La région de l'Afrique du Nord devrait connaitre une récession économique entre -0,8 et -2,3 points en 2020, a annoncé la Banque Africaine de Développement (BAD). «La pandémie de Covid-19, qui figure parmi les plus grandes crises sanitaire, économique et sociale de ce début de 21è siècle, frappe durement les pays nord-africains. Ses conséquences multiples sont sans précédent sur la santé, l'emploi et la croissance économique», précise la BAD dans l'édition 2020 des «Perspectives économiques en Afrique du Nord», publiée mardi. Il a fait savoir qu'en Afrique du Nord, l'accélération de la levée des restrictions accentue l'incertitude et laisse place à une reprise selon deux scénarios distincts: le premier, de référence, table sur une sortie de crise à partir de juillet 2020 et le second, plus pessimiste, voit persister la pandémie jusqu'en décembre 2020. Selon le premier scénario, cité par le rapport, la croissance régionale perdrait 5,2 points de pourcentage, ce qui détériorerait la croissance à -0,8%. La même source ajoute que ce recul se situerait, dans le second scénario, à -6,7 points de pourcentage, générant une récession de -2,3%, relevant qu'en 2021, la reprise économique est prévue avec une croissance nord-africaine de 3,3% dans le scénario de référence et de 3% dans le scénario pessimiste. Le rapport rappelle que l'Afrique du Nord était, en 2019, pour la seconde année consécutive, la deuxième région la plus performante d'Afrique, avec une croissance de 3,7%. Il ressort des Perspectives économiques en Afrique du Nord 2020 que les secteurs des services, du tourisme et de l'industrie, plus forts contributeurs à la croissance régionale, ont été fortement touchés par les nombreuses mesures de restriction. Le rapport indique que l'impact défavorable de la pandémie sur la demande mondiale ainsi que sur les cours des produits de base devrait entraîner une détérioration des déficits budgétaires et des comptes courants dans les pays de la région. Le déficit budgétaire pourrait, dans le scénario pessimiste, atteindre en moyenne 10,9 % du PIB régional en 2020, note le rapport, rappelant qu'en 2019, le solde budgétaire est estimé à -5,6 % du PIB régional, au-dessus de la moyenne africaine de – 4,7%. S'agissant des comptes courants, les pays nord-africains ont enregistré, en 2019, un déficit moyen à 4,4% du PIB, précise le rapport, qui note que sur la base d'une hypothèse de réduction de 7,9% de la demande mondiale et d'un cours du brut à un niveau de 20 dollars américains le baril, le scénario pessimiste laisse entrevoir un déficit de 11,4% du PIB en 2020. Cette situation est attribuable, selon la même source, surtout au déficit des pays exportateurs de pétrole (20% et 19,8 % du PIB en Algérie et en Libye) mais également à la Mauritanie (17 %) et à la Tunisie (12,2%), dont les principaux partenaires commerciaux, la Chine et les pays européens, devraient être en récession en 2020. Par ailleurs, le rapport souligne que la croissance n'a pas été inclusive en Afrique du Nord, faisant observer que les disparités sociales et régionales, déjà importantes, se sont aggravées en raison des répercussions socio-économiques de la pandémie. Pour y faire face, le document recommande d'engager des réformes structurelles qui renforcent l'efficience du secteur public et la compétitivité du secteur privé, dans le but de créer davantage d'emplois. Dans cette optique, le rapport appelle les pays nord-africains à maintenir l'effort budgétaire pour préserver les ménages et les entreprises affectés et développer l'agro-industrie pour promouvoir les chaînes de valeur agricoles locales. Les pays devraient enfin chercher à renforcer leur intégration et ouverture commerciales, dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), préconise le rapport. Selon les Perspectives économiques régionales, l'investissement dans le capital humain et les compétences est une condition indispensable à l'accélération du développement économique. En Afrique du Nord, l'adaptation des compétences aux nouveaux métiers induits par la quatrième révolution industrielle nécessitera de coordonner les réformes des systèmes d'éducation et de formation, note le rapport. Pour les travailleurs en activité, les pays devraient mettre en place davantage de mécanismes efficients pour la promotion de la formation en cours d'emploi, soulignant que pour promouvoir l'investissement privé dans certains secteurs stratégiques, les gouvernements de la région pourraient envisager de fournir des subventions subordonnées à la création d'emplois en faveur des jeunes et des femmes. Le développement du secteur manufacturier est, quant à lui, véritablement déterminant pour la croissance économique car il fournit des emplois productifs et bien rémunérés à un grand nombre de travailleurs, recommande-t-il.