Depuis quelques jours, une seule question réapparaît à tout moment: quand serait-on déconfiné? Plus on approche du fameux 10 juin, plus on s'égare dans l'expectative. Les pronostics vont bon train: certains parlent de prolongation, d'autres avancent la fin de confinement. Mais, personne ne détient la certitude. Pas même l'exécutif qui ne pipe mot à ce propos, avant l'annonce officielle. Et pourtant, on a bien l'impression qu'on se déconfine, en «catimini», sans nul tapage. Comme à l'accoutumée, on communique peu et parfois mal, tellement qu'on laisse planer la confusion dans l'esprit des gens. Il va sans dire également qu'on coordonne si peu et souvent mal, que l'on sème l'émoi, à plus d'un titre. Après le canular de «la loi-bavette», l'exécutif a l'air d'être désavoué par l'opinion publique. De plus, les sorties en disharmonie que déballent en solitaire, certaines composantes de l'équipe, censés être cohérentes, ne font que confirmer cet état de fait. D'autant plus que le ministère de la santé, pivot nodal de l'affront contre la pandémie, serait, croit-on bien savoir, en posture conflictuelle entre ses membres de l'avant-scène. On ne comprendra jamais ce que l'exécutif médite en ce temps crucial, alors que la nation est au bord de la dérive. Il fait appel aux formations politiques pour solliciter leur avis relatif au jour d'après, sur insistance de certains partis, quoiqu'il ait pris la précaution de les ignorer de toutes les concertations au préalable. Le comble c'est qu'il entame des mesures de relance, à travers certains ministres, avant même d'attendre leur mémorandum respectif ! En tous cas, les faits sont là. La machine se devra de tourner, car on ne peut rester en deçà des exigences du redressement. Il est bien évident que la reprise serait tributaire des mesures sanitaires, de moins en moins, drastiques. Surtout qu'on débouche sur un ramollissement de la virulence virale, au fil du temps. A ce prix, l'entreprise marocaine dépoussière ses appareils pour se remettre à l'ouvrage. Les chutes du volume de la production sont éléphantesques, depuis la recrudescence de l'épidémie qui a enjoint l'inertie dans le foisonnement économique dans l'ensemble du royaume. Les pertes en devises se chiffrent à des pics faramineux, mettant en crise tout un tissu en éclosion. Sans aucun atermoiement, on regagne les entrepôts pour faire gronder, de nouveau les machines en hibernation. Il convient de reconnaître que la détermination de moult entreprises se fut déchaînée, au sein des fédérations de filières industrielles, grâce à l'impulsion engagée de la CGEM dont le plan de relance consciencieusement étayé a cet effet, balisait les chemins à parcourir, dans la concorde et la synergie. Il importe de rappeler vivement au passage l'attitude fringante des unités de l'industrie textile qui se sont mises à pied d'œuvre pour «enfanter», en un temps record, des dizaines de millions de masques. Aujourd'hui, notre pays se donne bien la capacité de se focaliser sur l'industrie, en tant que secteur névralgique de l'économie nationale. Après ses prouesses «pondues» dans la contrainte endémique, il s'apprête à y mettre le paquet, conforté dans par une plateforme prometteuse. Les branches des manufactures, l'aéronautique, de l'énergie renouvelable et bien d'autres, sont autant d'atouts qui permettent l'entrée dans la cour des grands en la matière. On s'accorde à dire que le déclic d'ordre psychologique fut déclenché, lors de la sujétion au Covit 19, pour se rendre compte qu'on pouvait aller encore plus loin dans cette aventure. Il y a donc du grain à moudre dans cet axe vital du développement, longtemps laissé pour compte ou encore limité dans un rôle de transformation et de montage de pièce. L'heure est à l'industrie lourde à laquelle le combat est à tenter, avec la même audace de l'avant-Corona, du moment qu'on est dorénavant, confiant du potentiel dont on dispose, en termes de compétence et de volontarisme. «C'est une aubaine que la pandémie a offert au Maroc !», disait Tarik Aitri, président de la fédération nationale des industries métallurgiques, mécaniques et électro-mécaniques, lors d'une récente déclaration. C'est dire combien le moment est opportun en vue de s'évertuer dans une conquête dont le pays a tout à gagner. Le premier pas est déjà franchi, en attendant que d'autres s'en inspirent, par la suite, au grand bonheur de «la nation d'exception» comme on aimerait toujours appeler!