Le géant pétrolier saoudien Aramco a vu son bénéfice net quasiment quadrupler au deuxième trimestre, notamment grâce au rebond des cours du pétrole et de la demande face à l'allègement des restrictions sanitaires. L'entreprise publique d'Arabie saoudite, premier exportateur de brut au monde, a annoncé dimanche dans un communiqué un bond de 288% de son bénéfice net, à 25,5 milliards de dollars (environ 21,7 milliards d'euros) contre 6,6 milliards de dollars (5,6 milliards d'euros) au deuxième trimestre 2020. Une reprise bienvenue pour le royaume ultradépendant des hydrocarbures. « Nos résultats au deuxième trimestre reflètent un fort rebond de la demande mondiale d'énergie et nous nous dirigeons vers une deuxième moitié de 2021 plus résiliente et plus flexible, la reprise mondiale s'accélérant », a déclaré le PDG d'Aramco Amin Nasser. Les prix du baril tournent actuellement autour de 70 dollars contre un peu plus de 40 l'année dernière, après plusieurs mois marqués par des baisses spectaculaires, entre la crise sanitaire et une guerre des prix qui avait opposé Ryad à Moscou. Vache à lait du royaume, Aramco a aussi annoncé avoir versé 18,8 milliards de dollars de dividendes à ses actionnaires au deuxième trimestre, près de deux ans après son introduction en grande pompe sur la Bourse de Ryad en décembre 2019. Elle prévoit de leur verser la même somme au prochain trimestre. Cette introduction en Bourse, qui a rapporté 29,4 milliards de dollars au royaume grâce à la vente de 1,725% de ses actions, s'inscrit dans la stratégie du royaume pour diversifier son économie et financer des grands projets d'infrastructures. Saudi Aramco avait annoncé à la mi-juin avoir levé 6 milliards de dollars grâce à l'émission d'obligations islamiques libellées en dollars, afin d'assurer le versement d'importants dividendes promis à ses actionnaires lors de l'introduction en Bourse. En avril, l'entreprise avait annoncé la vente pour 12,4 milliards de dollars d'une participation minoritaire dans une entreprise de pipelines à la firme américaine EIG Global Energy Partners. Face à la pandémie de Covid-19 et aux conséquences de la crise sanitaire sur la demande et les prix du brut, le bénéfice net de l'entreprise a chuté de 44,4% en 2020, à 49 milliards de dollars (41 milliards d'euros). Le mois dernier, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, menée par l'Arabie saoudite, et ses alliés (Opep+) ont prolongé un accord de limitation de leur production, avec une légère hausse prévue à partir d'août, mis en place pour soutenir les cours. Plus tôt cette année, l'entreprise d'Etat avait annoncé un bond de 30% de son bénéfice net au premier trimestre, 21,7 milliards de dollars, grâce à un rebond des prix face à l'allègement des restrictions sanitaires. La vaccination contre le Covid-19 s'est par ailleurs invitée dans le communiqué de l'entreprise, qui a annoncé avoir mis en place sa propre campagne, complémentaire du programme national, et administré au moins une dose à 95% de ses employés et 70% de leurs proches. Plus de la moitié des 34 millions d'habitants du royaume avaient reçu au moins une dose du vaccin à la mi-juillet. Les actifs d'Aramco étaient jusqu'à ces dernières années sous le contrôle exclusif de l'Etat saoudien, qui a lâché du lest sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salmane. Ce dernier a annoncé en janvier l'intention de son pays de vendre davantage d'actions Aramco dans les années à venir, l'argent généré devant être transféré au Fonds d'investissement public, principal instrument de la diversification. Il a ajouté fin avril que Ryad avait entamé des discussions avec un groupe étranger afin de lui vendre 1% du capital d'Aramco. Selon certains analystes, l'intérêt des investisseurs internationaux diminue de jour en jour avec la pandémie et alors que les rebelles Houthis au Yémen continuent de revendiquer des attaques de drones et de missiles sur les installations d'Aramco dans le royaume. L'entreprise a toutefois tenté de rassurer dans son communiqué, affirmant avoir une atteint une « fiabilité de 100% pour ses livraisons de brut et d'autres produits au deuxième trimestre ». Les cyberattaques suscitent aussi des craintes. En juillet, Aramco a confirmé une fuite d'une « quantité limitée » de ses données par des contractants tiers.