Notre pays se déconfine, à petits trots. Le week-end dernier, la grande foule se rue en trombe vers les plages et les bosquets pour respirer l'air énergisant. La liesse dessinée sur les visages semble tellement tonifiante qu'on se préoccupe à peine de nombre de mesures sanitaires. Faudrait-il s'inquiéter de la levée du confinement, après plus de trois mois d'étouffement entre quatre murs ? L'Autorité de la santé rassure puisque, dit-elle, la situation virale est stabilisante et que la montée des cas est due au dépistage de plus en plus, intensifié. Il convient alors de faire confiance aux pouvoirs publics tel qu'on a l'habitude de le faire, sans se passer, pour autant, des gestes barrières, devenus désormais, une conduite usuelle. La vague humaine qui prend d'assaut les multiples espaces du royaume, suffoque dignement, en espérant enfin, étrenner une nouvelle cadre de vie, après tant de sacrifices. En fait, pendant que le peuple concédait le coût de la privation forcée, des membres de l'exécutif se paient le luxe de s'adonner à des pratiques pour le moins qu'on puisse dire, ignobles sur toute la ligne. D'abord, le fameux projet de loi 22/20 liberticide osant violer le droit d'expression et d'opinion des citoyens. Ensuite, la conduite indigne des deux ministres relative à la non déclaration de leur personnel de profession à la CNSS. Ce comportement odieux, attentatoire aux fondements constitutionnels de la nation met l'institution du gouvernement dans de beaux draps, au moment où on s'ingénie à démocratiser la vie politique nationale et la hisser dans la cour des grands. Si on revient aujourd'hui à la normale, après avoir vécu des moments atroces et passé aussi des périodes fastueuses de solidarité, ce sera, sans aucun doute, pour tourner à jamais la page de naguère, maculée de déficits et de déficiences. Le Maroc est déconfiné pour mieux vivre ! Son peuple uni et communiant, mérite un meilleur traitement des décideurs. Il a hâte à profiter des richesses dans l'équité et la justice, sous un exécutif fort et homogène. Plus que jamais, dans une nation précaire, comme la nôtre, l'élément humain devrait être pour de bon, au centre des politiques publiques à adopter, avec une éducation à caractère primordial et une santé au sens nodal. De même, il est cardinal de faire face à la hausse du chômage et à l'effritement du pouvoir d'achat pour les démunis, mais également les classes moyennes. Il va sans dire que la sécurité alimentaire dont l'eau est le nerf de guette, constitue le cheval de bataille pour des populations des milieux en pénurie constante. Enfin, on ne peut se fier à une nouvelle page tournée sans se doter d'un champ politique solide comme le roc, libre tel le vent, autonome pareil au rebelle. Un Maroc où il n'y aurait de place pour les monopolistes, les obscurantistes, les oligarchiques, les rentiers, les impunis... Ce Maroc-là est possible, après tant de ratages auxquels il va falloir mettre un terme du non-retour.