Le directeur général de Renault a exclu une fusion avec Nissan, dont le français est le principal actionnaire, mais a estimé que « beaucoup plus de coopération » était possible entre les deux constructeurs dans un entretien avec un journal italien publié mercredi. « Depuis 2010, la logique a été toujours de faire converger les organisations (de Renault et Nissan, ndlr) pour préparer la fusion. Je ne vois pas ça, je n'imagine pas une fusion car je ne suis pas sûr que cela ait un sens opérationnel », a déclaré M. de Meo dans une interview au quotidien spécialisé Il Sole-24 Ore. « Je vois en revanche beaucoup plus de coopération et cela sera possible si l'alliance (Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, NDLR) évolue. Dans quelle direction, on verra », a-t-il ajouté. Le président de Renault et de l'alliance, Jean-Dominique Senard, a déjà lui aussi déclaré à plusieurs reprises qu'une fusion n'était plus nécessaire. Les relations entre Renault et Nissan s'étaient tendues en raison notamment de l'inégalité de leurs participations croisées et avaient éclaté au grand jour en 2018-2019 avec l'affaire Carlos Ghosn. M. Ghosn, qui était le grand patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors à l'époque, avait été arrêté puis inculpé au Japon pour diverses malversations financières présumées. Il a fui au Liban fin 2019, d'où il continue de clamer son innocence et de dénoncer un complot ourdi, selon lui, par Nissan avec l'appui du gouvernement japonais, pour le faire tomber et éviter ainsi une union plus étroite avec Renault qui était alors en projet. Le constructeur tricolore, dont l'Etat français possède environ 15% du capital – un autre facteur d'inquiétude pour les Japonais – contrôle 43,4% du capital de Nissan, alors que le constructeur nippon ne détient que 15% des parts de Renault, sans droits de vote. Les relations entre Renault et Nissan se sont réchauffées depuis l'arrivée fin 2019 d'une nouvelle équipe dirigeante pro-alliance à la tête du groupe japonais. Affaiblis par la pandémie et désormais par la pénurie de semi-conducteurs, les trois groupes de l'alliance ont présenté en mai 2020 une nouvelle stratégie mondiale destinée à renforcer leur compétitivité et rentabilité, en s'appuyant chacun sur les forces de l'autre. Interrogé récemment par le quotidien économique japonais Nikkei, un haut responsable de Nissan a toutefois estimé sous couvert de l'anonymat que la relation avec Renault ressemblait plutôt à un « cessez-le-feu », en mettant provisoirement de côté les sujets qui fâchent à cause de difficultés opérationnelles plus urgentes à régler chez l'un comme l'autre. Arrivé en juillet 2020 chez Renault, M. de Meo voit pour sa part dans cette longue alliance un possible facteur de succès. « Nous devons utiliser le fait que nous sommes mariés depuis 20 ans, il y a des enfants, il y a des moments de tension, mais nous avons tant à gagner en restant alignés » dans les politiques de développement futur, a-t-il insisté. « En 2018, Renault-Nissan était techniquement en termes de volumes de ventes et d'immatriculations numéro 1 au monde, mais si le numéro 1 au monde ne gagne pas d'argent ça veut dire que ce modèle ne fonctionne pas sur le long terme », a-t-il dit, expliquant avoir mis Renault « au régime pour faire revenir le groupe à un poids idéal pour ses affaires ».