A la redécouverte d'un patrimoine éblouissant Par Abdelilah EDGHOUGUI (Map) Le somptueux patrimoine culturel national, puisant ses racines dans les différentes civilisations qui se sont succédé au Royaume, fait de lui un héritage très convoité et dans la ligne de mire de tentatives acharnées d'imitation, voire d'appropriation. En effet, ce n'est pas un hasard si la ville de Rabat s'est vue désigner comme capitale culturelle du monde islamique pour l'année 2022. Ce couronnement vient confirmer son statut civilisationnel en tant que capitale du Royaume, mais aussi un levier culturel pour le développement de toute la région Rabat-Salé-Kénitra (RSK). Dans cette lancée et pour promouvoir et labelliser ce patrimoine culturel, le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication a lancé, dernièrement, le Label « Moroccan Heritage ». S'inscrivant dans le cadre du « mois du patrimoine », célébré du 18 avril au 18 mai, cette initiative s'assigne comme objectif de valoriser le patrimoine en fonction des particularités culturelles de chaque région. Ainsi, forte de son passé glorieux, de son présent lumineux et de son patrimoine culturel matériel et immatériel, la région RSK se positionne aussi en tête du peloton des villes qui abritent énormément de monuments historiques et sites archéologiques classés patrimoine national ou mondial de l'Unesco. Chellah, Kasbah des Oudayas, Tarab Al Ala, le Moussem de procession des cierges de Salé, autant de patrimoines matériels et immatériels à protéger et à valoriser, dans la foulée de l'implémentation d'un nouveau modèle culturel axé sur le développement territorial. A la redécouverte d'un patrimoine éblouissant. Dans cette dynamique, plusieurs actions ont été entreprises pour sauvegarder ce patrimoine, dont une étude de traitement paysager du site archéologique de Chellah. Pour ce faire, une équipe franco-marocaine a procédé à une opération d'analyse et de diagnostic en vue de percer le mystère de ce site, offrant ainsi un voyage spatio-temporel inédit, à même de le rendre un espace d'accueil et d'évènements par excellence. Conçu et dirigé par un gotha d'archéologues marocains et français, un programme de coopération scientifique interdisciplinaire a été élaboré pour démystifier les secrets enfouis depuis des millénaires de plusieurs sites archéologiques implantés au quatre coins du Royaume. Pour faciliter la tâche aux experts dans leurs opérations de fouilles et de restauration, il a été procédé à la « numérisation » de tous les sites historiques à l'aide de la technique d'imagerie 3D. C'est ainsi qu'intervient le lancement de l'application électronique « Route des Empires » en partenariat avec l'Ambassade de France et le Centre « Jacques Berque », pour permettre aux utilisateurs de faire une visite virtuelle en 3D de ces sites. Par ailleurs, une série d'activités a été programmée à travers la région RSK suivant un calendrier précis tout au long du « mois du patrimoine », et ce pour faire valoir son patrimoine matériel et immatériel, a confié à la MAP, Abdelkader Chergui, Conservateur Régional du Patrimoine Culturel. Ainsi, l'Université Ibn Tofail à Kénitra a abrité, le 20 avril dernier, une journée scientifique organisée par le laboratoire de l'histoire et du patrimoine sur la thématique « Histoire, Patrimoine et développement territorial ». De même, le site archéologique « Chellah », poursuit-il, accueille entre 12 et 18 mai la présentation de l'ouvrage « De Salé à Chellah… Mémoire d'une ville », de l'écrivain Sidi Mohamed El Ayoud, ainsi que l'organisation de visites-ateliers au profit des jeunes enfants afin de les initier aux techniques, méthodes et matériaux de restauration, d'entretien des bâtiments historiques et de réhabilitation des sites archéologiques. La région RSK n'a pas encore livré tous ses secrets patrimoniaux. Si Rabat et environs se vantent des leurs sites et monuments historiques, le territoire du Gharb, qui comprend trois provinces Kénitra, Sidi Kacem et Sidi Slimane, regorge, quant à lui, un potentiel patrimonial à ne pas négliger. Sa position géographique de charnière entre le Nord et le Sud du Maroc, ainsi que son potentiel naturel ont permis l'installation de nombreuses civilisations depuis l'aube de l'histoire. « Entre époque préhistorique et vestiges archéologiques préislamiques, la région du Gharb témoignent d'une occupation humaine depuis le Paléolithique et pendant le Néolithique et la Protohistoire », a confié à la MAP, Abderrahim Mohib, Conservateur principal des Monuments et Sites à la Direction provinciale de la Culture à Kénitra. « Le territoire du Gharb est connu pour sa richesse incomparable en sites préromains et romains. Les recherches y ont démontré une forte densité d'occupation antique avec l'identification de plus de 150 sites. Du IIème siècle av. J-C jusqu'au IIIème siècle, le Gharb a vu débarquer les Romains attirés par les richesses naturelles de la région, notamment ses terres fertiles, ses forêts, et l'Oued Sebou », a tenu à préciser ce chercheur en Préhistoire. En charge des missions d'exploration du patrimoine local, M. Mohib a noté que les sites romains de la région constituent un grand trésor du patrimoine national notamment la ville de « Banasa » (Site classé dans la liste du Patrimoine national en 1930), le site « Thamusida » (Site classé dans la liste du Patrimoine national en 2001), « Rhira » (Site classé dans la liste du Patrimoine national en 2001), Souk El Arbaâ (Vospisciana), la Kasbah de Mehdia (Site classé dans la liste du Patrimoine national en 1916) et la Kasbah de Kénitra (site inscrit dans la liste du Patrimoine culturel national en 2018). Pour M. Mohib les innombrables monuments historiques et sites archéologiques de la région du Gharb « témoignent de son passé glorieux et constituent un patrimoine incontournable qui doit être conservé, valorisé et intégré dans la politique économique, culturelle et sociale afin qu'il soit un vrai facteur de développement durable ». Pour cela, la Direction provinciale de la Culture à Kénitra a programmé l'organisation de certaines actions notamment une conférence dédiée aux élèves du collège Don Bosco sur « le Patrimoine culturel matériel et immatériel au Maroc, richesse et diversité », une soirée de la musique patrimoniale de l'art du Melhoun au centre culturel de Kénitra. Dans le même sillage, sont programmés aussi une exposition de photos sur les sites archéologiques et monuments historique du Gharb à la galerie du centre culturel de Kénitra, ainsi qu'une autre exposition à Mehdia sur la poterie et un atelier sur la technique traditionnelle de la distillation de l'eau de rose, galerie du centre culturel de Kénitra.