Non, il ne s'agit pas d'une action de propagande orchestrée par le Maroc. Mais bel et bien d'un rapport crédible établi par une instance européenne indépendante et qui accable et l'Algérie et ses affidés du Polisario. L'Office européen de lutte antifraude (OLAF) n'est pas allé par quatre chemins pour établir la vérité sur les détournements de l'aide humanitaire programmée pour les populations séquestrées dans les camps de Lahmada. Rejoignant ainsi les préoccupations tant de fois exprimées par le Royaume quant au flou artistique qui a depuis toujours marqué la gestion de «l'élan humanitaire» exprimé à l'endroit d'une population civile que les séparatistes armés ont parqué à Tindouf et dans ses régions. L'OLAF qui engage sa responsabilité dans l'établissement d'un constat confondant les autorités algériennes et les membres de la direction du mouvement séparatiste ne se prononce pas en l'air. Car pour apporter toute la lumière sur les trafics sordides qui entachent cette opération éminemment humanitaire, des balises de géo-localisation ont été dissimulées dans les containers chargés de produits alimentaires et de médicaments. L'Institut européen des études stratégiques qui dévoile le rapport de l'OLAF signale que pour les besoins de l'enquête qui a duré six mois, l'Office d'aide humanitaire de la commission européenne (ECHO) a tenté de cerner l'ampleur d'un trafic des plus viles en faisant du terrain en Algérie, au Maroc et dans d'autres pays de la région. L'enquête aboutit à des vérités aussi inédites que surprenantes. Une fois que l'aide humanitaire arrive à Oran, «elle met en moyenne 48 jours pour être finalement acheminée aux camps de Tindouf alors qu'une grande partie des chargements ne parvient jamais aux populations sahraouies dans le besoin». L'OLAF n'y va pas de main morte lorsqu'il s'agit d'établir les responsabilités. Ses conclusions sont assez édifiantes en ce sens qu'elles clouent au pilori et le croissant rouge algérien, premier bénéficiaire du détournement de l'aide humanitaire, et les dirigeants du Polisario. Et le rapport ne se contente pas de pointer du doigt les responsables de ce scandale, mais va plus loin en identifiant les raisons qui poussent les dignitaires du mouvement séparatiste à se jouer de l'élan de générosité de la communauté internationale. Ceux-là même qui profitent de cette manne financière pour acquérir des armes, mais aussi et surtout, indique le rapport, « des biens immobiliers personnels aux Canaries ou en Espagne ». La messe est dite. Et les enquêteurs de l'OLAF ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Car ils ont réussi à localiser avec précision les caches utilisées par les chefs du Polisario pour stocker l'aide détournée avant de la redistribuer sur les marchés sub-sahariens. Et identifié les responsables du Front coupables de ces détournements ainsi qu'une partie des villas de luxe acquises dans le Sud de l'Espagne ! Quant à la responsabilité directe de l'Algérie qui charrie sur le soutien aux «justes causes», elle est dûment établie à travers l'utilisation des fonds alloués au Polisario pour faire tourner les popotes via les achats des denrées sur le marché algérien. «Les autorités algériennes appliquent, illégalement, des taxes sur ces achats», souligne le rapport. Voilà pourquoi l'institut souligne que l'aide humanitaire européenne sert «à enrichir l'Etat algérien par le biais de son système fiscal». On comprend dès lors les raisons qui poussent les adversaires de la cause saharienne marocaine à vouloir perpétuer un conflit factice. En rejetant la solution politique faite par Rabat et en opposant le veto sur toute initiative visant à recenser les populations séquestrées dans les camps. Voilà un fonds de commerce des plus juteux qui explique, en partie, le fond du problème saharien…