Nabil El Bousaadi Si Kassym-Jomart Tokaïev, le président du Karakhstan, cette ancienne république de l'ex-Union Soviétique qui est aussi le plus grand pays d'Asie Centrale et qui est ébranlée, ces derniers jours, par d'importantes manifestations a, non seulement rejeté, ce vendredi, toute possibilité de négociation avec les protestataires en la qualifiant d' « absurde », mais surtout et comme il l'a déclaré lui-même, «donné l'ordre aux forces de l'ordre et à l'armée de tirer pour tuer sans avertissement», c'est que la situation est très grave... «Quel genre de négociations peut-on avoir avec des criminels, avec des meurtriers ? Nous avons eu affaire à des bandits armés et entraînés (...) Il faut les détruire et ce sera fait d'ici peu» a lancé, à la télévision, le président kasakh avant d'ajouter que la ville d'Almaty, qui était l'ancienne capitale du pays avant que Nursultan ne soit choisie par le pouvoir en place pour la remplacer, aurait été attaquée par «20.000 bandits» avec un «plan clair, des actions bien coordonnées et un haut degré de préparation au combat»; le tout, à l'instigation de «médias libres et de certaines personnes à l'étranger». Les affrontements avec les forces de l'ordre s'étant multipliés dans l'ancienne capitale du pays, très peu de bâtiments ont échappé à la vindicte populaire. Ainsi, durant les journées de lundi et mardi, plusieurs boutiques furent saccagées et divers bâtiments administratifs, dont la mairie d'Almaty et le palais présidentiel, furent pris d'assaut et partiellement détruits par les manifestants. Pour rappel, lorsque, pour dénoncer leurs déplorables conditions de travail et l'insuffisance des salaires qu'ils perçoivent, les ouvriers d'un site pétrolier de Zhanaozen, s'étaient mis en grève, en 2011, quatorze d'entre eux avaient été tués par les forces de l'ordre venues réprimer la manifestation. Mais si, cette fois-ci, c'est d'abord pour montrer leur désaccord avec une augmentation subite du prix du gaz mais aussi pour dénoncer de nombreux autres dysfonctionnements concernant la marche du pays, que dimanche dernier, plusieurs milliers de personnes étaient descendues dans les rues des principales villes du pays, force est de reconnaître qu'au-delà même du coût de la vie et des inégalités sociales qui rythment le quotidien des kazakhs, c'est plutôt contre un pouvoir qui n'a pas changé depuis cette indépendance du pays qui avait fait suite à l'effondrement de l'URSS en 1991 que la population ne cesse de s'indigner. Ainsi, après avoir débuté, la semaine dernière, dans les rues de Zhanaozen, riche en ressources pétrolières, la contestation avait rapidement fait tâche d'huile en touchant la grande ville régionale d'Aktau, sur les bords de la Mer Caspienne avant de s'étendre aux autres régions du pays. Face à un tel déchaînement de violence, le président Kassym-Jomart Tokaïev n'avait pas d'autre alternative que celle de réclamer l'aide de Moscou et, dès jeudi, un contingent de troupes russes est arrivé au Kazakhstan afin d'épauler les forces de l'ordre et d'appuyer le pouvoir en place. Aussi, après avoir vivement remercié, dans une allocution télévisée, le président russe pour avoir répondu très rapidement» à sa demande, le président kazakh, qui avait eu la veille une longue conversation avec le chef du Kremlin à propos de la crise que vit le Kazakhstan, a, dès le lendemain, assuré qu'après les journées de violence qu'a connu le pays, «l'ordre constitutionnel a été largement rétabli dans toutes les régions» du Kazakhstan. Est-ce à dire que les manifestants vont rentrer chez eux et que le Kazakhstan va retrouver la paix ? Difficile d'y croire mais attendons pour voir...