Importation des viandes rouges Fairouz EL Mouden Le commerce des viandes rouges souffre d'une malformation organisationnelle congénitale et de l'absence de toute stratégie ou vision sectorielle adaptée. Les contrats-programmes I et II ont montré leurs limites et se sont avérés pour le moins inefficaces aussi bien pour la filière des viandes rouges que pour celle de l'élevage. Le recours à l'importation pour contrecarrer la hausse des prix de vente sur le marché local et satisfaire la demande nationale témoigne aujourd'hui, entre autres, de l'échec du Plan Maroc Vert. Désormais, la crainte renvoie à la mise sur le marché d'une viande importée de couleur sombre ou noir et graisseuse. La problématique n'est pas seulement liée, selon des professionnels, à la qualité des bêtes importées d'Espagne ou de l'Amérique Latine (Brésil et Paraguay) mais aussi au respect de délais exigés, d'au moins 20 jours, avant l'abattage de ces animaux et leurs commercialisations. Les prix des viandes rouges vont-ils baissé durant les semaines à venir et notamment pendant le mois de Ramadan ? Les commerçants des viandes rouges ne s'attendent pas vraiment à des variations à la baisse des prix dans les prochains jours. Ils anticipent même de nouvelles hausses prochainement. La situation est on ne peut plus compliquée aujourd'hui. La solution empruntée par le gouvernement de recourir à l'importation des bovins de l'Union Européenne et de l'Amérique Latine avec suppression des droits de douane et exonération de la TVA s'annonce inefficace. La première importation des bovins venant de l'Espagne n'a pas eu l'effet escompté, à savoir assurer une offre de viande conforme et bon marché. L'expérience vécue la dernière semaine dans trois villes du Maroc à savoir Rabat, Salé et Béni Mellal a été un pur échec à cause du rejet par le consommateur de cette viande jugée de couleur noirâtre et un volume important de gras. Certains évoquent même le retour des commandes par les grandes surfaces et d'autres points de vente. Les pronostics de certains opérateurs tablent sur une nouvelle hausse des prix des viandes rouges dans les prochains jours ou du moins leur maintien à leurs niveaux actuels. Aucune baisse n'est prévisible, expliquent-ils car les coûts de revient restent toujours excessifs. Abdelali Ramou, SG de l'Association nationale des commerçants de viandes rouges, déclarent à Al Bayane, qu'il est nécessaire voire même obligatoire que le ministère de tutelle et notamment L'ONSSA assure le contrôle antérieur et postérieur pour que la bête importée ne soit abattue avant un délai qui dépasse 20 jours au minimum. Pour lui, avant ce délai, la bête est jugée encore stressée et son abattage préalable après 5 ou 10 jours de son arrivée au Maroc donnerait une viande de couleur sombre et taux de graisse élevé étant donné l'alimentation de ces bêtes dans leurs pays d'origine. Il est question aujourd'hui de revoir toute la stratégie sectorielle. Les solutions de replâtrages empruntées par l'exécutif pour réduire la spirale inflationniste au niveau de toute la chaîne agroalimentaire s'annoncent, semble- il, stériles et inefficaces. Le bilan du Plan Maroc Vert (PMV) en dit long sur l'échec de la politique agricole au Maroc. Le PMV a certes favorisé le soutien des grandes exploitations et grands opérateurs du secteur agricole qui représentent mois de 5% de la population agricole au détriment de 95% de petits agriculteurs et éleveurs qui continuent de survivre malgré toutes les contraintes conjoncturelles et structurelles qui handicapent le secteur. Anticiper c'est gouverner dit-on. Le gouvernement devrait agir depuis plus de 6 mois déjà pour éviter cette situation d'impasse qui met à nu les nombreux dysfonctionnements d'un secteur primordial de l'économie nationale. Des subventions par tête données à temps pouvaient aider les éleveurs à gérer et récupérer le cheptel et éviter toute situation confuse.