Mohamed Nait Youssef La mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe a connu un retard remarquable et inexplicable. Aujourd'hui, le débat renaît de ses cendres quand la députée du Groupe du Progrès et du Socialisme (GPPS), Khadija Arouhal, a attiré l'attention, lundi dernier, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, sur la nécessité de mettre en place les moyens logistiques nécessaires, par le bureau de la Chambre des représentants, afin de transmettre le déroulement des séances aux citoyennes et citoyens marocains amazighophones. La députée du PPS ayant ouvert le bal des travaux de la séance des questions orales dans le cadre d'une motion d'ordre s'est exprimée en amazighe, deuxième langue officielle du pays, et en arabe pour dénoncer ce manquement tout en appelant l'institution de mettre à la disposition les mécanismes nécessaires afin de surmonter cette entrave. Il fallait en fait le faire. Car cette proposition pertinente et légitime ne pourrait que contribuer, entre autres, à la traduction de l'âme de la Constitution de 2011 qui a introduit l'amazighe comme langue officielle au même titre que l'arabe. Toutefois, le respect des dispositions de l'article 5 de la Constitution est indispensable notamment avec les avancées que notre pays avait réalisées dans ce cadre. Or, il faudrait, en contrepartie, accélérer la cadence du grand chantier ; à savoir l'application des dispositions de la loi organique n° 26-16 relative à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, ainsi que les autres modalités de son intégration dans l'enseignement et les domaines prioritaires de la vie publique. Tout cela ne peut se conjuguer sans une véritable volonté politique et l'implication de différents acteurs concernés afin que cette loi, publiée le 26 septembre 2019 au Bulletin officiel n°9314, puisse remplir pleinement ses fonctions. Il faut rappeler qu'au mois de février 2021, la Chambre des conseillers et l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) ont signé un protocole de coopération ayant pour objectif l'accélération du processus d'intégration de la langue amazighe dans les travaux des séances plénières de la chambre haute du parlement et de ses organes. Au-delà des accords de coopération et de partenariat signés par-ci, par-là, l'amazighe a besoin de son renforcement dans les secteurs de l'enseignement, des médias, de la culture sans oublier les domaines législatif, institutionnel... il faut passer aux choses sérieuses. À sa mise en œuvre.