Frappés de plein fouet par la deuxième vague du coronavirus, les pays européens renforcent leurs restrictions, provoquant la colère de leurs populations. Des affrontements ont opposé samedi à Rome la police à des manifestants en colère contre les restrictions imposées pour tenter d'enrayer l'épidémie. Des incidents similaires ont également éclaté vendredi à Florence. En Espagne, la police a interpellé tôt dimanche des dizaines de personnes au cours d'affrontements dans plusieurs villes. Les troubles les plus importants se sont produits à Madrid, où de nombreux manifestants scandant «Liberté!» ont mis le feu à des bennes à ordures et érigé des barricades de fortune sur la Gran Via, la principale artère du centre de la capitale. Les manifestants dénonçaient le couvre-feu nocturne imposé la semaine dernière et le bouclage décrété par la quasi-totalité des régions espagnoles. L'amertume est grande aussi en Allemagne où de sévères restrictions entrent en vigueur lundi. «Un gifle», voilà ce qu'a ressenti le monde de la culture après l'annonce de la fermeture pendant au moins un mois de toute une série d'établissements, dans la gastronomie, les loisirs, les sports mais aussi la culture. «Etre assis ici dans une salle si vide, c'est totalement déprimant et douloureux», soupirait samedi soir Jan Brachmann, 48 ans, nœud papillon autour du cou et masque chirurgical sur le visage. Avec une cinquantaine d'autres spectateurs, ce passionné de bel canto a assisté à la «première» de l'opéra «Die Vögel» (les oiseux) du compositeur allemand Walter Braunfels, aux allures pourtant de «dernière». Comme toutes les salles de spectacle, l'opéra de Munich ferme ses portes lundi. «Confinement plus sévère» En Belgique, pays au monde où le coronavirus circule le plus, le gouvernement a décidé un «confinement plus sévère» pendant six semaines. Tous les commerces non essentiels resteront fermés lundi et le télétravail devient la norme, partout où il est possible. Le Premier ministre Alexander De Croo a également annoncé la limitation des invitations au domicile à une seule personne et une nouvelle prolongation de trois jours des vacances scolaires, jusqu'au 15 novembre inclus. A Bruxelles, comme ailleurs en Europe, les autorités justifient ce nouveau tour de vis par la situation «critique» dans les hôpitaux. En France, l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique qui guide le gouvernement, a averti que le nombre d'hospitalisations et d'entrées en service de réanimation allait «grimper» au cours des prochains jours. «On ne peut pas l'empêcher», a-t-il averti dimanche. Dans ce contexte anxiogène, le Premier ministre Jean Castex a exhorté les Français dimanche au respect du confinement, «indispensable» pour en sortir au plus vite. Et pour calmer la fronde des petits commerçants, il a annoncé la fermeture des rayons non essentiels dans les grandes surfaces par mesure d'équité. «Les Français râlent, les Français sont dans la difficulté» et «je comprends la lassitude de nos concitoyens», a-til assuré dimanche soir.