L'illustre poète de Tunisie, Aboulkacem Chabi, faiseur des paroles de l'hymne national de la patrie, prédisait la délivrance fatidique de son peuple face à la tyrannie coloniale. « Quand le peuple réclame la vie, le destin comblera son vœu!». Ces propos mobilisateurs qui faisaient frémir d'engouements les masses populaires, en vue de recouvrer leurs libertés du joug des colons, sont réitérés, à présent, par les foules déchaînées dans la rue, afin de « descendre » un président autocratique. Le palais Carthage souffle sur la braise et resserre l'étau sur son régime cloué au pilori et désavoué au plus bas par un peuple désabusé, mais fidélisant les valeurs. Son idole mémorable, Bourguiba lui a appris à vivre dans la dignité et la liberté, à épouser la modernité et l'égalité des sexes et combattre l'oppression et le despotisme. Il va sans dire que le soulèvement massif, qu'aura vécu le pays du jasmin, ne tarderait guère à se départir d'un pantin au paroxysme de la folie, rendant à néant les instituions de la Nation et mettant à sec les ressources de l'Etat, sous la mainmise dictatoriale de la junte militariste de l'Algérie. Le tapis rouge déroulé il y a quelques jours, lors de l'accueil en pompe du chef des séparatistes, fut l'illustration de l'hostilité vile au détriment du Maroc, pour des mallettes de sous entachées de perfidie. Actuellement, c'est bel et bien le peuple tunisien qui se charge de châtier un arlequin à la solde des généraux en débâcle du mirage pour lequel ils avaient tissé vainement le plan de la dérision depuis déjà un peu moins d'un demi-siècle. Kaïss Saied, un président fortement blâmé par son peuple, à travers des huées accablantes, s'était amusé à jeter le pays dans la dérive par sa politique de dépendance et soumission démystificatrices. « Qui sème le vent, récolte la tempête ! », un extrait de recueil de Nizami, poète persan du 12 ème siècle, incarne parfaitement le pétrin dans lequel s'embourbe le président fumiste, en perte de repères. La révolution du jasmin2 qui s'enclenche aujourd'hui dans les rues, aura démis, aussi bien le président fantoche que l'emprise algéroise qui se sert du régime fébrile pour « conforter » sa convoitise sur le Maroc. Cependant, il ne suffit pas de réussir une révolte, mais d'assurer par la suite, la succession, à travers l'instauration saine des valeurs de la démocratie. L'échec du jasmin1 qui avait limogé l'ancien président Benali, fut douloureux pour la refonte du pays aux divers plans, tiendra assurément d'enseignement pour la poursuite de la révolution jusqu'à terme. « On ne fait jamais les choses à moitié ! », disait le fabuliste Lafontaine dans l'une de ses leçons de Morale.