Nabil El Bousaadi Nairobi, la capitale du Kénya, a accueilli, lundi dernier, pour trois jours et après un premier round qui avait eu lieu en Avril, une nouvelle session des pourparlers entrant dans le cadre du « Dialogue inter-congolais » qui se tient sous l'égide de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) comprenant le Burundi, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie, et la République Démocratique du Congo. Pour rappel, le « Dialogue inter-congolais » est un forum qui s'était ouvert le 15 Octobre 2001 à Addis Abeba en Ethiopie durant ce que l'Histoire retiendra comme étant la « Deuxième guerre du Congo ». Il avait réuni 80 délégués représentant le gouvernement congolais, les rébellions (MLC, RCD et RCD-ML), l'opposition politique et la société civile et s'était donné pour mission de régler le volet politique de l'Accord de Lusaka qui avait été signé le 10 Juillet 1999 dans la capitale zambienne et aux termes duquel « le gouvernement de la RDC, l'opposition armée et l'opposition politique » s'étaient engagés « à entamer un dialogue national ouvert » auquel seraient associées « les Forces Vives de la Nation » afin d'aboutir « à un nouvel ordre politique et à la réconciliation nationale en RDC ». Assistaient à la réunion qui s'était ouverte la semaine dernière, à Nairobi, le président kényan, William Ruto, son prédécesseur Uhuru Kenyatta, en sa qualité de « facilitateur de l'EAC pour la RDC », le président burundais Evariste Ndayishimiye en tant que président en exercice de l'EAC et, virtuellement et par visio-conférence, les présidents Yoveri Museveni pour l'Ouganda, Paul Kagame pour le Rwanda et Félix Tshisekedi pour la République Démocratique du Congo. Outre les délégués de la société civile de diverses provinces de l'est du pays, des représentants de la Codeco, une milice armée parmi les plus meurtrières de la région, assistaient, également, à cette réunion alors que sur la centaine de groupes armés opérant à l'est de la RDC, une vingtaine avaient déjà participé aux discussions d'Avril dernier. L'absent de taille à cette réunion a été le groupe rebelle M23 qui a déploré le fait de ne pas avoir été convié alors même qu'il se dit prêt au dialogue avec Kinshasa car en étant qualifié, par le gouvernement de la RDC, de « mouvement terroriste », il ne sera jamais associé à des négociations directes avec le Kinshasa tant qu'il ne remplit pas tous les prérequis qui ont été énumérés par le Président Tshisekedi ; à savoir, la cessation des hostilités et le retour du mouvement sur ses positions initiales, au programme de désarmement, à la démobilisation et à la réinsertion des anciens combattants. Mais si le président congolais est resté ferme sur ses positions car il n'est pas question, pour lui, de « céder au chantage (et) aux prétentions illusoires » du groupe rebelle, l'ancien président kényan Uhuru Kenyatta s'est, quant à lui, montré assez optimiste car il s'est dit convaincu qu'à l'issue de ces pourparlers, il y aura « plus de coopération au sein des discussions de Nairobi mais aussi au sein du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, et que les groupes armés qui ne l'ont pas encore fait, vont cesser les hostilités et permettre un accès humanitaire sans entrave ». En considérant, enfin, que le Dialogue inter-congolais a été élargi aussi bien pour ne point laisser l'avenir institutionnel et politique du Congo entre les mains de ceux qui privilégient l'option militaire pour accéder au pouvoir que pour conférer une légitimité institutionnelle et/ou électorale à l'ensemble des acteurs politiques, espérons que, cette fois-ci, la hache de guerre va pouvoir être enterrée une fois pour toutes et attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI