Une semaine après l'assaut du Capitole Renforcé par le refus de son bras droit Mike Pence de l'évincer du pouvoir, c'est un Donald Trump combatif, contestant toute responsabilité dans l'assaut contre le Capitole mené par ses partisans, qui affrontera mercredi une deuxième procédure historique d' »impeachment ». Le rythme s'est emballé mardi soir au Congrès vers l'ouverture formelle d'une procédure de destitution contre le président américain, accusé par les démocrates d'avoir « incité à l'insurrection » des ses partisans lors des violences du 6 janvier, qui ont fait cinq morts à Washington. Mais le tempétueux président s'est montré convaincu que personne ne précipiterait sa sortie de la Maison Blanche avant la fin de son mandat, le 20 janvier. Il a tenté mardi d'adopter une posture moins agressive, évoquant le temps « de la paix et du calme », depuis Alamo, au Texas. Il a aussi essayé de réduire la procédure le visant à une manoeuvre des démocrates, une nouvelle « chasse aux sorcières ». « Le 25e amendement ne représente aucun risque pour moi », avait-il aussi affirmé, sûr de lui après une rencontre avec Mike Pence dans le Bureau ovale. Dans la soirée, son vice-président a effectivement annoncé qu'il refusait d'invoquer ce amendement de la Constitution qui lui permettrait de déclarer Donald Trump inapte à exercer sa fonction, comme le lui réclament les démocrates. Dans la foulée, la puissante présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a tourné son regard vers l' »impeachment », en révélant l'équipe de « procureurs » qui sera chargée de porter le dossier. Soutenu par un vaste nombre de démocrates, et avec même l'appui d'une poignée de républicains, l'acte d'accusation visant Donald Trump devrait être facilement adopté dès mercredi à la chambre basse. Mardi soir, Liz Cheney, l'une des chefs de la minorité républicaine à la Chambre et fille de l'ancien vice-président américain, a annoncé qu'elle voterait pour. « Rien de tout cela ne serait arrivé sans le président », a-t-elle estimé dans un communiqué au vitriol. Le 45e président américain devrait ainsi devenir mercredi le premier de l'Histoire à être deux fois mis en accusation au Congrès (« impeached ») dans une procédure de destitution. Lors de son départ de Washington, mardi matin, Donald Trump avait dénoncé cette procédure, la jugeant « totalement ridicule » et affirmant qu'elle suscitait « une immense colère » à travers les Etats-Unis. Et il a obstinément refusé de reconnaître la moindre responsabilité dans l'assaut contre le Capitole, jugeant que son discours avait été « tout à fait convenable ». Malgré son assurance affichée et le soutien de certains élus très loyaux, Donald Trump est plus isolé que jamais après une série de démissions dans son gouvernement et de très vives critiques dans son propre camp. Selon le New York Times, Mitch McConnell, président de la majorité républicaine au Sénat, a dit à ses proches qu'il voyait d'un bon oeil la mise en accusation initiée par les démocrates, jugeant que cela aiderait le parti républicain à tourner définitivement la page Trump. Cet habile stratège tient peut-être la clé de l'issue de cet procédure historique. Car le seul vrai doute qui demeure porte sur le déroulement du procès, qui devra ensuite avoir lieu au Sénat, aujourd'hui à majorité républicaine. Les démocrates prendront le contrôle de la chambre haute le 20 janvier mais auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à la condamnation. Un procès risquerait en outre d'entraver l'action législative des démocrates au début de la présidence Biden, en monopolisant les séances au Sénat. Le président élu Joe Biden prêtera lui serment sous haute garde le 20 janvier, justement sur les marches du Capitole, siège du Congrès américain. Critiqué pour avoir tardé, mercredi dernier, à envoyer la Garde nationale, le Pentagone a cette fois autorisé le déploiement de 15.000 soldats pour la cérémonie d'investiture. « Je n'ai pas peur » malgré les risques de nouvelles manifestations pro-Trump, a déclaré Joe Biden lundi. Pendant son bref arrêt au Texas, Donald Trump a longuement fait l'éloge du mur construit à la frontière avec le Mexique. « J'ai tenu mes promesses », a-t-il martelé, évoquant un mur de 450 miles (725 kilomètres). On est toutefois loin, très loin, du « grand, magnifique » mur promis durant la campagne de 2016. Et le Mexique n'a jamais payé pour le mur, comme le magnat de l'immobilier l'avait promis.