Saoudi El Amalki Depuis déjà plus de deux mois, alors que les pays concurrents, en particulier l'Espagne et l'Italie comptaient les morts par dizaines de milliers, suite à la pandémie virale, on s'était écrié à qui voulait entendre, qu'on ne devra pas laisser filer cette opportunité. Il est bien vrai que, ce temps-là, notre pays s'inquiétait, à juste titre d'ailleurs, pour la santé des citoyens. Mais, tout en se pliant aux mesures préventives exigées par l'Etat, les décideurs du tourisme pouvaient, pour leur part, entamer de larges réflexions sur l'avenir du secteur, en concertation avec les professionnels et les divers partenaires en vue d'anticiper sur les pistes à adopter, bien plus tôt. Mais, il semble encore que les « bureaucrates » des centres de décision ont raté le coche, en ces moments du post-Corona. Notre pays n'est pas dans le circuit du trafic aérien dont les compagnies low-cost dépoussièrent les appareils cloués au sol, depuis l'abattement féroce du virus. «Les absents ont toujours tort !», dit-on, en pareilles circonstances. Le rebond que tentent aujourd'hui, les voisins émules de la Méditerranée dont la conjoncture était plus sombre que la nôtre, il y a quelques mois, mettaient des ailes sur leurs plans de relance du tourisme. En pleine épidémie, les négociations ont déjà placé des agendas pour la saison estivale (juillet et août), quoique les fréquences de vol ainsi que les volumes de remplissage eurent été baissés, pour des exigences sanitaires. En fait, les offres sur le produit et la tarification furent motivantes, à un moment où la reprise de l'activité touristique comptait beaucoup plus que les calculs de profit. Et pourtant, des voix chevronnées du tourisme national se sont époumonées, bien au début de la crise endémique, pour appeler vivement au lancement, en avance, à la conquête de marchés, alors que le Maroc présentait des atouts de la transition post-virale, bien meilleurs que ses compétiteurs de la région. Ces experts avérés de l'industrie du tourisme, qui ont roulé leur bosse dans le domaine, sont pour la plupart, snobés et ignorés au profit de la «médiocrité» qui infeste les rouages du secteur aussi bien au centre qu'aux régions. Au lieu de s'en tenir à l'entêtement vaseux, il fallait sortir des tavernes comme des «marmottes» et s'en aller prendre part au combat des tarifs afin de drainer la clientèle et relever les parts de marché des transporteurs aériens. Trop tard pour les nonchalants ! Les dés sont jetés dans l'aire des dessertes, à un moment où les Rayanair et EasyJet, les deux ténors du coût-bas respectivement, irlandais et britanniques, à titre d'exemple, se positionnent déjà sur les starting-blocks pour entamer leur premier baptême de sursaut. Pour tenter le scoop des liaisons, il fallait d'abord commencer, même si les rentes pourraient paraître en deçà des voeux, en attendant que l'aérien reprenne, un peu partout dans le monde. «Qui n'ose rien, n'a rien!», a-t-on l'habitude de dire aux «poltrons» qui accusent le coup de l'échec. On ne pourrait jamais vendre des destinations de rêve et tout le potentiel naturel et sécuritaire afférent, en ayant des attitudes d'appréhension et des limites de compétence. La compagnie nationale dont le penchant n'a jamais fait preuve de faiblesse envers le tourisme, battra de l'aile pour un redémarrage du secteur. La flotte clouée au sol, elle toussote en gérémiades pour son sort critique avec son personnel et ses logistiques. Il va falloir alors chercher son salut bien ailleurs, là où les marchés sont encore vierges. Les TO traditionnels ne sont plus fonctionnels ni solvables, compte tenu des mutations profondes qui s'opèrent sur l'univers des voyages. Leurs substituants, encore en gestation, cherchent preneurs pour dénicher de nouveaux marchés en pleine éclosion. Notre pays a, sans doute, tous les moyens de le faire, à condition que l'Etat s'y mette pour de bon en considérant une fois pour toutes, la prééminence du secteur et qu'il mette, à cet effet, à la tête des différents segments du secteur, les vraies compétences de la profession pour valoriser le potentiel touristique national.