Ouardirhi Abdelaziz Jamais nos hôpitaux n'ont été aussi sollicités comme ils le sont depuis la pandémie de Covid. Les flux constants de malades et de leurs familles très exigeantes, indisciplinées, ont pesés très lourds sur nos structures sanitaires, et mis à mal les nerfs des professionnels de santé. Charge de travail excessive, présence 24h/24h, nuit et jour. A la longue les rapports deviennent parfois difficiles. Réconcilier le citoyen avec son système de santé est une des principales préoccupations qui ne cessent d'habiter le ministre de la santé. Cette quête constante à la recherche de nouveaux rapports entre les usagers des hôpitaux (malades et leurs familles) vise à asseoir sur des bases solides, saines et pérennes la confiance, la satisfaction, l'efficacité, la qualité, la crédibilité et la transparence qui doivent prévaloir au sein de nos établissements de santé et en particulier les hôpitaux. Depuis sa nomination à la tête du département de la santé, le professeur Khaled Ait Talab ne cesse de mener une véritable bataille pour redorer le blason du système de santé, de hisser haut et fort l'image des professionnels de santé, et ce au moment ou certains hôpitaux souffrent de multiples carences, un constat qui met en cause le manque de compétence managériale de certains directeurs d'hôpitaux. De profondes mutations s'opèrent Nombreux sont les citoyens qui ont une fausse idée, une vue erronée, une connaissance très partielle de nos hôpitaux, de leur organisation et même de leur fonctionnement. En tant que professionnel de santé ayant une expérience de 40 ans, passée uniquement au sein de nos hôpitaux, je puis affirmer en connaissance de cause , que cet état de fait est compréhensible, car pour chaque citoyen qui s'adresse à l'hôpital , la maladie est vécue comme un accident dans le déroulement normal de la vie, pour la grande majorité de nos concitoyens, le recours à l'hospitalisation constitue une épreuve physique et psychologique, que le patient et sa famille s'efforceront d'oublier le plus vite, le plus rapidement possible. Il est vrai que personne ne va à l'hôpital de gaité de cœur, qu'il y a toujours un sentiment d'appréhension, de peur, qui sont souvent majorées par le comportement irresponsable, inacceptable de certaines brebis galeuses, qui malheureusement portent atteinte à l'image de nos services. Nos Hôpitaux ne manquent pas de moyens, mais d'organisation Gestion approximative par manque d'expérience de certains directeurs d'hôpitaux, opacité et manque de transparence quant aux processus de choix, opacité qui permet de masquer des avantages et de justifier des situations acquises , matériel insuffisant ou obsolète, , absentéisme, accueil qui laisse à désirer, gaspillage... sont autant de maux dont souffrent certains hôpitaux qui sont comme des bateaux ingouvernables. La pandémie du Covid est venue de son coté mettre a nue au grand jour des défaillances, des incohérences, des responsables incapables d'assumer pleinement leurs responsabilités ont été demis de leurs fonctions. Vouloir remédier à cette situation, c'est à l'évidence se pencher sur un dossier très difficile auquel n'ont pas pu faire face tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département de la Santé, car il débouche sur la remise en cause globale du système de santé. C'est précisément là où réside le véritable problème car tous ceux qui ont eu à gérer ce département n'ont eu que des patates chaudes entre les mains, autant dire un mauvais cadeau. Nécessité d'une bonne gouvernance Si on devait choisir par ordre de priorité, hormis le Covid qui lui est la priorité numéro un pour l'instant, il nous faut dés a présent agir sur trois éléments clés, si nous voulons changer la perception de la santé chez le citoyen. Il s'agit en premier lieu des urgences qui sont toujours pointées du doigt, puis de la communication qui fait défaut, de l'accueil et l'hygiène et ensuite de la disponibilité des médicaments et des consommables. Ce n'est pas une mission impossible. Nous avons les moyens pour améliorer la situation. Les budgets existent. Le problème est lié à la gestion. On prend des hôpitaux qui ont le même budget mais dont les situations ne se ressemblent pas. La différence a trait au management. Il existe des directeurs d'hôpitaux qui sont capables de gérer, car ils ont suivi une formation particulière en gestion hospitalière (école nationale de santé), alors que d'autres ne savent pas ce que gérer signifie exactement, que ce soit en terme de budget, de patients, de médecins et du personnel infirmier... Ce qui finit à terme par créer des tensions, de provoquer le mécontentement et le malaise aussi bien des professionnels que celui des malades, qui réclament des soins de qualité dans un cadre adapté, et des professionnels compétents. Des situations préoccupantes par endroits alors que la constitution de 2011 inscrit le droit d'accès aux soins comme droit fondamental, ce qui nécessite une bonne gouvernance, une gestion exemplaire, un manager aux compétences avérées, une expérience solide dans le domaine de la gestion des hôpitaux. Le manque d'organisation pointé du doigt Prétendre aujourd'hui que l'hôpital manque de moyens est faux, car les moyens existent, il reste bien entendu à savoir ce que l'on fait de ces moyens? Là est la question. Cette année, le budget de la santé a connu une augmentation malgré la crise sanitaire qui a impacté tous les secteurs Le budget de la Santé est passé de 18 milliards de DH en 2020 à 23 milliards en 2021, ce qui représente 6,9% du budget général de l'Etat, contre 5,5% en 2010 et 6,2% en 2020. Alors manque de moyens, ou manque d'organisation? A l'évidence il y a un manque d'organisation flagrant au niveau de certains hôpitaux, les exemples en la matière sont nombreux. Certains postes de responsabilités sont occupés par des personnelsier , il y a trop de certificats médicaux de complaisance , certains postes de responsabilités sont occupés par des pe qui n'ont pas de profil, absence des tableaux de bords au niveau des services, la gestion des médicaments au niveau de certains services est pratiquement inexistante, les cahiers de charges des activités externalisées ne sont pas toujours respectés pour des raisons parfois évidentes: un gâchis honteux. On se trouve face à un réel manque d'organisation et pas le manque de moyens. Ceux qui affirment le contraire savent qu'ils mentent.