Coupe du monde 2022 Pour l'Italie, le Qatar est encore loin. Grands absents du Mondial-2018, les champions d'Europe ont raté en Irlande du Nord (0-0) le billet direct pour la prochaine Coupe du monde, chipé par la Suisse, et devront de nouveau jouer d'incertains barrages. « Quelle déception! », ont soupiré la Gazzetta dello Sport et tous les médias italiens, sitôt le coup de sifflet final: le duel final à distance a été gagné par la Suisse, brillante face à la Bulgarie (4-0), alors qu'une terne Italie a été incapable de forcer le verrou nord-irlandais. La Suisse termine en tête avec deux points d'avance sur les Azzurri. Belfast, où l'Italie avait déjà filé une qualification Coupe du monde en 1958 en s'inclinant lors d'un match décisif de qualification (1-2), aura de nouveau été une terre de désillusion pour la Nazionale. L'équipe de Roberto Mancini a bel et bien perdu la vitesse et l'enthousiasme qui l'ont emmenée sur le toit de l'Europe il y a cinq mois. Et malgré le monopole du ballon (près de 70% de possession), elle aura buté sur la compacte défense nord-irlandaise, invaincue à domicile pendant les qualifications. D'ici mars, la date des barrages, l'Italie va avoir le loisir de se reprendre mais aussi de trembler en repensant au traumatisme de novembre 2017: ce barrage perdu contre la Suède (0-1, 0-0), la privant de Coupe du monde pour la première fois depuis 60 ans, une apocalypse pour une génération de tifosi. La Suède, qui a fini elle aussi deuxième de son groupe, est d'ailleurs l'un des adversaires que l'Italie pourrait retrouver sur sa route, avec d'autres gros clients possibles (Portugal, Pologne, Russie…). En ramenant de la sérénité, du jeu et un titre, Roberto Mancini semblait avoir relégué ces fantômes aux oubliettes. Mais ils ont brutalement rattrapé l'Italie en ce mois de novembre, avec deux nuls contre la Suisse (1-1) puis en Irlande du nord. Comme attendu, l'Italie a confisqué le ballon d'entrée, balayant le terrain pour tenter de trouver quelques espaces entre onze joueurs nord-irlandais totalement repliés dans leur moitié de terrain. Les tentatives de la Squadra Azzurra ont souvent manqué d'impact pour pouvoir inquiéter le portier nord-irlandais, serein devant Giovanni Di Lorenzo (8e), Nicolo Barella (18e), Lorenzo Insigne (28e, 37e) et Federico Chiesa (32e). Il y a souvent eu un peu trop de précipitation dans les choix des Azzurri, dont les dynamiteurs habituels – Chiesa, Barella, Berardi – ne sont pas parvenus à s'extirper de la nasse. L'Italie a même frôlé la correctionnelle en seconde période, Gianluigi Donnarumma sortant un arrêt déterminant devant George Saville (51e), juste après que la Suisse a pris les devants en ouvrant la marque contre la Bulgarie. Leonardo Bonucci a aussi évité l'humiliation d'une défaite en fin de match en sauvant un ballon brûlant devant sa ligne. Face à la désespérante stérilité de son équipe (Chiesa à côté, 63e), Mancini a joué le tout pour le tout en lançant Andrea Belotti, Federico Bernardeschi et Manuel Locatelli, mais sans changer le sens d'un match brouillon. Les barrages que toute l'Italie redoutait attendent désormais les champions d'Europe: il faudra cette fois enfin gagner, ce que les Azzurri n'ont fait que deux fois en sept matches depuis leur sacre européen à Wembley. Le Mondial? « Je suis totalement confiant, et peut-être même que nous le gagnerons… », assure toutefois l'incorrigible optimiste Mancini.