Les cris étouffés qui, le 25 mai dernier, avaient précédé l'odieux assassinat de l'afro-américain George Floyd dans une rue de Minneapolis aux Etats-Unis ne se sont pas tus avec la mort de l'intéressé puisque, plus de trois semaines après les faits, ils continuent encore à résonner dans les oreilles de tous les défenseurs des droits de l'homme et dans l'enceinte de plusieurs organismes et ONG de défense des droits humains. Entre-temps, le 12 juin, c'est Rayshard Brooks, un autre afro-américain de 27 ans, qui s'est fait abattre par la police d'Atlanta dans l'Etat de Georgie alors même qu'il avait le dos tourné. Le policier qui a tiré le coup de feu a été reconnu coupable d'homicide volontaire le 17 juin, son coéquipier a été renvoyé et la patronne de la police d'Atlanta contrainte à la démission après plus de vingt années de «bons et loyaux services». Le bruit de ces deux assassinats est encore tellement assourdissant, ce vendredi, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a adopté, à l'unanimité, une résolution «condamnant le racisme systémique et les violences policières» et que 22 dignitaires onusiens condamnant le racisme systémique qui existe au sein des forces de police des Etats-Unis contre les afro-américains demandent la création d'une commission d'enquête internationale pour traduire les auteurs de violences racistes. De l'autre côté de la planète, dans le vieux continent, le Parlement européen reprenant, à son compte, le mot d'ordre «Black lives matter» (les vies noires comptent) du mouvement mondial parti des Etats-Unis contre le racisme et les violences policières a adopté par 493 voix pour, 104 contre et 67 abstentions une résolution assimilant la traite des esclaves à «un crime contre l'humanité», condamnant «vivement la mort effroyable de George Floyd aux Etats-Unis ainsi que les meurtres similaires ailleurs dans le monde (...) et le suprémacisme blanc sous toutes ses formes» et apportant son soutien aux récentes manifestations contre le racisme et la discrimination. Soulignant, d'une part, que les discours racistes et xénophobes sont contraires à la liberté d'expression et condamnant, d'autre part, les interventions de la police contre «des manifestants et des journalistes américains pacifiques», la «rhétorique incendiaire» du président Trump ainsi que «le recours excessif à la force contre la foule (car) contraire au principe de proportionnalité», cette résolution se veut être une réponse directe aux multiples manifestations qui se déroulent partout dans le monde depuis la mort par asphyxie du citoyen afro-américain lors de son interpellation par la police de Minneapolis. Enfin, malgré le bruit assourdissant qui leur a fait suite ces dernières semaines, les violences policières racistes ne sont pas une exclusivité de la police des Etats-Unis. C'est ce qui ressort des propos tenus lors de la plénière de ce mercredi par Pierrette Herzberger-Fofana, une eurodéputée écologiste allemande d'origine africaine ayant affirmé en avoir été victime, la veille, dans les rues de Bruxelles, au moment où elle avait voulu photographier une intervention policière particulièrement musclée. La dénonciation de ces interpellations à caractère raciste et l'adoption, par différentes instances internationales, de résolutions condamnant l'exclusion et la xénophobie vont-t-elle mettre fin à ces diverses formes d'ostracisme, de discrimination et de ségrégation? Attendons pour voir…