Nabil EL BOUSAADI Ils étaient 700.000, selon les organisateurs, et 30.000, selon le gouvernement central, ceux qui, en réponse à l'appel lancé par des organisations de droite de la société civile espagnole et soutenu aussi bien par le Parti Populaire (PP), qui est principal parti d'opposition, que par la formation d'extrême-droite, Vox, se sont retrouvés, ce samedi, à la Plaza de Cibeles, au centre de la capitale, pour réclamer la démission du Premier ministre Pedro Sanchez en brandissant des drapeaux espagnols et en exhibant la photographie de ce dernier barrée de la mention « traître ». Cette démonstration de force qui a vu le jour à l'orée de cette nouvelle année « électorale » mais à laquelle le président du Parti Populaire, Alberto Nunez Feijoo, n'a pas pris part même s'il a encouragé ses partisans à y participer, a, pour objectif de dénoncer, tout d'abord, la décision du gouvernement de Madrid d'abolir le délit de « sédition » qui avait visé les neuf dirigeants indépendantistes catalans condamnés pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017 pour le remplacer par un autre délit passible de peines de prison moins lourdes, puis la promulgation d'une nouvelle loi contre les violences sexuelles qui, tout en alourdissant les peines pour viol, a allégé les sentences dans certaines affaires de délits sexuels. Pour rappel, en Octobre 2017, le gouvernement régional catalan dirigé par Carles Puigdemont, avait tenté de faire sécession de l'Espagne en organisant un référendum d'auto-détermination, interdit par la justice espagnole, avant que le Parlement local ne déclare, unilatéralement, l'indépendance de la région. Cette initiative avait suscité l'une des plus graves crises que l'Espagne ait connu depuis des décennies et s'était terminée par la fuite à l'étranger du leader indépendantiste et par l'incarcération de ses principaux collaborateurs. Mais en ne disposant pas de la majorité parlementaire requise pour pouvoir faire adopter ses lois, le gouvernement de Pedro Sanchez s'est trouvé contraint de s'appuyer sur les indépendantistes basques et catalans. Or, même si ses détracteurs estiment que c'est pour s'assurer le soutien des députés de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC, indépendantistes) que Pedro Sanchez a supprimé le délit de sédition, le gouvernement de Madrid dénonce l' « archaïsme » de cette disposition de la loi pour justifier son abrogation et son remplacement par une loi qui soit en conformité avec les normes européennes. Mais si, lors du rassemblement du Parti Socialiste qui s'était tenu le jour-même à Valladolid, dans le nord de l'Espagne, en défendant son bilan, le Premier ministre avait tenu à préciser que c'est pour apaiser le conflit en Catalogne que son gouvernement a été contraint de prendre une telle mesure, dans le point de presse qu'il a donné au début du rassemblement, Santiago Abascal, le leader de la formation d'extrême-droite, Vox, a dénoncé, de son côté, « le pire gouvernement de l'histoire » et a accusé ce dernier d'avoir « divisé les Espagnols et libéré les violeurs et les auteurs de coups d'Etat ». Enfin, bien que la plupart des sondages attribuent, au Parti Populaire, la victoire aux élections générales prévues à la fin de cette année, rien n'indique que, pour gouverner, les conservateurs vont pouvoir se passer du soutien de Vox mais attendons pour voir...