A cinq jours de l'élection d'un nouveau président au FC Barcelone, son ancien patron, Josep Maria Bartomeu, a été remis en liberté provisoire après son audition par la justice dans le cadre de l'enquête sur le « Barçagate », une campagne présumée de calomnies visant des figures du club. Arrêtés lundi et soupçonnés d'abus de confiance et de corruption, Josep Maria Bartomeu et son ancien bras droit Jaume Masferrer ont passé la nuit dans un commissariat avant d'être transférés au palais de justice de Barcelone pour y être entendus. Après avoir refusé de s'exprimer durant leur audition, ils se sont vu accorder la « liberté provisoire » par la magistrate en charge de l'affaire dont l'enquête « reste ouverte », a indiqué dans un communiqué le tribunal supérieur de Catalogne. Perquisitions au siège du club, interpellation du directeur général, Oscar Grau, et du directeur juridique, Roman Gomez Ponti, relâchés lundi, l'enquête sur le Barçagate », ouverte en mai, s'est accélérée lundi. Après des mois de débâcle entre problèmes financiers et volonté de départ cet été de la légende vivante Lionel Messi, l'opération policière contre le club fait décidément tache. « Ce qu'il s'est passé hier n'est bon ni pour le Barça ni pour la Liga », a d'ailleurs déploré mardi le patron du championnat espagnol, Javier Tebas, disant espérer « qu'il n'y a eu aucun franchissement de ligne rouge ». Pour rappel, le « Barçagate », comme les médias espagnols l'ont baptisée, a éclaté en février 2020. Dans une enquête, la radio espagnole Cadena Ser affirme alors qu'une campagne de dénigrement contre des figures du Barça a été orchestrée par une entreprise travaillant pour le club. A l'époque, des vagues de commentaires négatifs sur les réseaux sociaux touchent des figures du club, critiques envers la gestion de Bartomeu comme Lionel Messi, le défenseur Gerard Piqué, l'ancien entraîneur emblématique Pep Guardiola ou encore l'ex-président et candidat aux prochaines élections pour la présidence du Barça, Joan Laporta. Selon la radio, le Barça a versé un montant de près d'un million d'euros à cette entreprise, I3 Ventures, officiellement pour surveiller son image sur Internet, un montant faramineux, six fois supérieur aux prix du marché, pour une telle prestation. En outre, cette somme a été perçue en six versements distincts de moins de 200.000 euros, le montant maximal pour qu'une facture soit réglée sans être approuvée par le comité de direction du club. Le FC Barcelone avait alors catégoriquement démenti toute campagne de diffamation. « Les a-t-on chargés de surveiller les réseaux sociaux? La réponse est oui. Les a-t-on chargés de discréditer des personnes ou institutions sur les réseaux sociaux? La réponse est non. Et nous poursuivrons tous ceux qui nous accusent de cela », s'était alors défendu Bartomeu. Ces révélations ont fait éclater les divisions entre les dirigeants. Plusieurs membres du comité de direction ont démissionné en avril avant de déposer une plainte pour abus de confiance et corruption. Peu après l'ouverture de l'enquête en mai dernier, de premières perquisitions ont eu lieu au siège du club et en juillet, un audit du cabinet PWC a estimé que « les protocoles d'approbation internes du club n'(avaient) pas été respectés » dans le contrat avec I3 Ventures. De plus en plus critiqué, aussi bien par les supporters que les joueurs et les membres du club, Josep Maria Bartomeu finit par démissionner fin octobre. Parfois brouillon dans sa communication et brutal dans ses décisions, l'homme d'affaires catalan de 58 ans avait marqué par sa fermeté, depuis son élection en 2015 à la tête du club, au risque parfois de froisser les fans. L'été dernier, il n'avait pas cédé face à Messi, quand la « Pulga » avait demandé à rompre « unilatéralement » son contrat, obligeant la star argentine à rester. Et en janvier 2020, quand l'équipe était première au classement de la Liga, il avait envers et contre tout orchestré le limogeage de l'entraîneur Ernesto Valverde pour le remplacer par le quasi-inconnu Quique Setién.