Le Haut représentant de l'Alliance des civilisations des Nations-Unies, Miguel Angel Moratinos, répond aux questions de la MAP sur le rôle des leaders religieux pour contrer les conséquences de la pandémie de COVID-19. Vous avez pris part à la conférence virtuelle organisée par le Maroc à l'ONU sur « Le rôle des leaders religieux pour relever les défis de la pandémie de COVID-19 ». Comment évaluez-vous l'importance de cette thématique en cette période de crise mondiale? Le Royaume du Maroc et son ambassadeur aux Nations-Unies, Omar Hilale, ont pris une initiative extrêmement urgente et nécessaire pour convier le Secrétaire général de l'ONU et les deux institutions principales des Nations-Unies qui s'occupent des questions du dialogue interculturel et interreligieux pour faire le point sur le rôle nécessaire et fondamental des leaders religieux. Je crois que cela s'inscrit dans la tradition et le legs du Royaume du Maroc sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI de mettre l'accent sur l'importance du respect mutuel et de pouvoir établir les conditions pour une meilleure entente entre les différentes cultures et religions. Et à un moment clé de cette crise générale qui affecte toute l'humanité, le Royaume du Maroc a su aussi mettre l'accent sur une dimension qui n'était abordée jusqu'à très récemment que par quelques entités, et la participation aujourd'hui de la majorité des Etats membres des Nations-Unies à cette conférence a pu démontrer l'importance du religieux pour une sortie de crise. Justement, cette conférence a-t-elle pu mettre la lumière sur l'importance du religieux pour aider à une sortie de crise ? Absolument. En tant que Haut représentant de l'Alliance des civilisations des Nations-Unies, nous étions en train de travailler main dans la main avec le Royaume du Maroc pour lancer cette initiative et mettre en contact les différents responsables religieux. Et l'initiative de l'ambassadeur Omar Hilale intervient à un moment clé qui va nous permettre de faire le suivi, de continuer à œuvrer avec d'autres leaders religieux afin de pouvoir se retrouver tous à Fès à la fin de l'année pour le Sommet Mondial de l'Alliance des civilisations où l'on pourra évaluer les résultats concrets de cette initiative lancée et proposée par le Royaume du Maroc aux Nations-Unies. A votre avis, comment la communauté internationale peut venir à bout de cette pandémie mondiale? Alors la première chose sur laquelle j'insiste et je fais appel est la solidarité. Car c'est la première fois qu'il s'agit d'une crise qui remet en question toute l'humanité et toutes les questions qui affectent l'humanité. Ce n'est pas seulement une crise sanitaire, mais comme on le voit bien il s'agit d'une crise économique, sociale, culturelle et religieuse aussi, dans le sens que l'on doit aborder la complexité de la réalité pour pouvoir sortir avec un monde meilleur. Et à mon avis, c'est ça le plus important. L'épicentre de la crise est le citoyen, l'être humain. Et je crois que si on ne reconnait pas la centralité de l'être humain dans cette crise, on ne pourra pas aboutir à des réponses aux différents défis auxquels nous sommes confrontés.