La généralisation de la couverture médicale et l'amélioration de la gouvernance et du financement du secteur de la santé sont, entre autres, des défis que le Maroc est invité, plus que jamais, à relever. Le Projet de loi de finances (PLF) 2021 fait, d'ores et déjà, l'esquisse des démarches à entreprendre et en pose les principaux jalons. En effet, l'exposé de l'argentier du Royaume devant la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants au sujet des grandes lignes du PLF 2021, a permis d'avoir un avant-goût sur la philosophie de ce texte, notamment dans son volet relatif à la santé. Il se fixe, d'ailleurs, comme priorité la généralisation de la couverture sociale, avec une application progressive qui s'étalera sur les 5 prochaines années (2021-2025). L'enjeu est donc de taille, puisque le succès de cette réforme d'envergure passera par une réhabilitation et une mise à niveau des structures hospitalières, l'organisation de la filière des soins et la réforme des programmes sociaux déjà existants, en vue d'améliorer progressivement l'impact sur les bénéficiaires. Certes, toutes ces démarches nécessiteront des budgets colossaux, mais l'accent sera mis sur la rationalisation des dépenses et l'exploration de nouveaux mécanismes de financement qui n'exerceront pas de grandes pressions sur le budget de l'Etat ni celui du citoyen. Dans le Rapport préalable au budget du PLF 2021, les mécanismes de financement de ce chantier stratégique de généralisation de la couverture sociale reposeront sur «une refonte fiscale qui instaure une contribution professionnelle unifiée». Faut-il rappeler que le budget du ministère de la santé a connu une évolution constante, passant de 11,88 milliards de dirhams (MMDH) en 2012 à 16,33 MMDH en 2019. La loi de finances 2020 a connu, quant à elle, l'allocation d'une enveloppe de 18,6 MMDH en vue de poursuivre la mise en œuvre du Plan national «Santé 2025». Et d'après les premières révélations du PLF 2021, les dépenses allouées au secteur de la santé devraient relativement augmenter par rapport à l'an dernier au même titre que les postes budgétaires y afférents. Ce projet de loi de Finances vise à accorder une priorité aux secteurs de la santé et de l'éducation, en leur affectant un budget additionnel de 5 MMDH. Le coût global de la généralisation de l'AMO, avoisinerait, lui, les 13,82 MMDH. Plus de 5,36 milliards seront financés dans le cadre du système de participations, alors qu'un total de 8,46 milliards sera pris en charge par l'Etat, soit une mobilisation de l'ordre de 4,2 MMDH pour l'année 2021. Selon une étude de l'OCDE, publiée en septembre dernier et intitulée «Mobilisation des recettes fiscales pour le financement de la santé au Maroc», l'on apprend que le Royaume a réussi, depuis plusieurs années, à améliorer ses performances de santé, avec la hausse de l'espérance de vie ou la réduction du fardeau des maladies transmissibles. Pour financer la hausse des dépenses publiques de santé, l'OCDE préconise d'une part, d'améliorer la conception des cotisations sociales pour l'assurance maladie obligatoire et d'autre part d'avoir un recours accru aux recettes fiscales, avec une amélioration de la conception de chaque impôt, notamment ceux ayant des liens plus marqués avec le secteur de la santé, comme les taxes intérieures de consommation, de par leurs influences sur le comportement des consommateurs, et la fiscalité environnementale de par l'impact indirect sur la santé des populations. En effet, le Maroc a entrepris une panoplie de mesures sanitaires, économiques et sociales pour tenter de contrecarrer les conséquences de la crise sanitaire liée à la propagation de la pandémie de Covid-19. Au regard des leçons tirées de cette crise, ces mesures devront être inscrites dans la continuité de la réflexion et de l'action en vue de gagner le grand pari du financement de la santé.