Directeur du Bureau central d'investigations judiciaires Le Directeur du Bureau central d'investigations judiciaires (BCIJ), M. Cherkaoui Habboub, a indiqué que l'action du Bureau est fondée sur une stratégie adoptée par le Royaume depuis les attentats du 16 mai 2003, laquelle s'appuie sur une approche sécuritaire holistique, intégrée, multidimensionnelle et proactive. M. Habboub, qui était mardi l'invité du journal du soir de la chaîne d'information en continu de la MAP (M24), a relevé que le BCIJ a réalisé des résultats positifs en procédant, depuis sa création, au démantèlement de 86 cellules terroristes, dont 80 en lien avec l'organisation de Daech et 6 autres acquises à l'idéologie de la nébuleuse Al-Istihlal wal Fay'e qui, pour financer des actes terroristes, légitimise des activités illicites comme le vol et le cambriolage contre des personnes qu'elle considère comme infidèles. L'action du BCIJ, qui relève de la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST), a également permis de traduire en justice 1.400 individus, dont 56 récidivistes dans le cadre des affaires de terrorisme, 35 mineurs et 14 femmes, a-t-il précisé. Il a relevé que cette action s'inscrit dans le cadre des efforts consentis par la DGST et s'appuie sur les renseignements précieux et précis que fournissent les services de la DGST dont relève le BCIJ. Etant le bras judiciaire de la DGST, le champ de compétence du BCIJ est national, a-t-il dit, ajoutant que le législateur a défini le champ d'intervention du Bureau en vertu de l'article 108 du code de la procédure pénale, à savoir les crimes de terrorisme, le banditisme, le trafic de stupéfiants, le trafic d'armes et d'explosifs, l'atteinte à la sûreté de l'Etat, l'enlèvement et séquestration et l'empoisonnement. M. Habboub a également indiqué que le BCIJ agit sur la base de renseignements fournis par la DGST dans le cadre des efforts consentis par ses services, précisant que le Bureau analyse et exploite ces informations de manière optimale. Ces renseignements interviennent au moment opportun d'autant plus qu'ils permettent de suivre tout ce qui pourrait prévenir la menace terroriste et appréhender les individus aux idéologies extrémistes, a-t-il noté, soulignant que ces informations permettent aussi une étroite coordination entre l'ensemble des services sécuritaires nationaux, chacun dans son champ de compétence. Le Maroc a adopté, depuis 2003, une stratégie nationale proactive, basée sur une approche globale et multidimensionnelle qui couvre non seulement le volet sécuritaire, mais aussi les aspects socio-économique, juridique et religieux, a fait remarquer M. Habboub, signalant que cette stratégie a permis au Maroc de se positionner en tant que partenaire stratégique dans ce domaine à l'échelle internationale. Le directeur du BCIJ a rappelé que depuis les événements du 11 septembre 2001, le Royaume s'est engagé pleinement et sans condition, aux côtés des pays de la coalition contre le terrorisme et l'extrémisme violent, devenant par conséquent une cible des organisations terroristes internationales. "On ne peut pas vaincre le terrorisme et l'extrémisme violent sans une coopération internationale étroite", a-t-il insisté. Dans ce cadre, le Maroc a adopté et signé tous les accords et traités juridiques, a dit Habboub, affirmant que la DGST accorde une importance primordiale à la coopération sécuritaire et en matière de renseignement international à travers l'échange d'informations, d'expériences et d'expertises dans le but de lutter contre le fléau du terrorisme. Il a, dans ce sens, insisté sur l'importance de la coopération internationale, la coordination sécuritaire entre tous les services, l'exploitation optimale de l'information tout en faisant preuve de dévouement, de vigilance et de proactivité, ajoutant que le rôle du Maroc en tant que partenaire stratégique ne se limite pas à la lutte contre le terrorisme au niveau local ou national mais se prolonge au delà des frontières. La coopération internationale du Maroc comprend tous ses partenaires en Europe, dans le monde arabe, en Afrique ainsi qu'aux Etats-Unis, a-t-il fait savoir, notant que Washington entretient d'excellents liens de coopération avec le Maroc ayant débouché sur le démantèlement de plusieurs cellules, dont celle mise hors d'état de nuire le 25 mars 2021 à Oujda, grâce à la coopération entre les services de la DGST et les services de renseignements américains. "Nous sommes confrontés à des défis sécuritaires et des dangers considérables qui ne menacent pas uniquement le Maroc, mais tous les pays du Maghreb, de la région sahélosaharienne et du monde entier", a averti M. Habboub, estimant que la région du Sahel est devenue un terrain fertile, un lieu sûr et un refuge pour les organisations terroristes, en particulier après la défaite de Daech dans la région ainsi qu'en Irak et en Syrie. Après avoir subi un grand revers de la part des pays de la Coalition, les organisations terroristes ont délocalisé leurs activités au Sahel, où existaient et où se maintiennent toujours d'autres organisations comme le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) relevant d'Al-Qaïda, ainsi qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a-t-il rappelé. Le véritable danger aujourd'hui, a mis en garde le directeur du BCIJ, est du côté des camps de Tindouf qui abritent le front séparatiste du polisario, dont de nombreux membres, comme cela a été prouvé, ont rejoint ces organisations. Une centaine de membres du polisario ont rejoint des organisations terroristes, notamment AQMI, a-t-il précisé. "La coopération est essentielle, mais l'Algérie ne coopère pas dans de ce domaine, ce qui constitue un danger non seulement pour l'Algérie mais pour la région dans son ensemble et laisse le champ libre aux organisations terroristes pour se proliférer et intensifier leurs activités, d'autant plus que le Sahel est une région vaste avec des frontières poreuses", a déploré le directeur du BCIJ. Le Royaume du Maroc est conscient de ces enjeux et ses services de sécurité, constamment vigilants, gardent à l'esprit que le danger plane toujours sur le Sahel et l'Afrique subsaharienne où prolifèrent les organisations terroristes, a conclu le directeur du BCIJ.