Les confréries entre ordre religieux et mysticisme Confrérie religieuse marocaine fondée au XVe siècle par Muhammad ben Aïssâ, la Isawīya s'apparente, dans une large mesure, à la confrérie appelée shāḍiliyya, mais elle s'en distingue par certaines pratiques particulières telles que le dhīkr, qui est une danse litanique se terminant par une sorte de convulsion où le sujet, en extase, devient insensible aux douleurs, dans un mouvement monotone et saccadé d'avant en arrière ; les adeptes se tiennent par les mains et forment un cercle autour d'un brasier ; ils sont souvent guidés par un initiateur qui récite des chants ou des poèmes mystiques. Selon la légende, Dieu aurait gratifié Muḥammad ibn Aïssâ et ses disciples d'une immunité complète contre les blessures et les maladies, ce qui leur confère le pouvoir d'expulser le mal. Il est surnommé le « Maître Parfait » (Chaykh al-Kâmil) et originaire de la ville de Taroudant. La confrérie est née de l'effort de Muḥammad ibn Aïssâ en vue de rassembler les musulmans de Miknāsah et de Fās contre les incursions espagnoles et portugaises en Afrique du Nord, région dans laquelle la Isawīya possède encore actuellement des zawiyas presque partout, mais surtout au Maroc, dans l'Oranais (contrée de Remchī), et en Tunisie (Tunis, Sfax, Bizerte et Djerba). Il faut dire que le fondateur de la confrérie des Aïssâwa est un personnage énigmatique dont la généalogie est sujette à controverse. Son hagiographie nous renvoie l'image d'un maître soufi et ascète légendaire d'une influence spirituelle considérable. Son mausolée est aujourd'hui dans la zaouïa qu'il fit bâtir de son vivant à Meknès, sainte demeure où se recueillent encore aujourd'hui plusieurs dizaines de fidèles au quotidien. Muhammad ben Aïssâ fut initié au soufisme par trois maîtres de la tariqa Chadhiliyya / Jazûliyya : il s'agit de 'Abbâs Ahmad al-Hâritî (Meknès), Muhammad 'Abd al-'Azîz at-Tabbâ' (Marrakech) et Muhammad as-Saghîr as-Sahlî (Fès). À l'origine clairement orthodoxe, la confrérie des Aïssâwa est devenu un phénomène social complexe, à la charnière du sacré et du profane, du domaine privé et public et des cultures savantes et populaires. Les Aïssâwa sont célèbres dans le monde arabe pour leur musique spirituelle caractérisée par l'utilisation du hautbois ghaita (syn. mizmar, zurna), de chants collectifs d'hymnes religieux accompagnés par un orchestre de percussions utilisant des éléments de polyrythmie. Respecter l'islam sunnite Leur complexe cérémonie rituelle, qui met en scène des danses symboliques amenant les participants à la transe, se déroule d'une part dans la sphère privée au cours de soirées domestiques organisées à la demande de particuliers (les lîla-s), et, d'autre part, dans la sphère publique lors des célébrations des fêtes patronales (les moussem-s, qui sont aussi des pèlerinages) et des festivités touristiques (spectacles folkloriques) ou religieuses (Ramadan, mawlid ou naissance du prophète de l'islam, Mahomet). Au niveau doctrinal, l'enseignement spirituel des Aïssâwa s'inscrit dans la tradition mystique qui lui est historiquement antérieure, la tariqa Chadhiliyya / Jazûliyya. Sans entrer dans les détails, cet enseignement religieux, apparu au XVe siècle à Marrakech, est la méthode mystique la plus orthodoxe apparue au Maghreb. Les disciples Aïssâwî sont tenus de respecter les recommandations de leur fondateur : suivre l'islam sunnite tout en pratiquant des litanies surérogatoires vocales comme la longue prière connue sous le nom de « Gloire à l'Eternel » (al-hizb Subhân al-Dâ`im). La méthode Aïssâwa originelle ne fait pas mention de pratiques rituelles extatiques (musiques, les danses et les chants). la zaouïa-mère situé à Meknès a été totalement rebâtie trois siècles plus tard par le sultan Moulay Muhammad ben 'Abdallah. Rénovée de façon régulière, la demeure est dotée d'une envergure nationale et transnationale. La zaouïa-mère est ouverte au public tous les jours de l'année du lever au coucher du soleil. Elle abrite aujourd'hui trois principaux tombeaux : celui du Chaykh al-Kâmil, celui de son disciple favori Abû ar-Rawâyil et celui du fils supposé du fondateur, Aïssâ al-Mehdi. Leg RDC 4 : Le Mausolée de Sidi Mohamed Ben Aîssa (le fondateur de la confrérie " Aissaoua" mort en 1523) / Meknès (Maroc) 1925