Les informations qui parviennent de l'Europe, en ce début de l'année 2012, qui confirment par ailleurs celles de la fin de l'année 2011 (dernier trimestre notamment) concernant le tourisme ne sont guère réjouissantes. Le secteur à Agadir est pratiquement au bord du gouffre, dans une crise fortement ressentie. Rien ne bouge chez les hôteliers comme chez les voyagistes. Les clients arrivent au compte goutte. On croyait que les difficultés du tourisme en Egypte et en Tunisie allaient servir la cause marocaine. Pas du tout. Avec la crise économique mondiale, nous sommes dans la même situation. Malheureusement, il ne s'agit pas de la baisse sur un marché ou deux, mais sur tous les marchés européens émetteurs de touristes. Bref, c'est la chute libre et personne ne sait quand la situation se redressera et comment. C'est ce comment qu'il faut voir de près car il n'est pas question de laisser la situation s'aggraver à l'infini. D'autant plus que jusqu'à présent, du côté de la profession comme du côté du ministère de tutelle, rien en vue. A défaut de voir la réalité en face, on a assisté le mois dernier à une guéguerre de chiffres entre professionnels et département étatique compétent. Ce qui est absurde en ce temps de crise qui touche toutes les villes touristiques. Dans des hôtels à Agadir et Ouarzazate, il n'y a plus aucun client depuis des mois. C'est le moment de réagir et d'agir énergiquement, d'une manière efficace et surtout dans une synergie commune qui implique professionnels, opérateurs touristiques, département de tutelle, ONDA et ONMT Pour faire face à la crise, il faut aller chercher le client là où il se trouve et engager une bonne dynamique concernant l'aérien. Sans aérien, pas de touristes. Sans subventions de l'aérien pas de clients et pas de partenariats avec les TO et les compagnies aériennes. La politique touristique doit changer de stratégie, de méthodes, de vison et d'hommes. La promotion touristique ne sert plus à rien quand le client n'a pas à sa disposition l'aérien de point à point pour le faire venir dans les destinations touristiques marocaines. La clé est là et gaspiller des millions de dirhams en promotion et co marketing n'apporte rien. En ce moment de crise en Europe, il faut jouer sur de bons tarifs aériens, de bons tarifs dans les hôtels et de bonnes prestations, pour ne pas décevoir le client et l'amener à parler du produit autour de lui. Il faut agir par rapport à l'annulation des vols et à la réduction des lignes. Se demander d'abord pourquoi les charters, les compagnies low cost ne viennent plus chez nous comme avant. 90 % des touristes qui viennent au Maroc, utilisent l'aérien. La solution est donc toute indiquée sauf pour ceux qui se détournent les yeux et cherchent ailleurs. La régression lamentable, durant des années, du marché scandinave illustre bien cette situation. Ce marché fut durant de nombreuses années, le marché par excellence d'hiver pour Agadir. La destination est arrivée à recevoir plus de 60 000 clients scandinaves et nordiques, par saison. Actuellement les arrivées touristiques enregistrées sont de loin faibles, avec des baisses qui donnent le vertige par rapport aux années fastes. Un marché qui faisait vivre la destination durant six mois et qui génère à lui seul 8 millions de golfeurs. Sa perte frôle l'injure économique contre toute une destination touristique, en l'occurrence Agadir, premier produit balnéaire du tourisme national. Déjà des vols étaient annulés par Appolo en provenance d'Oslo durant la saison 2009 / 2010 ; le vol Helsinki-Agadir ; Copenhague également. C'est déroutant pour la destination lorsqu'on sait que la destination recevait, il y a à peine 9 ans, 10 vols par jours (le fameux jeudi arrivée des Scandinaves). La Norwegian Air Shuttle, compagnie low cost scandinave, qui avait lancé des vols sur Marrakech et Agadir, a décidé de tout arrêter, en mars 2012. Et dire que la compagnie norvégienne opérait avec 9 vols semaine sur Agadir et 11 sur Marrakech. Le mal est là, il faut en chercher les causes et y trouver les solutions adéquates. La faute incombe à nos responsables touristiques et à nos professionnels. Les premiers n'ont jamais voulu développer une bonne stratégie promotionnelle envers ce marché, ils étaient tous aveuglés par la priorité des marchés européens limitrophes. Les professionnels d'Agadir n'ont jamais pu engager, dans une dynamique de coordination locale effective, les actions de promotion qu'il fallait. La destination Agadir et par là la destination Maroc doivent se ressaisir sérieusement pour la relance et la reconquête du marché scandinave et nordique avec une synergie opérationnelle entre le ministère du tourisme, l'ONMT, l'ONDA, les institutions élues. C'est obligatoire et vital sinon on perdra pour longtemps encore ce grand marché. La synergie de travail doit être le cas aussi pour les autres marchés dont ceux britannique et allemand, les deux plus grands marchés européens, marchés piliers pour le développement du tourisme au Maroc, avec le marché français. L'annulation est une décision facile à prendre pour un TO et pour une compagnie aérienne. C'est la reprogrammation qui est lente à venir et qui demande, au minimum, un processus de deux ans, si toutes les conditions de coordination et de partenariat sont réunies. Les TO scandinaves, raisonnables et pragmatiques ne demandent nullement l'impossible pour la reprogrammation de la destination pour les années à venir. Les autres TO européens aussi, les compagnies aériennes également. La solution résiderait dans le partage de risque siège à hauteur de 30% des vols programmés. Cela veut dire que les TO prendront en charge le remplissage siège à 70%, le reste doit être pris par la destination, dans le cadre des sièges vides, avec le risque partagé. Ce n'est ni nouveau, ni magique. C'est la stratégie adoptée depuis des années par nos concurrents égyptiens, tunisiens et canariens. En accompagnement de cette solution pratique, les TO veulent appuyer leurs actions conjointes marketing avec des voyages de presse, ce qui est la règle. Ils ne réclament ni éductours et encore mois l'organisation d'actions festives. Ils sont pragmatiques et professionnels et vont à l'essentiel. L'essentiel de la solution, pour eux, c'est le risque partagé avec la destination Agadir et Marrakech (les deux destinations touristiques phares du tourisme national). C'est dans le cadre de cette solution que la synergie entre Ministère du tourisme, ministère des finances, les CRT, l'ONMT, l'ONDA et les institutions élues doit s'engager dans les plus brefs délais. A grand mal, les grands moyens. Le nouveau ministre assume la responsabilité désormais du secteur. C'est à lui d'entreprendre les démarches nécessaires et de prendre les décisions politiques et professionnelles efficaces qu'il faut. Arrêter l'hémorragie maintenant, c'est cela dont il s'agit. Tout le monde est conscient de l'enjeu et de l'importance des marchés européens, notre principal vivier touristique. Que l'on se mette alors au travail, tout de suite, sans tarder. On a encore une chance de sauver la mise, pour que notre tourisme sorte de cette crise très inquiétante qui pourra se transformer en vraie catastrophe si on n'agit pas comme il le faut pour relancer les marchés émetteurs, importants et nécessaires pour les destinations Agadir, Marrakech, Ouarzazate et Fès, et pour le produit touristique Maroc, en général.