Droits humains, migration, coopération économique et commerce ont figuré au menu des échanges entre Alger et Bruxelles lors de la 12ème session du Conseil d'association Algérie-UE, qui s'est tenue lundi par visioconférence pandémie de coronavirus oblige. L'accord d'association de 2005 entre Bruxelles et Alger prévoyait la mise en place d'une zone de libre-échange (ZLE), avec une entrée en vigueur le 1er septembre. Mais Alger – qui avait demandé à moult reprises de renégocier un accord trop défavorable à ses yeux – a confirmé fin septembre le report de cette ouverture mutuelle des marchés. « Nous sommes conscients des manquements en matière de l'application de l'accord d'association notamment dans son aspect commercial », a déclaré Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères, cité par l'agence APS. Il a néanmoins fait état d'une « volonté de dialogue de part et d'autre ». La ZLE est très largement critiquée par des dirigeants politiques et économiques et par des économistes du pays. Ils dénoncent une balance commerciale largement en défaveur de la quatrième économie d'Afrique, qui peine à rester compétitive. Dans un communiqué diffusé lundi soir, l'Union européenne a estimé que l'accord d'association « offr(ait) la prévisibilité et la stabilité nécessaires », ajoutant avoir « transmis récemment une proposition visant à résoudre le différend en la matière ». L'UE a également mis sur la table la question des droits humains, rappelant que la relation bilatérale était fondée notamment sur « le respect des valeurs universelles et des engagements internationaux ayant trait à l'Etat de droit et au respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales ». Boukadoum a de nouveau dénoncé, selon l'agence APS, la résolution adoptée fin novembre par le Parlement européen au sujet de la « détérioration » de la situation des droits humains en Algérie. « L'Algérie sera toujours là pour dénoncer vigoureusement avec force de pareilles résolutions », a-t-il affirmé. Le Parlement européen a estimé le 28 novembre dans une résolution non contraignante, la seconde en un an, que « la transition politique en cours doit garantir le droit de tous les Algériens, (…) à participer pleinement au processus démocratique ». Un proche de Bouteflika, condamné et incarcéré Par ailleurs, l'ancien préfet d'Alger, Abdelkader Zoukh, proche du président algérien déchu Abdelaziz Bouteflika, a été condamné mardi à deux peines de prison ferme de quatre et cinq ans pour corruption par le tribunal de Tipaza (à l'ouest d'Alger), a rapporté l'agence officielle APS. Le tribunal a également prononcé un mandat de dépôt à l'encontre du condamné qui a été incarcéré, ajoute APS. En Algérie, les peines ne sont pas cumulables et la plus lourde prévaut sur les autres. M. Zoukh, 71 ans, wali (préfet) d'Alger entre 2013 et 2019, a écopé de deux condamnations à de la prison ferme pour « l'octroi de privilèges » à la famille de l'ancien chef de la police algérienne, Abdelghani Hamel, et à celle d'un ancien patron de l'industrie automobile, Mahieddine Tahkout. Tous deux sont derrière les barreaux. L'ancien préfet était poursuivi pour « dilapidation délibérée de deniers publics par un fonctionnaire », « utilisation illégale de biens et de deniers publics qui lui ont été confiés en vertu de sa fonction » et « abus de fonction et violation des lois et règlements dans le but d'obtention d'avantages pour un tiers », selon l'accusation. Il lui est notamment reproché d'avoir octroyé un logement social à la fille de M. Hamel et d'avoir cédé à l'épouse de ce dernier « neuf locaux commerciaux à un prix dérisoire ». Fin juin, M. Hamel avait été condamné en appel à 12 ans de prison ferme pour « enrichissement illicite » et « détournement de foncier », des faits pour lesquels il avait été inculpé et écroué en juillet 2019. Ses enfants, poursuivis dans la même affaire, ont également reçu des peines allant de une à huit années de prison. Son épouse a elle été condamnée à un an de prison avec sursis. En novembre, M. Tahkout, l'un des hommes d'affaires les plus influents de la présidence Bouteflika, a été condamné à 14 ans de prison ferme. Il avait écopé de 16 ans d'emprisonnement en première instance. Les vastes enquêtes pour corruption et népotisme lancées après la démission en avril 2019 de M. Bouteflika sous la pression d'un soulèvement populaire inédit ont conduit à une série d'actions en justice et de condamnations à de lourdes peines de prison. Ces sentences ont dévoilé l'ampleur de la corruption et des fortunes amassées par les hommes du sérail de l'ancien chef d'Etat, touchant anciens ministres, hauts fonctionnaires et hommes d'affaires.