Le sport impacté par les répercussions de la pandémie Par Rachid Lebchir A l'instar du monde entier, pratiquement, le sport national a vécu durant l'année 2020, une saison exceptionnelle et sans précédent. Le défi était le dénominateur commun de plusieurs compétitions sportives suspendues à l'échelon national en raison la propagation de la pandémie de Coronavirus notamment depuis l'enregistrement du premier cas au Maroc au début de mars dernier après la parution de ce virus mortel 3 mois auparavant en Chine et sa propagation par la suite, partout dans le monde. Sans parler directement de l'impact ayant touché l'aspect économique du sport national dans toutes ses composantes dont même les médias spécialisés, on va se contenter des circonstances et répercussions des crises de cette épidémie qui a entraîné la suspension générale de toutes les activités sportives à l'exception de quelques unes dont le football dont les compétitions aussi bien nationales qu'internationale ont été reportées durant une longue périodes de l'année. Le plus important pour le football national restait de relever les différents défis imposés par cette épidémie de l'année et tirer son épingle du jeu, sachant bien que les matches se déroulent à huis clos, depuis lors et jusqu'à aujourd'hui. Le public continue donc d'être le plus grand absent de la scène footballistique nationale qui a soufflé le chaud et le froid avant d'être sauvée avec la qualification de pas moins de 3 sélections nationales en compétitions continentales. Il s'agit des Lions de l'Atlas qualifiés pour la CAN 2021, l'équipe nationale des Botolistes qui est toujours là pour défendre son titre au championnat d'Afrique des joueurs locaux (CHAN 2020 décalé en 2021) et les Lionceaux de l'Atlas qui ont retrouvé la CAN 2021 des moins de 20 ans après une absence de 15 ans. L'année 2020 a également souri à la sélection nationale de Futsal dirigée par Hicham Dguig qui a remporté, le vendredi 7 février 2020 à la salle Massira de Laâyoune, la 6ème édition de la Coupe d'Afrique des Nations Total 2020, conservant leur titre après leur victoire face à la sélection égyptienne sur le score de cinq buts à zéro. Au niveau des clubs, la Renaissance de Berkane a sauvé l'honneur en remportant la Coupe d'Afrique de la CAF pour la première fois de son histoire alors que les deux clubs casablancais, le Raja et le Wydad, ont été stoppés aux demi-finales de la Ligue des Champions remportée par Al Ahly du Caire au détriment du Zamalek. A l'échelon national, le Raja de Casablanca a remporté le titre de la Botola qui a repris ses droits après un arrêt de la compétition de plus de 4 mois en raison du Covid-19. Aussi, cette épidémie s'est répercutée négativement sur le sport marocain en étant derrière la suspension de plusieurs compétitions internationales dont les Grands Prix Hassan II et Lalla Meryem de tennis et de Golf, des rendez-vous ayant de grandes notoriétés plaçant le Maroc parmi les grandes nations sportives dans le monde. Ainsi la vie sportive des athlètes a été impactée, directement et indirectement, sur plusieurs plans physique, compétitif... mais aussi mental. Garder concentration pour les prochaines échéances On commence par nos athlètes qui étaient en pleine préparation pour les qualifications aux Jeux Olympiques de Tokyo. Ces JO ont été décalés d'une année jusqu'à 2021 tout comme certains championnats internationaux et des Mondiaux dans différentes disciplines qui ont été reportés jusqu'à nouvel ordre. Le Comité national olympique marocain qui tablait comme d'habitude sur plusieurs sports ayant les moyens de briller aux Olympiades favorisait encore l'athlétisme et la boxe, seules disciplines ayant remporté des médailles dans toute l'histoire de la participation marocaine aux Olympiades. Cela sans parler d'autres sports dont le judo et ceux des arts martiaux avec le karaté, le taekwondo, le kick-boxing... ou bien le cyclisme, l'équitation, le tennis, la lutte, l'haltérophilie, la natation... qui restaient des disciplines olympiques favorables pour le Maroc avec notamment la mobilisation de plus d'une vingtaine d'athlètes ayant bénéficié des bourses olympiques afin de bien préparer la prochaine édition des JO. Ce qui sert de coup de pouce et de charge additionnelle de motivation à nos athlètes appelés à garantir une représentation marocaine digne, aussi massive que possible, dans différentes disciplines. Chose qui reste maintenue pour ces JO reportés à l'année suivante en été 2021 si Dieu le veut et si les conditions sanitaires le permettent encore. Réussir le maximum avec le minimum On rappelle pour le moment, que juste à l'approche de la suspension de toutes les compétitions sportives au milieu de février dernier et à cinq mois du coup d'envoi initial des JO, seulement une dizaine d'athlètes, représentant six disciplines sur les 33 sports admis aux Olympiades, avaient été assurés de leur qualification. Il s'agit des cavaliers de l'équipe nationale d'équitation qui venait d'obtenir le droit de disputer les JO de Tokyo suite à la décision du tribunal de la Fédération équestre internationale de disqualifier l'équipe du Qatar pour dopage lors du rendez-vous qualificatif de Rabat. Ils sont au nombre de 4 cavaliers marocains en l'occurrence Ghali Boukaa, Ali Lahrach, Nina Benkhraba et Abdelkebir Ouaddar, qui défendront les couleurs nationales à Tokyo. Et c'est pour la première fois de l'histoire qu'une équipe marocaine d'équitation se qualifie pour les JO au pays du soleil levant alors que ce sport était déjà représenté à l'édition précédente des JO de Rio en 2016 par Abdelkebir Ouaddar au niveau individuel. Les autres sportifs marocains qualifiés aux prochains JO sont Ramzi Boukhiam (surf), Sara Frankard (aviron), Ibtissam Marihi (tir sportif) et Hossam El Kord (escrime)... en plus d'un cycliste et d'un autre cavalier dans l'épreuve de dressage où le Maroc sera représenté pour la seconde fois après la participation de Yassine Rahmouni aux JO de Londres en 2012. Ce sont là en somme, les premiers athlètes marocains ayant réalisé leur passage pour la prochaine grand-messe du sport olympique en attendant les autres qualifications qui sont encore possibles dans plusieurs disciplines. Et en l'absence du football éliminé pour la seconde fois consécutive depuis l'édition 2021 de Londres, et la déroute continue depuis de longues années des autres sports collectifs notamment le volleyball, le basketball et le handball (exception faite pour ce sport qualifié cette année en Coupe du monde de hand pour la 7e fois de son histoire), le Maroc compte toujours sur ses athlètes venant d'autres sports même s'il serait difficile de qualifier un grand nombre de sportifs pour les JO de Tokyo. On ne s'attend surtout pas à ce que le record de 75 athlètes présents aux JO 2012 de Londres soit battu ou même à l'édition 2016 de Rio de Janeiro avec une présence des sportifs marocains qui était limitée au nombre de 45. Si ce chiffre devrait être revu à la baisse pour les JO de Tokyo 2020, on reste un peu confiant pour les résultats à enregistrer et la possibilité d'accéder au podium afin de ne pas revenir les mains vides. L'athlétisme national mené par Soufiane El Bakkali Pour ce, le CNOM mise toujours sur l'athlétisme qui nous a souvent habitué à remporter des médailles olympiques tout au long de la participation marocaine à l'exception de la récente édition qui reste vraiment à oublier. Lors de l'avant dernière édition en 2012, l'athlétisme national avait remporté une seule médaille de bronze par Abdelaati Iguider sur le 1500 m. Même chose en 2008 en Chine où Hasna Benhassi avait remporté le bronze sur l'épreuve du 800 m, ce qui constituait sa seconde médaille aux JO après l'argent de la même distance au rendez-vous d'Athènes en 2004. Ce sont là les plus récentes médailles en athlétisme pour le Maroc qui espère toujours renouer avec l'ère du métal précieux du temps de Said Aouita, Nawal El Moutawakkil, Brahim Boutayeb, Khalid Sekkah, Hicham El Guerrouj... et autre Nezha Bidouane qui s'était pourtant contentée de l'argent olympique alors qu'elle avait brillé par l'or mondial à deux reprises... Aujourd'hui, le défi est toujours de mise pour l'athlétisme national qui souhaite redorer son blason. L'espoir sera fondé sur une nouvelle génération menée par Soufiane El Bakkali, spécialiste du 3 000 m steeple, et qui a affirmé qu'il va viser la médaille d'or aux Olympiades de Tokyo. Assurant que ses préparatifs se déroulent dans de meilleures conditions, El Bakkali s'est dit fort de l'expérience engrangée et des performances accomplies tout au long de ses six ans de carrière, notant que son passage à Tokyo sera l'occasion d'envoyer un message fort à tous les jeunes marocains qui veulent réussir dans la vie, en leur montrant que tout est possible avec la volonté, la passion, le sérieux et la droiture. Espérons bonne chance à cet athlète qui est en train de confirmer ses débuts chez les seniors en tant que coureur de steeple-chase aux championnats d'Afrique de 2014 et aux JO 2016 avant que l'heure de la gloire ne sonne pour lui avec une médaille d'argent aux Championnats du monde de 2017 à Londres Cette performance qui s'est multipliée par la suite au vu de ses exploits sur le circuit mondial, où il est classé actuellement par l'IAAF, numéro un mondial de son épreuve préférée 3 000 m steeple. Soufiane El Bekkali a donc tous les atouts pour continuer sur sa lancée en visant l'or aux prochains JO pour honorer le Maroc et chiper ainsi la vedette aux Kenyans spécialiste de cette épreuve. La boxe nationale pour confirmer son leadership africain Comme d'habitude et après l'athlétisme qui compte à lui seul un palmarès de 19 médailles (6 or, 5 argent et 8 bronze), la boxe vient en second plan pour offrir au Maroc également des médailles et faire mieux que le bronze, seul métal remporté à 4 reprises avec Taher Tamsamani (Sydney-2000) et des frères Achik, Abdelhak (Séoul 1988) et Mohamed (Barcelone 1992) avant l'édition de Rio 2016 avec Mohamed Rabii dans la catégorie des poids welters (-69kg). Mohamed Rabii qui avait auparavant remporté le championnat du monde en 2015 à Doha espère toujours réussir sa première médaille d'or olympique. C'est une bonne chose pour la boxe marocaine qui est aujourd'hui leader en Afrique et qualifiée en force aux Olympiades de Tokyo. En terminant sur la première place du tableau des médailles lors du tournoi de qualification olympique continental de boxe qui s'est déroulé en février dernier à Dakar, le Maroc avait empoché un total de 8 médailles (4 en or et autant en bronze). En devançant au classement final de grandes nations du Continent dont l'Algérie, le Cameroun, la Zambie, la Tunisie..., le Maroc a assuré une première qualification de six boxeurs (3 hommes et 3 femmes) aux prochains JO avec Rabab Cheddar (- 51 kg), Khadija Mardi (- 75 kg), Oumayma Belahbib (- 69 kg), Youness Baala (- 91 kg), Abelhaq Nadir (- 63 kg) et Mohamed Assaghir (- 81 kg). Avec cette ossature de pugilistes, la boxe nationale parie donc sur une jeune génération à la conquête des médailles et faire du ring de Tokyo un tournant majeur dans l'histoire du noble art marocain vers de lendemains meilleurs. Il est certain que les 6 pugilistes déjà qualifiés, en attendant la qualification d'autres boxeurs lors de la prochaine étape éliminatoire, défendront les couleurs nationales dans l'espoir de faire mieux que le bronze et surfer sur les succès réalisés récemment lors des Jeux Africains disputés à Rabat et du championnat de Dakar qualificatif pour les JO. Pour ne pas oublier les autres sports Le cyclisme marocain, lui, est assuré par l'Union Cycliste Internationale (UCI) de sa présence aux JO grâce au classement de l'équipe nationale dans le top 40 des nations mondiales, lui permettant de décrocher une place qualificative à l'épreuve sur route. C'est un défi à relever comme avait indiqué le directeur technique national, Mustapha Nejjari, qui a souligné que l'équipe du Maroc devra doubler ses efforts en vue de se rapprocher des niveaux européen et mondial afin de prendre plus d'expérience et dans l'objectif de réaliser une participation honorable à cet évènement olympique phare. Par ailleurs, d'autres sports olympiques marocains ambitionnent encore une véritable participation aux JO dont le taekwondo, le judo, le kick-boxing, le karaté... bien qu'ils aient été négativement répercutés par la période du confinement sanitaire provoquant, au fil du temps, une réduction de leur vivacité, une perte de la masse musculaire et une perturbation des habitudes nutritionnelles. Les athlètes marocains des arts martiaux en général étaient dans l'obligation de maintenir leur condition physique tout en gardant un équilibre mental intact, sachant bien que plusieurs d'entre eux espéraient participer à des tournois internationaux qui devaient constituer les derniers événements permettant une qualification pour les JO de Tokyo, avant leur report ou leur annulation totale. Pour le moment, le taekwondo national reste partant au rendez-vous du Japon. Car nos taekwondoïstes n'ont pas fait l'exception, notamment Oumaima El Bouchti, Nada Laaraj et Achraf Mahboubi, qui avaient déjà assuré leur qualification pour les JO de Tokyo, quelques jours avant l'annonce de la suspension des activités sportives. Toutefois, la période de confinement ne les a pas empêchés de bien se préparer à cette grand-messe et espérer avoir une place sur le podium pour la première fois à l'instar de l'autre équipe nationale des jeunes de taekwondo et de karaté qui venaient de remporter des médailles dont l'or et l'argent aux JO de la Jeunesse en Argentine. Ce sont là certains sports nationaux olympiques qui ont pu survivre dans cette année exceptionnelle de pandémie et de confinement sanitaire au Maroc qui a tenu, à l'instar de la majorité des pays du globe, de célébrer comme chaque année, la Journée mondiale du sport, dans ce contexte particulier marqué par cette paralysie quasi complète des activités sportives. Placée sous le thème de la « solidarité », la célébration de cette année exceptionnelle s'est manifestée dans les innombrables initiatives lancées par les milieux sportifs au Maroc comme ailleurs à travers des campagnes de dons visant à venir en aide aux personnes les plus touchées par la crise économique engendrée par la pandémie. Chose qui a contribué à sauver les meubles bien que la pandémie est toujours parmi nous. Espérons que toutes les composantes du sport national soient mobilisées davantage pour mettre leur contribution par divers moyens au service de la lutte contre cette pandémie. Cela pour un retour rapide à une activité normale durant l'année qui se présente, revoir le sourire, le charme et le plaisir des compétitions, ici et ailleurs... Le Maroc et le monde entier en ont vraiment besoin...