«La démocratisation est à mi-chemin et se heurte à beaucoup d'hésitations» M'Barek TAFSI Le Secrétaire Général du Parti du Progrès et du Socialisme, Mohammed Nabil Benabdallah, qui était l'invité, lundi 19 Avril de « SciencesPo alumni Maroc » dans le cadre du cycle des grands oraux consacré aux législatives marocaines 2021, a exposé de manière exhaustive, pendant plus de deux heures, les grandes lignes de la situation politique et économique dans le pays et les perspectives d'avenir, à quelques mois des prochaines échéances électorales. Lors de la première partie de ce « Grand Oral », consacrée aux questions politiques et animée par Pr Mustapha Sehaimi, le SG du PPS est revenu en détail sur toute l'œuvre de développement réalisée en la matière par le Maroc au cours des dernières décennies et les insuffisances relevées à plusieurs niveaux. Quant à la deuxième partie concernant le volet économique, elle été animée par Pr Ismail Hariki, président de Sciencespo Paris Alumni Maroc, qui a rendu un vibrant hommage au PPS pour le travail studieux et la pertinence de tous les documents qu'il a élaborés dans ce cadre dont le mémorandum présenté à la Commission spéciale sur le modèle de développement, les propositions du parti pour sortir de la crise du Covd-19 et divers autres documents. En politique, des réalisations et des insuffisances Revenant sur le chemin parcouru par le Maroc depuis l'accélération de ce processus politique à la fin des années 90, il a indiqué que le PPS était entré pour la première fois au gouvernement à cette époque, lui qui ne s'imaginait pas dans les années 70 y arriver un jour. Depuis l'avènement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Trône Alaouite et à la fin du règne de feu Sa Majesté Hassan II, une sorte d'accélération de l'histoire avait en effet permis la réconciliation des forces politiques, qui appartenaient à l'opposition, avec le Palais et l'Etat; ce qui avait permis la formation d'un certain nombre de gouvernements auxquels le PPS a participé. Cette expérience a été sanctionnée par un bilan en demi-teinte, étant donné que beaucoup de choses ont été réalisées, avec la participation notamment du PPS, et que beaucoup d'insatisfactions entachent énormément cette œuvre. Le Maroc a avancé sur la démocratie, mais est toujours au milieu avec des hésitations. Sur le plan économique, des réalisations extrêmement intéressantes ont été faites. Mais le pays a dans le même temps une économie qui demeure faiblarde. Au plan social et comme la pandémie du Covid-19 l'a montré, la société marocaine est encore malade de sa précarité et de sa pauvreté. Des millions de personnes ont eu recours à la subvention l'année dernière pour pouvoir subsister. Ce qui signifie qu'on a laissé des centaines de millions de citoyennes et citoyens sur le quai alors que l'on a avancé par ailleurs. Le PPS fidèle à ses racines Interrogé sur le parcours du PPS, il a indiqué que c'est un parti fidèle à ses racines, qui a en même temps une capacité extraordinaire d'adaptation à la réalité. C'est ainsi qu'il avait adopté la RND (Révolution nationale et démocratique) pour se donner les moyens de contribuer à la construction d'un Etat fort et démocratique, autrement dit l'Etat national et démocratique. L'Etat national signifie un Etat souverain sur son territoire, sur sa décision politique et sur sa décision économique. Un Etat démocratique signifie un Etat qui construit progressivement la démocratie et qui arrive à construire une économie solide et répartir équitablement les fruits de cette croissance. Pour ce faire, le PPS a besoin d'alliés car à lui seul il n'est pas capable de réaliser cela. Le parti estimait à l'époque qu'il fallait construire un front national avec l'Istiqlal, l'UNFP et l'USFP et l'Istiqlal dans le cadre de la Koutla, dans le but de réaliser ce qu'il appelle aujourd'hui un Etat national fort et démocratique au lieu de RND, qui peut avoir une connotation qui ne correspond pas à la réalité d'aujourd'hui. En fait, on est encore dans cette phase de la construction d'un Etat national fort et démocratique. PPS et PJD, Koutla et PAM Interrogé sur la participation du PPS aux cabinets dirigés par le PJD, Benabdallah a encore une fois rappelé que la construction de l'Etat national fort et démocratique nécessite impérativement de trouver des alliés. Cette politique des alliances a été toujours très importante pour le PPS qui appartient au camp national patriotique et progressiste. C'est avec de tels partis que le PPS aurait souhaité travailler en allié pour avancer. Malheureusement, la situation n'était pas favorable. A la fin de l'expérience sous le gouvernement de Driss Jettou en 2007, après la première expérience avec Abderrahmane Youssoufi, la Koutla trainait déjà la patte, étant donné que les deux principaux partis de cette coalition, à savoir l'Istiqlal et l'USFP n'arrêtaient pas de se tirer dessus, a-t-il rappelé. Il y avait déjà une grosse divergence entre eux et la Koutla n'existait pratiquement plus. Seul le PPS voulait pérenniser ce front qui regroupait l'Istiqlal, l'USFP et le PPS après avoir regroupé aussi l'UNFP et l'OADP. Donc lorsque des déviations commençaient à s'opérer, alors que le pays était sur une ligne de construction démocratique excellente, l'on a assisté à l'arrivée d'un nouveau parti politique qui voulait remplacer toutes les autres formations politiques, représenter tout seul la ligne de modernité et contrecarrer les islamistes. Ce qui veut dire que les forces traditionnelles marocaines, les composantes de la Koutla n'étaient plus en mesure d'affronter les islamistes. Ce nouveau parti avait la ferme intention d'occuper le premier rang par n'importe quel moyen. Les élections de 2009 ont montré qu'il y avait une forte intervention dans ce sens pour que la première place lui soit accordée. Tout en affirmant n'avoir pas compris le processus de création de ce parti, le SG du PPS s'est dit content de constater aujourd'hui que même le PAM avec sa direction actuelle exprime quasiment la même position en avançant qu'il n'aurait pas dû se positionner comme ça. Réagissant à cette volonté de main mise, le PPS, par la voix de son ex Secrétaire Général Ismail Alaoui était le premier à monter au créneau contre le PAM bien avant le PJD, en le qualifiant de ramassis de MELAQITES, venus de différentes forces politiques sans identité claire. Le PPS avait tapé à la porte des partis de l'Istiqlal et de l'USFP, qui n'ont pas réagi. Ce qui avait amené le PPS et le PJD à établir des contacts, qui se sont soldé par sa participation au gouvernement. Depuis lors, il n'y a pas eu une seule question sur laquelle le PPS est devenu rétrograde sur les plans institutionnel, culturel, social, sociétal, économique en adoptant des positions du PJD. Le PPS représentait la version progressiste de ce rejet et le PJD la version islamiste du projet PAM. A présent les choses ont évolué. La nouvelle direction du PAM, conduite par Abdellatif Ouahbi s'est clairement érigée contre l'orientation officielle. D'abord contre l'ancien SG Ilyas Omari et ensuite contre son successeur Hakim Benchemmas. Cette mouvance à l'intérieur même du PAM critiquait l'approche politique adoptée depuis 2009, en soutenant que le PAM voulait aller trop vite, a-t-il dit, faisant remarquer que le PAM est un parti qui existe et qui a fait sa mue. La direction actuelle dit qu'il n'est pas normal d'avoir des relations déplorables avec l'ensemble des forces politiques nationales. Elle avance qu'il faut se réconcilier avec un certain nombre de forces politiques et le PPS a répondu à leur demande et en particulier après avoir rejoint l'opposition, qui ne comptait que l'Istiqlal et le PAM qui n'avaient aucune coordination entre eux. Et c'est le PPS qui a agi pour créer une sorte de pôle d'opposition pour essayer de lui donner de la contenance. L'autonomie décisionnelle des partis Interrogé sur la nécessité pour un parti politique d'avoir son autonomie de décision, Benabdallah a estimé que pour qu'un parti politique puisse être respecté et avoir une certaine crédibilité, il lui est indispensable d'être jaloux de sa souveraineté et de son autonomie. Malheureusement, a-t-il dit, la grande majorité des partis politiques a pris l'habitude de ne se prononcer sur un certain nombre de questions avant de consulter ou avant de déceler quelque part un feu vert. Or la démocratie a besoin de liberté, de spontanéité, de vivacité et de confiance entre le citoyen et les forces politiques et que chacun assume l'entière responsabilité de ses propos, a-t-il commenté. A partir du moment où l'on est tous dans le cadre constitutionnel, à partir du moment où « Dieu- la patrie -le Roi » est la devise de tous et les constantes de la nation sont respectées, tout le monde doit assumer la responsabilité de ses positions, d'après lui. Et Benabdallah d'affirmer que « Nous ne construisons pas de réelle démocratie dans notre pays tant que nous n'aurons pas créé ce climat d'autonomie, dans lequel la Constitution est là et est au dessus de nous. Toute personne qui la viole sait très bien à quoi elle s'expose. Et par ailleurs, il y a une concurrence politique qui se fait de manière naturelle et les Marocains jugent de ce qui se passe. Il y a un processus électoral. Les gens votent et s'ils voient que la situation se développe de cette manière, le taux de participation augmente et il y aura une réconciliation entre le citoyen et le champ politique, entre le citoyen et la citoyenne et les forces politiques, les institutions et autres ». « Tant que nous n'aurons pas fait ça, je ne pense pas que nous allons construire une démocratie solide et profonde », a ajouté Benabdallah, selon lequel il y a des raisons fortes de voter pour le PPS. Le PPS est le seul parti politique à avoir gardé sa ligne, son autonomie de décision, ses positions fortes, à développer une vision programmatique puissante et à rester vigilent sur la scène politique pour décrocher les critiques qu'il faut là où il faut sur un certain nombre de questions. Le PPS, le seul parti ayant préservé sa ligne et son autonomie Depuis de longues années, le PPS est le seul parti politique à se réunir toutes les semaines et à sortir des déclarations du bureau politique sur toutes les questions qui traversent notre société, petites ou grandes, y compris les plus délicates et les plus difficiles, a-t-il dit. A chaque fois qu'il le faut, le PPS dépose des documents et développe une réflexion approfondie sur des choses. Il produit et communique beaucoup, a-t-il ajouté. Le pays, le parlement, le gouvernement ont besoin d'un parti politique comme le PPS qui développe des idées fortes, qui développe une vision réelle sur la démocratisation du pays, qui est jaloux de son autonomie de décision et qui considère que le pays ne pourra avancer que s'il y a une liberté de ton. Et c'est pour cela que le PPS est utile aujourd'hui. Et ce au moment où il y a des forces et des couches sociales qui souffrent. Le PPS ne défend pas uniquement la démocratie et l'économie. Il est l'une des rares forces à parler de manière sérieuse et profonde de la condition humaine et de ce que les gens vivent au quotidien. Pendant le Covid, il a appelé à des décisions pour le soutien des gens, a applaudi aux décisions de soutien prises par Sa Majesté le Roi et de généralisation de la protection sociale, un projet pour lequel le PPS milite depuis sa création. Il défend l'Etat de droit non seulement sur la question politique mais également sur la situation économique pour construire une économie forte. Interrogé sur le possible score du PPS pendant les prochaines élections, le SG a indiqué que cela dépend de beaucoup de facteurs dont le taux de participation. Le PPS ne compte que sur le vote politique Selon lui, il y a trois types de votants dans le pays : ceux qui se terrent et qui constituent l'électorat du PJD et des islamistes, il y a ceux qui votent par intérêt financier direct le jour des élections ou soit parce qu'il y a une appartenance tribale ou autres. Et il y a une extrême minorité qui vote par conviction. C'est ce qu'on appelle le vote politique. Or ce vote politique est quasiment inexistant aujourd'hui au Maroc. Le PPS en pâtit en première position. Et c'est pour cela que le PPS appelle les gens à venir voter, car ils ne peuvent pas se contenter de critiquer et exprimer leur mécontentement sans aller voter. En un mot, le PPS a la capacité d'obtenir un groupe parlementaire et il va l'obtenir. Et s'il y a un élan national, le PPS est en mesure d'aller un peu plus loin que cela. Les alliances possibles En l'état actuel des choses où la situation est peu claire, il est difficile de se prononcer sur les futures alliances probables. S'il s'agit de continuer ce qui se fait aujourd'hui dans le gouvernement Othmani, l'on pense que la place n'est pas dans une structure gouvernementale similaire. S'il s'agit de se situer dans une perspective dans laquelle le RNI mène le jeu, le PPS dira non. Si c'est autre chose comme cela s'est fait avec le gouvernement d'Abderrahmane Youssoufi ou avec le gouvernement Jettou ou Abbas Fassi ou encore avec Abdelilah Benkirane, dans lequel la perspective démocratique est présente, la construction économique solide est la, le besoin réel de créer une économie forte et de sortir des sentiers battus, dans lequel la dimension sociale est présente, le PPS considère qu'il faut être là dedans pour donner plus de poids à cette orientation. Mais ce qui sera déterminant dans tout ça c'est le score que réalisera le PPS, a-t-il affirmé. L'absence de tout débat politique Abordant la situation politique du pays, il a indiqué qu'aujourd'hui il y a un climat politique qui n'est pas rassurant du tout par rapport au processus électoral. Il n'y a pas de débat et les télévisions publiques sont absentes, alors que l'on est à cinq mois des élections. Les partis politiques sont en train de se bouffer le nez et de se voler de manière réciproque les candidats. Pour ce qui le concerne, le PPS appelle à l'apaisement, à l'élargissement et la détente car la société a besoin de respirer. Il y a eu des problèmes dans le Rif et à Jérada et il faut plier ces dossiers au même titre que les dossiers de presse pour donner aux gens les raisons de croire aux politiques et aux institutions. Au niveau des libertés, le Maroc stagne et donc il recule, a-t-il dit, rappelant que le pays avait pourtant marqué des progrès ayant porté sur le code de la famille, les droits de l'homme, l'Instance Equité et Réconciliation, la question amazighe et la réconciliation du Maroc avec ses diversités linguistiques et culturelles. Ce changement avait abouti à l'adoption de la constitution de 2011. Et ce sont précisément ces changements qui avaient permis au « Printemps Arabe » de se passer dans le calme au Maroc. Malheureusement, toute cette évolution a connu un blocage qui touche le code pénal, à cause des divergences au sein de la majorité, le code de travail, certaines lois organiques et des institutions prévues par la constitution. C'est pourquoi le PPS appelle à un souffle démocratique nouveau pour débloquer la situation et aller de l'avant, a-t-il expliqué. Relance économique : Besoin d'un gouvernement fort A ce niveau, le Maroc a besoin en premier lieu d'un gouvernement fort capable d'arrêter le gaspillage, un gouvernement qui a une vision claire des choses, qui décide sur les questions les plus importantes en matière de financement de l'économie, de l'industrie, de l'agriculture, de l'emploi, de la question sociale, de la protection sociale ou autre. Sinon le Maroc va faire du surplace, a-t-il estimé. L'initiative de Sa Majesté le Roi de débattre d'un nouveau modèle de développement se justifie notamment par le souci de faire face à la précarité, à la pauvreté absolue et aux inégalités sociales. Il y a des couches et des pans entiers de la société qui sont hors course et hors circuit et qui vivotent, a-t-il dit. Oui, le Maroc a construit des choses, a avancé, mais on a laissé énormément de gens à la marge. C'est pour répondre à cela que Sa Majesté le Roi a jugé utile d'avoir un nouveau modèle de développement. La généralisation de la protection sociale universelle devra aussi aider à répondre à ces problématiques, car le Maroc ne peut pas construire une économie forte avec deux entraves majeures à savoir un secteur informel qui tire l'économie vers le bas et qui concurrence de manière déloyale le secteur formel qui paie des impôts. On ne peut pas non plus faire bénéficier la population des fruits de la croissance, en laissant pratiquement 70 % des habitants en dehors du circuit formel. Pour s'occuper de cette question, il est nécessaire de créer les conditions d'un développement économique réel. Le PPS a développé dans son modèle de développement et dans ses propositions pour sortir de la crise du Covid une approche, selon laquelle il faut résolument aller vers une économie beaucoup plus développée et beaucoup plus soutenue. Or en l'état actuel des choses, on continue de considérer qu'il faut vivoter avec le secteur informel car il est le premier employeur. Créer les conditions d'un développement solide Donc pour s'en sortir, on a besoin de créer les conditions d'une industrialisation réelle que tous les pays émergents ont connue comme c'est le cas des dragons asiatiques, de la Turquie ou de la Chine, qui avait et qui a toujours un secteur informel très développé. Le Maroc a besoin d'une industrialisation qui permette de développer une production nationale et libérer partiellement le pays de la contrainte extérieure et de l'importation. La Covid est venue rappeler au pays le besoin de créer et de produire un certain nombre de richesses et qu'il ne faut pas continuer à importer et à dépendre de l'étranger. Le retour de Keynes et le rôle capital de l'Etat dans la relance La crise du Covid est venue rappeler que la théorie libérale et néolibérale est dépassée et que partout dans le monde, même aux Etats Unis, ce sont les théories keynésiennes qui prévalent, selon lesquelles l'Etat doit apporter un soutien massif à l'économie. Le plan Beiden de 300 milliards de dollars pour relancer l'économie américaine en est l'illustration, au même titre que le plan européen dans la zone euro de 800 milliards d'euros. Partout dans le monde, chaque pays a compris qu'il faut qu'il intervienne par lui-même pour relancer l'économie. Le PPS préconise la même chose pour le Maroc et il est content de constater que Sa Majesté le Roi est venu dans Son discours du Trône de l'année dernière souligner la nécessité d'injecter dans l'économie nationale 120 milliards de dirhams. En espérant que l'on va créer les conditions de la relance à partir de cette année, le PPS pense que le Maroc doit avoir la capacité d'aller au-delà de ces perspectives. L'Etat doit jouer un rôle de relance. Tous les pays dans le monde, y compris les plus riches le font en n'hésitant pas à recourir à l'endettement. Pour le Maroc, il est préférable de recourir à l'emprunt national. Il est possible aussi de s'ouvrir aussi à l'endettement sur le plan international. En particulier l'endettement du trésor. Si le Maroc peut aller au cours des cinq années à venir sur 300 à 400 milliards de dirhams, il aura probablement la capacité d'apporter une relance significative à l'économie nationale pour venir en aide aux entreprises en difficulté. Il faut le faire, sinon on va assister à un processus de faillites en cascade, qui se traduira par une perte de la valeur ajoutée et de l'emploi. Actuellement le gouvernement s'est contenté de mettre les entreprises nez à nez avec les banques à qui on a demandé d'accorder des facilités à ces entreprises, qui ne seront pas vraisemblablement en mesure de rembourser leurs dettes. A ce sujet, le PPS propose la mise en place d'un outil public pour apporter du soutien direct aux entreprises, voir même prendre part dans leur capital pour se retirer une fois la situation de l'entreprise assainie. Quant au gouvernement, il doit agir pour créer les conditions de l'indépendance économique du pays, à travers une industrialisation massive et réelle, qui crée de la valeur ajoutée et des filières de production. Le Maroc se doit de créer sa propre industrie. Et cela doit se passer dans le cadre de stratégies tenues sur un certain nombre d'années et on verra probablement des succès s'avérer au fil des ans. Parallèlement à cela, il s'agit d'aller sur des secteurs sur lesquels le Maroc est en retard : la digitalisation. Le Maroc a également la possibilité d'opérer sur les questions environnementales et écologiques. Pour l'agriculture, le PMV a laissé tomber le secteur dit « vivrier ». Il a également affirmé que l'Etat centralisé hésite encore en matière de régionalisation qui piétine. Encore une fois, le Maroc a besoin d'un gouvernement fort, capable de lutter contre l'économie de rente, la corruption et la prévarication et diverses autres formes de gaspillage. Le pays a également besoin de faire des progrès en matière de justice pour rassurer les investisseurs et prendre les mesures nécessaires pour assurer le succès de la réforme du système d'éducation et de formation et développer le système national de santé sur de nouvelles bases plus solides. Le pays ne peut plus laisser des millions de Marocains sur la paille dans l'informel pour pouvoir consolider une économie forte. Concrètement, l'Etat doit jouer pleinement son rôle et créer les conditions de l'émergence pour que les jeunes trouvent de l'emploi décent et durable et les conditions d'une relance économique. Il devra aussi prendre au sérieux la question fondamentale de l'égalité homme-femme pour permettre aux femmes de jouir pleinement de leur citoyenneté sans discrimination aucune et créer les conditions d'une démocratie mure, sans oublier la culture, qui a également son rôle à jouer dans l'œuvre de développement du pays.