du pays »et accuse le chef de l'Etat de chercher à « s'approprier le système électoral ». Même son de cloche du côté d'Alejandro Rodriguez, avocat de 61 ans, qui estime que la politique du président Andres Manuel Lopez Obrador « porte préjudice aux mexicains ». Craignant, pour sa part, que le Mexique ne devienne « comme le Venezuela », Oscar Casanova, un riche homme d'affaires de 75 ans, estime que les mexicains ne sont pas « prêts à perdre (leur) démocratie » car l'INE, qui a déjà 33 ans et qui est une des institutions les plus importantes dans la transition du pays après que celui-ci ait souffert du régime du parti unique durant 7 décennies, est parvenu à remplacer un système électoral gangrené par la fraude par un système strictement règlementé supervisé par des milliers de travailleurs qui délivrent les cartes d'électeurs et contrôlent tous les aspects du scrutin des Etats et du gouvernement fédéral. Cette réforme va-t-elle, comme l'assure l'opposition, affecter l'indépendance de l'Institut National Electoral (INE) et le placer sous le contrôle du pouvoir en place à l'heure où les prochaines élections présidentielles approchent à grands pas ? Attendons pour voir...