Par Mohamed Seghir (MAP) A la veille de la rentrée scolaire, le débat reste toujours d'actualité sur le scénario optimal pour un retour en classes sans dégâts. Marquée par l'incertitude entourant l'évolution de la situation épidémiologique de la Covid-19, la rentrée revêt un caractère particulier puisqu'il s'agit de faire le choix, parfois difficile, entre enseignement à distance et présentiel. Le secteur de l'enseignement a certes fait face, depuis le début de l'épidémie, à de multiples défis en termes notamment d'achèvement des cours à distance, de gestion des examens, de réflexion aux scenarii de la nouvelle rentrée, tout en évitant de faire de 2019-2020 une année blanche qui sacrifie tous les efforts des élèves et du ministère. Or au mois d'août dernier, la situation épidémiologique a connu une évolution sans précédent. Le nombre des cas d'infection, des cas graves et des décès ont considérablement augmenté, poussant le ministère à prendre de nouvelles mesures pour une rentrée scolaire réussie. C'est dans le contexte que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a affirmé dans son discours à l'occasion du 67ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, que la situation sanitaire «ne porte guère à l'optimisme»: malgré les efforts importants des pouvoirs publics et du secteur de la santé, les hôpitaux ne seraient plus en mesure de faire face à la pandémie. «Concomitamment aux mesures initiées par les pouvoirs publics pour juguler la pandémie, J'appelle les forces vives de la Nation à faire preuve de mobilisation et de vigilance et, particulièrement, à adhérer unanimement aux efforts déployés à l'échelle nationale, afin de sensibiliser la société, éveiller sa conscience et l'encadrer», a souligné le Souverain, relevant que «pour sortir de la situation actuelle et relever le défi de la lutte contre la pandémie, chacun devra observer une conduite civique, exemplaire et responsable». C'est ainsi que le 22 août, le ministère de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique a décidé d'adopter l'enseignement à distance comme modèle pédagogique au début de l'année scolaire 2020-2021 qui commence le 7 septembre, tous cycles et niveaux confondus, dans l'ensemble des établissements publics et privés ainsi que dans les écoles des missions étrangères, ajoutant que l'enseignement en présentiel sera assuré pour les apprenants dont les parents optent pour ce modèle, sachant qu'un mécanisme sera établi pour permettre aux familles de faire un tel choix. Dans ce sens, les familles d'élèves désireux d'accéder à l'enseignement présentiel, dans les établissements publics et privés au titre de l'année scolaire 2020-2021, ont été invitées à remplir le formulaire dédié à cet effet dès le premier septembre prochain. Ce formulaire est accessible via le service «Waliye» fourni par le système «Massar». Sur ce registre, l'alternance pédagogique entre l'auto-apprentissage et l'enseignement à distance paraît comme la meilleure formule pédagogique dans ces circonstances particulières de pandémie. De l'avis des experts, cette alternance ne peut qu'offrir un cadre méthodologique susceptible de garantir une adaptabilité du système pédagogique avec les mutations que connaît l'environnement social, tout en donnant la possibilité aux enseignants d'explorer de nouvelles pistes et méthodes d'enseignement d'une part, et d'offrir aux élèves l'opportunité de s'ouvrir sur de nouveaux horizons d'apprentissage projetés dans l'avenir tels que les outils technologiques et les réseaux sociaux, d'autre part. En outre, les associations des parents d'élèves et les organisations syndicales jugent nécessaire l'adoption de mesures sanitaires extrêmement strictes compte tenu de la situation épidémiologique inquiétante que traverse le Royaume, appelant à la révision de la décision ministérielle concernant la rentrée scolaire prévue de 7 septembre, qui, selon elles, met les parents face à une situation et un choix embarrassants. Elles estiment que plusieurs familles marocaines opteraient pour l'enseignement en présentiel en raison de ses «garanties» par rapport à l'enseignement à distance, mettant en exergue la «fragilité» de l'offre scolaire et «l'insuffisance» des infrastructures ne permettant pas l'application effective d'un tel modèle. Selon certains observateurs, il serait plus opportun de reporter la rentrée scolaire et l'entamer seulement à distance en attendant que «la feuille de route» devienne plus claire pour définir un modèle d'enseignement qui préservera la santé des élèves et garantira l'égalité des chances. S'exprimant à ce sujet lors d'une réunion de la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants, le ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, porte-parole du gouvernement, Saaid Amzazi a affirmé qu'il n'y aura pas de report de la rentrée scolaire en raison de l'évolution imprévisible de la situation épidémiologique liée à la Covid19. Le responsable gouvernemental a rappelé que trois modèles ont été préparés en prévision de la rentrée 2020-2021. Le premier modèle prévoit l'adoption de l'enseignement présentiel en cas de situation épidémiologique normale, alors que le deuxième concerne l'auto-enseignement en cas d'évolution inquiétante de la pandémie. Le troisième scénario porte sur l'alternance entre les deux premiers modèles, a ajouté le ministre. Dans une note d'orientation adressée aux responsables pédagogiques à l'occasion de la rentrée scolaire, le ministère a en effet appelé les établissements scolaires à revoir les formules et les méthodes de gestion administrative et pédagogique, à privilégier l'innovation pédagogique et à réaliser la transformation numérique requise. Le département de tutelle a mis l'accent sur la nécessité de proposer des solutions concrètes tenant compte des particularités et de l'environnement des établissements scolaires, afin de répondre de manière appropriée aux exigences d'une adaptation rapide aux différents modèles éducatifs. Parmi les principes contenus dans cette note d'orientation, «l'enseignement présentiel» détient une place prépondérante alors que «l'enseignement à distance» revêt un caractère exceptionnel et plutôt secondaire. Ainsi conformément à la situation épidémiologique dans les différentes régions, une approche régionale et spatiale sera définie afin de mettre en place le modèle éducatif adéquat basé sur une approche participative avec la possibilité pour chaque établissement scolaire de passer d'un modèle à l'autre. Trois approches pédagogiques basées sur trois hypothèses sont abordées en fonction de l'évolution de la situation épidémiologique au Royaume. Ainsi, dans le cas d'une amélioration de la situation épidémiologique et d'un retour aux conditions sanitaires presque normales, le modèle de l'enseignement à distance sera adopté. Si par ailleurs la situation épidémiologique nécessite l'application de la distanciation sociale, «l'enseignement en alternance» constituera le choix prioritaire. Enfin, si la situation épidémiologique s'aggrave davantage, «l'enseignement à distance» sera adopté. En outre, la note aborde les différents aspects liés au processus éducatif, ainsi que les mesures sanitaires établies en fonction de la situation épidémiologique au Royaume. Sur un autre volet, l'examen régional normalisé de la première année du baccalauréat aura lieu les 1, 2 et 3 octobre prochain, sous réserve de l'amélioration de la situation épidémiologique dans le Royaume, a annoncé le 31 août le ministère de tutelle. Ces examens auront lieu directement après des séances de révision et de consolidation programmées au profit des élèves concernés en septembre et avant le démarrage des cours de la deuxième année du baccalauréat, prévu le 5 octobre prochain.