Marco Baratto, auteur de l'ouvrage « le défi de l'Islam en Italie » Auteur du nouvel ouvrage « le défi de l'Islam en Italie entre contraintes européennes et risques de radicalisation », Marco Baratto dissèque, dans un entretien à la MAP, la place privilégiée de l'islam en Italie et met en avant le modèle marocain en matière de lutte contre la radicalisation. Vous venez de publier un ouvrage sur ''le défi de l'Islam en Italie entre contraintes européennes et risques de radicalisation ?'', quelles en sont les grandes lignes ? C'est un ouvrage de réflexion qui revient sur la présence importante de la religion musulmane en Italie, tout en insistant sur la nécessité d'entamer un dialogue constructif entre les différentes religions. J'ai tenté d'étudier l'histoire de l'Islam en Italie, tout en présentant ses différentes structures, son cadre juridique et la lutte de la péninsule contre l'extrémisme. Par ailleurs, l'ouvrage a mené une étude sur le dialogue interreligieux et la lutte contre l'extrémisme, à travers notamment le cas du Maroc. Le livre a été préfacé par l'ancien ministre de la défense italien et ex vice-président du parlement européen, Mario Mauro, qui a toujours œuvré pour le dialogue entre les pays de la méditerranée. Quelle place occupe l'islam en Italie, selon vous ? La présence de l'Islam en Italie, qui remonte dans l'histoire, a pris, ces dernières années, une visibilité de grande portée en raison des phénomènes migratoires des années 80 et 90. Représenté par une large communauté, l'islam est la deuxième religion après le christianisme. C'est pour cela que j'appelle à favoriser un « Islam en Italie » non pas un « islam italien ». Il ne faut pas chercher à adapter la religion musulmane à l'Etat italien. Elle doit bénéficier d'un traitement égal aux autres religions, tout en veillant au respect de ses valeurs et ses traditions. De manière globale, les religions autres que la catholique ont le droit de s'organiser selon leurs propres statuts, à partir du moment qu'elles ne s'opposent pas à l'ordre juridique italien. Quel regard portez-vous sur le modèle marocain en matière de lutte contre la radicalisation ? Le Royaume a mis en place une politique multidimensionnelle et intégrée pour lutter contre la radicalisation qui repose sur les piliers de prévention, à travers la structuration du champ religieux, et de sécurité. Dans le souci de préserver le référentiel religieux du Maroc, basé sur la modération, l'ouverture et la tolérance, et de prémunir le Royaume contre l'extrémisme violent, le Maroc mène inlassablement des efforts pour immuniser le champ religieux contre toute dérive. Cet engagement passe notamment par la réforme des programmes d'enseignement religieux en leur assurant une ouverture sur les autres disciplines et cultures, la qualification des imams, la valorisation du rôle de la femme et l'amélioration de sa représentation dans les structures religieuses. Sur le plan sécuritaire, la stratégie mise en place par le Maroc pour la prévention et la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme religieux dans le but d'éradiquer ce fléau qui menace non seulement le Maroc, mais toute la région, se base sur la vigilance, la veille et la prévention d'actes malveillants. L'Italie doit s'inspirer du modèle marocain, qui ne cesse de faire ses preuves, notant que le Royaume est un exemple réussi de tolérance, de coexistence et dialogue interreligieux.