Le Maroc regorge de sites archéologiques d'exception, mais la plupart sont méconnus dans le royaume. L'archéologie est-elle suffisamment mise en avant par les opérateurs touristiques marocains ? Le Maroc est riche de son histoire et des monuments qui s'érigent comme les témoignages des nombreuses civilisations qui y ont vécu. Raison pour laquelle des archéologues originaires de 14 pays ont rappelé, récemment à Bahreïn lors d'une conférence consacrée à l'archéologie islamique, l'importance de promouvoir les nombreux sites archéologiques de la période islamique dont regorge le continent africain. Yabiladi a contacté Ahmed Ettahiri, archéologue spécialisé dans la période islamique et Abdallah Alaoui, directeur du patrimoine culturel au sein du ministère de la Culture et de la communication, pour en savoir plus. Ahmed Ettahiri déplore en premier lieu le nombre très réduit des sites archéologiques classés en tant que «monuments nationaux». La plupart des sites classés datent «de la période romaine», explique l'archéologue, affirmant au passage qu'il est très regrettable de constater que la préservation des sites islamiques se limitent aux monuments situés dans les centres historiques comme les médersas et les remparts. «En revanche, les sites d'époque antique et plus particulièrement ceux datant de l'occupation romaine comme Volubilis, Lixus, Tamuda et Chellah sont classés depuis le début du XXe siècle et bénéficient tous de plans de gestion, de conservations et d'opération de désherbage et d'entretien depuis bien longtemps», tempère Ahmed Ettahiri. Reste que la stratégie pour trier inventorier, classer et préserver les sites est «quasiment inexistante», regrette-t-il. Et d'ajouter : «Il y a un manque de vision et d'approche des autorités de la Culture, qui sont pourtant en charge du dossier. Des sites majeurs comme les villes d'al-Basra (région d'Ouazzane) et de Tamdoult (à l'ouest de Tata) et bien d'autres sont délaissés». «Budget insignifiant» La direction du patrimoine culturel du ministère de la Culture et de la communication tient un tout autre discours. Abdellah Alaoui, directeur de cette section, indique que son département «aménage les sites en incluant la mise en valeur touristique». «Nous faisons notre travail de sauvegarde et de mise en valeur», assure-t-il, déplorant toutefois le «budget insignifiant» dont dispose le ministère pour gérer l'ensemble du patrimoine culturel. «Cette section dispose de 0,23% du budget alloué par le ministère de la Culture, tandis que la direction du patrimoine n'en a que 0,001%», clame Abdellah Alaoui. Ce dernier reproche à l'Office du tourisme de ne pas faire sa part du travail. «Les anciens sites tels que Volubilis font partie des circuits touristiques. Les autres endroits archéologiques ont peu ou presque pas de touristes», ajoute-t-il. Contacté par Yabiladi, l'Office du tourisme n'a pas été mesure de fournir des informations concrètes concernant la promotion des sites archéologiques. «Des voyages de presse sont organisés pour les journalistes marocains et étrangers», s'est contentée de déclarer une source. L'archéologue Ahmed Ettahiri concède que la direction du patrimoine culturel du ministère de la Culture et de la communication «a pris durant la dernière décennie des initiatives pour la conservation des sites de la période islamique, mais aussi en créant des 'Maisons de l'archéologie' pour y promouvoir la recherche archéologique et la mise en valeur de leurs vestiges patrimoniaux». Ahmed Ettahiri précise que «sans une carte archéologique nationale l'hémorragie va continuer et sans une stratégie nationale de mise en valeur et de promotion, le patrimoine archéologique restera en marge des circuits touristiques et par conséquent, il ne contribuera pas au développement du pays».