Baptisés «Les Trois Glorieuses», pour immortaliser, chaque année, les 16-17 et 18 novembre ont constitué dates épiques qui ont marqué les lendemains de l'indépendance du Maroc. Trois jours de fêtes successifs avaient été institutionnalisés pour immortaliser l'épopée marquée par la symbiose entre feu Sa majesté Mohammed V et le peuple marocain, qui allait précipiter la fin du protectorat au Maroc. Ainsi, le 16 novembre était baptisé «jour du retour», pour symboliser le retour, en 1955, de feu Mohammed V au pays, décidé sciemment puisqu'il correspondait à l'anniversaire de son intronisation en 1927, après le décès de son père, le sultan Moulay Youssef. Le 17 novembre, fête de «l'inbiâat» (la renaissance d'un peuple et d'une nation), à son tour, était conçu pour redonner vie au Maroc indépendant qui reprend son destin en mains. La Fête est ainsi prolongée pour saluer les années de résistance et de soulèvement contre l'occupation coloniale, notamment après l'exil forcé, le 20 août 1953, du roi légitime. Le 18 novembre, «Fête de l'Indépendance», a été choisie pour rappeler le retour du Roi libérateur et de la Famille royale d'exil et l'historique discours royal du 18 novembre 1955 dans lequel SM Mohammed V avait autoproclamé l'indépendance pour forcer la main aux autorités d'occupation, face au chantage colonial de la France qui tergiversait et voulait maintenir, au prix d'une répression sanglante du peuple marocain, son «Protectorat». C'est ainsi que sont nées les «Trois Glorieuses», qui font suite, notamment, au 20 août, date d'exil du roi patriote et de la famille royale, un éloignement qui aura duré plus de deux années, en Corse et à Madagascar. Les Trois Glorieuses, même si elles ne sont plus célébrées dans leur intégralité, constituent donc une date phare dans l'Histoire du Maroc. Elles témoignent, d'abord, du grand sacrifice consenti par feu SM Mohammed V, par amour à la Patrie, de choisir l'exil à la capitulation et à la soumission aux ordres du colonisateur. En symbiose totale avec les aspirations du peuple marocain et de ses forces vives de l'époque, le Père de la Nation a fait preuve d'une fidélité rarissime à son peuple et à sa patrie, soumettant la Famille royale aux affres de la déposition et de l'exil. Cette fidélité a constitué un véritable détonateur pour l'accentuation de la lutte armée, menée par le mouvement national, contre l'occupant colonial qui exigeait le retour du Souverain et de la Famille royale. Elles constituent également la volonté royale de faire renaître le pays et de le mettre au travail pour poser les jalons du Maroc indépendant, en créant les institutions de l'Etat souverain et en lançant les grands travaux d'édification, notamment la fameuse «Route de l'Unité», immortalisée par SAR le prince héritier Hassan II, torse nu et pioche en mains pour participer à l'œuvre collective de tout un pays. Ce sont de grands moments épiques qui retracent la lutte héroïque du peuple, en symbiose avec la monarchie, pour remémorer les soulèvements populaires et la lutte armée, à travers le Maroc, pour réclamer haut et fort le retour du Sultan Mohamed Ben Youssef et la fin du Protectorat. Avec cet avènement, c'est le grand triomphe historique d'un pays et de sa cause nationale, même si le contenu politique et économique de la libération du joug colonial n'était ni complet ni suffisant. Mais le peuple marocain, comme le monde, auront retenu cette phrase du Souverain : «Nous nous réjouissons de pouvoir annoncer la fin du régime de tutelle et du protectorat et l'avènement de la liberté et de l'indépendance»... Il faudra souligner le mémorisable accueil national, exceptionnel, qui a été réservé par le peuple à son Roi et à la famille royale, dans une symbiose populaire qui marquera la suite des événements. Ainsi, le Maroc passera du «petit au grand jihad», de l'indépendance, à l'édification d'un Maroc indépendant et moderne. Feu SM Hassan II poursuivra l'œuvre de son défunt père, le père de la Nation. Son règne sera ponctué par la grande épopée de la Marche Verte, le 6 novembre 1975, qui s'inscrit dans la ligne droite de l'action du père libérateur, pour parachever l'indépendance nationale, gravement et fortement amputée par le colonialisme franquiste. Aussi, grâce à cette géniale initiative, qui rappelle la non-violence prônée par Ghandi, feu SM Hassan II a ébahi le monde par sa détermination à récupérer nos provinces sahariennes restées, malgré l'indépendance en 1956, sous le joug de l'occupation espagnole, mais, aujourd'hui, jouissant d'un essor économique, social et culturel sans précédent. Et s'il y a une principale leçon que le Maroc doit tirer de cette épopée, il faudra dire qu'un peuple uni ne sera jamais vaincu et que la symbiose entre le Trône et le peuple, par la voie de ses forces politiques responsables, est le secret de la victoire sur les convoitises étrangères et de tous les défis à relever. Aujourd'hui, alors que le pays célèbre la Fête de l'Indépendance, et en souvenir des Trois Glorieuses, c'est le même esprit qui doit animer les Marocains. Avec le nouveau règne, il faudra poursuivre et réussir les grands chantiers de développement. Le Maroc de la modernité doit avancer sérieusement sur des bases démocratiques saines, surtout en ces temps marqués par des essoufflements et des attitudes qui portent atteinte et ternissent l'image du pays. SM le Roi Mohammed VI ne cesse de montrer du doigt les dysfonctionnements et les insuffisances auxquelles il faudra remédier afin que certains chantiers politiques, économiques et sociaux réussissent et feront progresser le pays. C'est la meilleure manière pour célébrer cet événement.