Répondant à un canular lancé sur les réseaux sociaux en guise de «poisson d'avril», au moment où, à Bruxelles, les réunions de plus de quatre personnes en extérieur sont, en principe, toujours interdites, près de 3.000 jeunes se sont regroupés, ce jeudi, sur les pelouses du bois de la Cambre, ce grand espace vert de la capitale belge, au titre de la tenue d'une grande fête qui était supposée être animée par des disc-jockeys de renom. Mais, en arrivant sur place et en ne trouvant pas les «animateurs» prévus, ces jeunes profitèrent de leur rencontre pour boire, chanter et même pour revendiquer «la liberté» après un confinement qui dure depuis plus d'une année. L'alcool aidant, la «boum» attendue par ces milliers de jeunes venus faire la bringue en étant, pour la plupart, non masqués, a fini par dégénérer et par se transformer, très rapidement, en une manifestation tenue à l'effet de réclamer un allègement des mesures de confinement. Pour rappel, la veille un juge du tribunal de première instance de Bruxelles avait accordé un délai d'un mois au gouvernement d'Alexander De Croo pour «appuyer sur une base légale les différentes mesures d'interdiction en vigueur»; à savoir, le couvre-feu, l'interdiction de franchir les frontières ou même d'organiser des rassemblements faute de quoi, il s'exposera à une lourde astreinte. Or, en étant confronté à une épidémie qui a déjà fait plus de 23.000 morts, le gouvernement a immédiatement fait appel de cette décision si bien qu'il n'y a aucune raison d'exclure le fait que la position prise par le gouvernement ait pu encourager les jeunes fêtards à exprimer avec encore plus de force le profond malaise qu'ils ressentent à cause du confinement et des restrictions qui leur sont imposés depuis un peu plus d'une année. Après avoir commencé, peu après 17 heures, à lancer des appels au dispersement, la police qui avait menacé d'intervenir «avec moins de diplomatie» si elle n'était pas écoutée, s'était mise à distribuer des contraventions pour infraction aux règles du confinement mais ce n'est que quand une centaine de policiers casqués et frappant sur leurs boucliers sont intervenus, qu'une bonne partie des «fêtards» décida de quitter les lieux. Un peu plus tard, ce sont plusieurs policiers à cheval ou tenant des chiens et appuyés par des canons à eau et par un hélicoptère de surveillance qui furent mobilisés pour déloger les récalcitrants. La riposte ne s'est pas fait attendre et certains répliquèrent en lançant des pierres et des bouteilles en direction des forces de l'ordre. Après ces «affrontements» qui durèrent plusieurs heures, le bilan donné par Ilse Van de keere, la porte-parole de la police, a fait état de 22 arrestations, dont 18 administratives et 4 judiciaires, de 26 blessés parmi les policiers et de 8 blessés parmi les manifestants dont 6 ont reçu des soins sur place et 2 ont été conduits à l'hôpital. Ce bilan fait également état de 6 véhicules de police endommagés et de 7 chevaux blessés. Au vu de tout cela, la ministre de l'intérieur, Annelies Verlinden qui s'est dite «consciente» du fait que la crise du Covid dure depuis longtemps et qu'il n'est pas toujours facile aux jeunes de se conformer aux mesures édictées notamment quand le beau temps invite à sortir et à se rencontrer, a invité ces derniers à faire preuve de davantage de cohésion et à adhérer aux décisions retenues par le gouvernement pour que le pays puisse parvenir à enrayer la propagation du virus. Cette «fausse boom» qui fut, surtout, une sonnette d'alarme indiquant le désarroi d'une population «traumatisée» par un confinement qui perdure depuis plus d'une année va-t-elle, in fine, donner lieu à l'adoption de mesures d'allègement ? Attendons pour voir... Nabil El Bousaadi