C'est parti ! Comme annoncé dans nos précédentes éditions, le festival de Casablanca a démarré en grande pompe jeudi. La cérémonie d'ouverture de ce festival dans sa sixième édition a été donnée dans la soirée à l'avenue Hassan II de Casablanca avec une foule nombreuse venue comme à son accoutumée profiter de cette manifestation internationale de haut niveau, qui revêt un grand symbole pour tous les Casablancais. La cérémonie d'ouverture du festival de Casablanca a débuté par un magnifique feu d'artifices auquel ont assisté la ministre de la famille de la solidarité et du développement social Nouzha Skalli, le maire de la ville de Casablanca, Mohamed Sajid, André Azoulay, conseiller de S.M le Roi ainsi que l'ex-Garde des sceaux française Rachida Dati. A quelques pas de l'Avenue Hassan II et plus précisément à la place Rachidi, l'ambiance n'était pas différente au sens où le public a répondu présent au grand plaisir et satisfaction des chanteurs et des organisateurs du festival de Casablanca. En effet, Ribab Fusion, ce groupe amazigh, créé à Agadir en 2008 et composé de six membres dont le très connu Bouhssine Foulane, a réussi à marier parfaitement les couleurs amazigh et les tendances modernes afin de créer une musique qui englobe parfaitement, traditions musicales et tendances actuelles. La scène de la place Rachidi a vu également la montée sur scène du chanteur Lee Fields, qui s'est auto- éduqué musicalement dans les choeurs des églises et s'est inspiré des disques d'Eddie Floyd et James Brown. C'est grâce à tout cela qu'il mérite aujourd'hui sa place parmi les rares vétérans de la scène Soul. Plusieurs scènes ont été aménagées afin d'abriter l'événement. En effet, la scène El Hank a vu se produire le groupe Wachmn Hit venu directement de la ville de Kenitra. Le groupe composé de sept jeunes musiciens passionnés représente la fusion made in Kenitra et où l'on sent l'influence des wailers et celle de la musique Gnawa. Le groupe avait déjà remporté le prix du concours Boulevard des jeunes musiciens organisé il y'a quatre ans. Autre figure prisée de la chanson et qui était également présente à El Hank, c'est le célébrissime chanteur Sean Paul. Cet artiste jamaïcain interprète la musique ragga dancehall. Paul compte à son actif plusieurs albums comme Stage One en 2000, Dutty Rock en 2003, The Trinity sorti en 2005, New Age et Imperial Blaze l'année dernière. La scène Sidi Bernoussi de Casablanca et vers laquelle plusieurs mordus des festivals ont également afflués, a vu la production de célèbres groupes marocains tels Nass El Ghiwane, Lemchaheb et Jil Jilala. Ces trois groupes ont longtemps bercé l'inconscient de milliers de Marocains. Malheureusement, ces groupes avaient disparu de la scène à une certaine époque du fait qu'ils aient basculé vers la musique d'opinion, dans un temps mal toléré par certains. Dernière escale de cette première soirée du festival, la scène Ben M'sik où se sont produits les chanteurs Muslim et Jad Chouiri qui ont tous deux créé une ambiance de grande fête à travers leurs interprétations respectives où se sont mariés romantisme prisé par les femmes, et musique rap qui attire davantage la gente masculine. Muslim ce natif de Tanger a, à son actif, plus de trois albums en solo comme “strictly fot my soul jazz” en 2005, “bghini oula krhti” sortie en 2006 et enfin “attamarroud” sorti cette année. Pour sa part, le jeune libanais Jad Choueiri doit sa célébrité à plusieurs titres réussis mais dont le plus célèbre reste sa chanson” oulli izzay”, très connue parmi les jeunes filles. Promenade sonore ! Bien avant ces concerts et en fin d'après midi, des promenades sonores ont été organisées au passage Soumika de Casablanca. Dirigé par une troupe qui se donne le nom de « Ici Même ». Ces jeunes artistes et architectes sont venus directement de la ville de Grenoble. Ils sont là pour une fin purement artistique : vivre l'ambiance des lieux à travers les sons. En effet, cette promenade se fait les yeux fermés, les participants sont accompagnés par des guides professionnels formés pendant des semaines. Les responsables de cette troupe française ont affirmé qu'avant l'organisation de cette promenade, une opération de repérage est obligatoire afin de bien cerner les coins et recoins du centre ville de Casablanca et palier ainsi à tout imprévu ou incident, du fait que c'est une sorte de promenade aveugle. La sécurité un des points forts Pour ce qui est de l'aspect sécuritaire qui accompagne l'organisation de ce festival, Ahmed, un élément de la protection civile a affirmé, que des dispositions sont prises plusieurs jours avant l'ouverture de ce genre de manifestation. Aussi une très grande coordination est nécessaire pour permettre au festival de passer dans des conditions optimales. D'un autre côté, les entrées et sorties des espaces publics et ceux destinés à la presse, sont rigoureusement surveillés à travers un nouveau dispositif informatisé, des douchettes et des lecteurs code-barres sont utilisés afin de contrôler les badges et les passes d'entrées, pour la sécurité de tous et spécialement des représentants des médias. Technique et organisation Techniquement parlant, et dans une déclaration à Al Bayane, Antoine, un ressortissant français résidant au Maroc et qui s'occupe en même temps du volet technique de cet événement, a assuré que toutes les dispositions sont prises afin de garantir la disponibilité du matériel nécessaire que ce soit pour les chanteurs qui se produisent sur scène, ou pour les acrobates qui ont charmé le public durant la cérémonie d'ouverture du festival. Et en cas de défaillance, Antoine précise “ en cas de panne sérieuse, nous faisons tout pour y remédier dans les plus brefs délais, sans que le public ne s'en rende compte”. Micro trottoir Ahmed, venu directement de la ville ocre du Royaume, estime que le festival de Casablanca est une manifestation à encourager et à multiplier à travers tout le pays. Pour lui, cet événement constitue une bouffée d'oxygène pour les Casablancais. Ahmed ajoute “ceux qui estiment que les festivals nuisent aux mœurs, doivent savoir que les Marocains ont droit au plaisir et à manifester leur joie. Il y'a des gens qui viennent de très loin pour assister à ce festival” Les vendeurs ambulants à la place «Maréchal» où s'est tenue la cérémonie d'ouverture du festival de Casablanca, profitent eux aussi, de cet événement. Nouredine, un vendeur de ballons a déclaré qu'il assiste à ce genre de manifestation depuis longtemps. Et Noureddine d'ajouter” les gens viennent en famille pour déguster l'art sous toutes ses couleurs. Ceci participe à la fructification de nos revenus et ça nous réjouit”. Khadija, une spécialiste du henné estime pour sa part, que son commerce connaît une certaine régression durant la période du festival, du fait que les gens sont occupés à suivre le festival. Néanmoins, elle ajoute que ce genre de manifestations est à acclamer. Mohamed, un vendeur de cadres pour photos, estime que le festival de Casablanca est une excellente opportunité pour gagner plus d'argent (…) pour ceux qui veulent bannir ce genre de manifestations, je leur dirais simplement, laissez-nous tranquille ! Nous les Marocains on sait très bien ce qu'on fait et nous n'avons aucunement besoin de vos conseils inutiles (…) celui ou celle qui veut aller vers la débauche n'a pas besoin d'attendre la tenue du festival (…) Au Maroc nous vivons une liberté individuelle que certains veulent étouffer malheureusement”. Certaines personnes ne sont pas totalement satisfaites et estiment que certaines scènes profitent d'un flux important d'artistes de qualité alors que d'autres accueillent des groupes et des artistes qui ne s'adressent qu'à une tranche d'âge précise. Cette première journée de ce festival a été un réel exploit à tous les niveaux. Les Casablancais et tous les Marocains de manière générale, ont démontré leur grand sens de maturité et de savoir-vivre… !