Karim Ben Amar Un été pas comme les autres pour les tangérois. Située à cheval entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique, c'est une ville où l'été rime avec les baignades, jeux de plage, activités ludiques et grillades de sardines. Or, il se trouve que cette année, c'est un été qui s'annonce complexe. Les plages de la perle du Détroit sont interdites au public et cela, jusqu'à la levée des restrictions de circulation. Mais comment les tangérois vivent-ils ces restrictions ? Entravent-ils les règles de sécurité sanitaire dans les plages de la ville? Se forcent-ils à l'exil dans la province voisine de Fahs-Anjra où se trouve de multiples plages? Les détails. Tanger est connue pour ses belles plages, ses beaux rivages. Chaque été, des vacanciers marocains ou non, venus des quatre coins du globe, s'empressent de profiter de l'ambiance unique de cette ville partagée entre la mer Méditerranée et l'océan Atlantique. Mais cette année, pour cause de pandémie mondiale liée au nouveau coronavirus covid-19, les plages de la ville du Détroit sont interdites au public. Toute baignade peut entraîner des sanctions : garde à vue, une amende etc. Les tangéroises et tangérois n'ont donc d'autres choix que de se diriger vers d'autres littoraux, jouxtant la province de Tanger, s'ils désirent se baigner et cela clandestinement puisque le passage est interdit. Deux jours après l'Aid Al Adha, nous avons fait une petite tournée vers les plages se situant dans l'océan Atlantique. Non loin de la plage de «Kariane», de jeunes adolescents s'adonnaient aux plaisirs des plongeants. Leur moyenne d'âge ne dépassant pas les seize printemps, ces garnements étaient tout de même à l'affût : il suffit qu'une patrouille des forces auxiliaires passe à proximité d'eux pour flairer l'irrespect des mesures de sécurité. À ce moment là, c'est la brimade assurée et cela dans le meilleur des cas. A Tanger, et par les temps qui court, il est donc risqué de s'aventurer en mer. Mais bien que les habitants de la ville soient priés de ne pas quitter le territoire et de s'assurer de respecter les consignes de sécurité, c'est dans la province de Fahs Anjra, et notamment dans la petite ville de Ksar Sghir qu'ils tentent le passage tous les jours. À cet effet, les autorités compétentes sont sur le qui-vive. Lors des barrages, les cartes d'identité sont minutieusement scrutées ainsi que les autorisations de quitter la province. Toutes les personnes habitant Tanger où les environs sont priées de rebrousser chemin sous peine de contraventions. Le mercredi 5 août, l'équipe d'Al Bayane s'est rendue sur la plage de Ksar Sghir. Noir de monde, les vacanciers pour l'immense majorité des marocains, parlaient divers accents. Nous nous sommes dirigés vers une famille originaire de la capitale ismaïlienne, Meknès. Le père de famille a assuré que « les autorités ne laissent passer que les individus en provenance de la zone 2, zone où le danger lié à la Covid-19 est moindre . Aussi, ajoute-il que «plus les individus viennent de loin, plus les autorités sont compréhensives et permettent aux visiteurs de passer leurs vacances». Un peu plus loin, nous avons reconnu l'accent tangérois, persona non grata par les temps qui courent. 4 jeunes installés à proximité du chiringuito (kiosque de plage) jouaient à ce jeu de dé très populaire au Nord du Royaume, le partchi. En réponse à une question d'Al Bayane, Lâarbi a déclaré je cite : «nous avons tenté de nous rendre à Ksar Sghir. Par chance, les autorités présentes au barrage nous ont laissé entrer en ville ». Et d'ajouter «c'est sans doute grâce au matricule de la ville de Marrakech que nous avons pu passer entre les mailles du filet». Quant au retour, son acolyte Karim souligne que «nous devons tout de même attendre que le soleil soit couché pour prendre la route. Une fois la nuit tombée, les contrôles deviennent moins stricts car il y a moins de passage au niveau des barrages». A la station de taxi de Ksar Sghir, nous avons demandé à Ahmed, un chauffeur des grands taxis en provenance de Tanger, pour en savoir davantage sur le déroulement du trajet au vu des nombreux barrages postés entre Tanger et Ksar Sghir. Il a affirmé ce qui suit : « il faut relever que nous transportons 4 personnes au lieu de 6, et cela depuis l'application des mesures de sécurité sanitaire. Ceci dit, nous n'avons pas de restrictions à prendre les passagers s'ils sont au nombre de 4. Cependant, une fois arrivée aux barrages, les passagers doivent être en mesure de présenter l'autorisation délivrée par les autorités permettant au détenteur de quitter sa province». Mais dans la province De Fahs-Anjra, il n'y a pas que la plage de Ksar Sghir que les voisins tangérois convoitent. Un agent des forces auxiliaires à Ksar Sghir a expliqué à l'équipe d'Al Bayane que «les éléments déployés dans la province et ayant pour mission de veiller au respect des règles de sécurité, sont actifs dans de nombreuses plages». Surveillant à tour de rôle le littoral de jour comme de nuit, notre source révèle que la fréquentation massive de Ksar Sghir n'a rien à envier aux autres plages voisines. «La plage est bondée, au maximum de sa capacité. Et bien, c'est malheureusement aussi le cas dans la plage de Sidi Kankouch, Oued Aliane, Dalia, Belyounech et beaucoup d'autres», signale-t-il, l'air soucieux. Quant aux nombres de tangérois présents sur les plages, la même source a assuré qu'ils étaient très nombreux tous les jours, et sur toutes les plages à proximité de Ksar Sghir. Face à la recrudescence de nouveaux cas, les autorités ont décidé de serrer la vis. D'ailleurs, depuis le mercredi 5 août à 20H, Tanger au même titre que Fès, est soumise à des mesures strictes de circulation, seul moyen connu pour endiguer la contamination et la recrudescence des cas positifs, qui battent de tristes records depuis quelques semaines déjà. Dès le début de l'état d'urgence sanitaire, le Maroc attend de ses citoyens un strict respect des règles d'or. Alors que la plupart des grandes villes du royaume reprennent petit à petit leurs habitudes, une infime poche résiste encore et toujours aux mesures misent en place pour juguler cette pandémie. A ce rythme-là et avec l'augmentation des dépistés positifs, si «les irréductibles inconscient du danger» ne se plient aux exigences civiques, l'été prochain, le spectre du danger de contamination guettera encore!