Botola et Corona: baisse des salaires des joueurs Rachid Lebchir Les souffrances des clubs de la Botola et de leurs joueurs continuent en dépit des mesures prises par la Fédération d'examiner la situation générale du football national en vue d'une reprise du championnat prochainement après la suspension des compétitions d'une durée de 2 mois environ pour cause de Coronavirus. Lors d'une réunion de son Comité directeur tenue jeudi dernier à distance, la Fédération royale marocaine de football a pris une série de décisions importantes dont la constitution d'une commission fédérale chargée d'étudier les solutions réalistes de la reprise ou non du championnat national ainsi que la question de la baisse des salaires et des primes, aussi bien des joueurs des clubs que des entraineurs notamment ceux des staffs des sélections nationales. Après plusieurs tergiversations, la FRMF et sa commission des statuts et règlements, ont donné le feu vert de lancer les négociations entre les clubs, les joueurs et les staffs techniques pour une éventuelle baisse de leurs émoluments. En attendant, ce dossier qui sera suivi par la Ligue nationale de football professionnel, l'opération ne semble pas facile à négocier ni à être acceptée par les joueurs d'une part et leurs clubs respectifs de l'autre part. Et si la FRMF s'est finalement convaincue pour autoriser les clubs à entamer cette opération, la FIFA n'a pas tardé à entrer en ligne pour y émettre ses réserves. Ce qui va chambouler les cartes de nos clubs qui ont formulé de grands espoirs sur cette issue afin d'anéantir leurs difficultés financières en ces moments pénibles de chômage et d'absence de matches ainsi que des sponsors qui passent pour leurs principales sources capitalistes. En effet, et en l'absence de décisions homogènes sur la question de la baisse des salaires des joueurs professionnels, l'instance suprême du football mondial a toujours été vigilante sur les disparités entre les différents championnats et leurs clubs. Et pour éviter des litiges opposant les joueurs à leurs clubs, la FIFA a demandé à ces derniers ainsi qu'à leurs fédérations de veiller au respect des conditions fixées qui sont au nombre de 5 pour procéder à de telles réductions de salaires. La FIFA a ainsi décidé que la baisse des salaires soit entre 20 à 70% suite à un accord entre les deux parties, clubs et joueurs. Cet accord doit figurer sur un document officiel fixant les détails de cette baisse de salaire négociée. Le club qui procède à cette baisse des émoluments doit rédiger un document officiel pour préciser les causes l'ayant poussé à cette opération tout en faisant de même pour justifier son incapacité d'assumer la masse salariale en raison des conséquences de l'actuelle crise de Corona. Le nouveau salaire revu à la baisse ne doit pas avoir des conséquences négatives sur le joueur concerné qui devra continuer à vivre dignement. Aussi, la FIFA a exigé que la cinquième et dernière condition consiste à traiter tous les joueurs sur le même pied d'égalité. C'est-à-dire, la baisse des salaires doit toucher tous les joueurs et sans distinction aucune. Cela tout en ne négligeant pas les possibilités de prendre en considération la valeur du salaire de chaque joueur en question. Et si jamais au moins une de ces conditions n'est pas respectée par le club, le joueur conserve le droit de saisir la commission des litiges de la fédération internationale pour contester le bien-fondé de ladite réduction du salaire. Voilà dans l'ensemble les conditions exigées par la FIFA qui viennent ainsi de freiner les mesures de la FRMF et sa ligue nationale qui ont, d'un seul mot, autorisé les clubs à entamer de telles opérations en concertation avec le syndicat des joueurs. Ces nouvelles exigences de la FIFA sont de nature à compliquer davantage la situation de nos clubs qui se trouvent, dans leur grande majorité, face à une opposition de leurs joueurs refusant tout genre de baisse, notamment ceux dont le salaire mensuel ne dépasse pas 10.000 Dh. Ce qui va certainement déboucher sur une vague de litiges par les joueurs lésés et qui pourraient saisir la commission des rivalités au sein de la FIFA dont on a connaissance des verdicts au préalable… Alors qu'en pense notre fédé qui a lancé de telles mesures sans prendre en considération ni les difficultés financières de ses clubs et leurs joueurs ni les sentences de la FIFA qui peuvent être lourdes de conséquences…? L'affaire de la baisse des salaires des joueurs reste ainsi à suivre dans ces moments de confinement tout comme d'ailleurs le sort de notre Botola qui n'est pas encore scellé après que la FRMF ait mis la balle dans le camp d'une commission fédérale chargée d'étudier les solutions réalistes de la reprise ou non du championnat national tout en attendant le feu vert des autorités du pays concernant la levée ou non de l'état d'urgence sanitaire, le 20 mai courant…